Modifier le rayonnement solaire pour réduire le réchauffement climatique : une bonne idée ?

De nombreuses solutions sont aujourd'hui étudiées pour limiter le réchauffement climatique, certaines plus farfelues que d'autres. Parmi toutes les idées régulièrement proposées, certaines techniques de géo-ingénierie se veulent prometteuses comme le SRM pour Solar Radiation Modification. Mais est-ce vraiment le cas ?
Une technique de géo-ingénierie solaire
L'idée à l'origine du SRM part du constat suivant : lorsque que le rayonnement solaire arrive jusqu'à notre planète, il est en partie réfléchi. Cette réflexion, qui dépend de la couleur et de la matière de la surface concernée, est nommée « albédo ». À l'échelle de la Terre, cet albédo atteint 0,3, ce qui veut dire que la Terre réfléchi environ 30% de l'énergie solaire qu'elle reçoit.
Pour ce faire, les scientifiques ont imaginé plusieurs méthodes pour rendre le Solar Radiation Modification efficace, du moins sur le papier. L'une d'entre elles consiste par exemple à éclaircir les nuages marins en pulvérisant de l'eau de mer à l'intérieur, ce qui les rendrait plus clairs et ce qui leur ferait donc réfléchir plus de lumière du soleil.

Une autre technique consiste à injecter des aérosols stratosphériques afin de créer une couche réfléchissante dans notre atmosphère et ainsi augmenter l'albédo moyen de la Terre. D'autres chercheurs ont également imaginé des panneaux réfléchissants placés entre la Terre et le Soleil, permettant de réfléchir une partie de ses rayons directement depuis l'espace.
Est-ce vraiment une bonne idée ?
Ces méthodes de réflexion des rayonnements solaires paraissent ainsi prometteuses et relativement simples à mettre en place, du moins sur le papier. En effet, comme l'avance un récent rapport de la Royal Society de Londres, la réalité est tout autre et les espoirs reposant sur ces différentes techniques pourraient bien rester illusoires.
Selon le rapport en question, le SRM serait en effet à proscrire car cette technique de géo-ingénierie pourrait avoir des conséquences encore plus néfastes que les quelques effets positifs escomptés. Par exemple, la courte durée de vie atmosphérique des aérosols réfléchissants nécessiterait un réapprovisionnement régulier, ce qui pourrait s'avérer coûteux mais également énergivore et polluant.
D'une manière plus générale, de nombreuses incertitudes persistent quant à l'ampleur du refroidissement qui serait obtenu pour un déploiement global, certains scientifiques redoutant que celui-ci soit trop important en fonction de la méthode utilisée, ce qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques.
Enfin, même si le SRM se montrait efficace, le climat reviendrait rapidement à un état proche de la normale si celui-ci venait à être interrompu ou fortement réduit et le problème d'acidification des océans causée par l'augmentation des niveaux de CO2 ne serait même pas traité. En d'autres termes nous ne réglerions par le problème du réchauffement climatique, nous masquerions simplement ses effets durant un laps de temps plus ou moins important.
Même si le rapport de la Royal Society de Londres avance quelques effets bénéfiques, comme la limitation des vagues de chaleur, des risques de feux de forêt ou encore des épisodes de pluies extrêmes, il semble donc clair que modifier le taux d'absorption du rayonnement solaire par la Terre soit loin d'être bénéfique pour notre climat. Mieux vaut donc se concentrer sur le véritable fond du problème.
Référence de l'article :
Modifier la lumière du Soleil : une idée audacieuse… mais les scientifiques préviennent qu’un risque majeur se cache derrière, Futura-Sciences (16/11/2025), Karine Durand