Les émissions de CO2 ont baissé en France en 2024, mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ?

La baisse des émissions de CO2 est restée trop peu importante en France en 2024 avec en plus des inégalités notables selon les secteurs. Dans cette dynamique, les objectifs fixés par la France et l'UE pour 2030 pourraient ne pas être remplis.

Industrie
Selon l'organisme Citepa, les émissions de gaz à effet de serre de l'industrie française ont baissé de 1.8% en 2024, contre 5.8% l'année précédente.

Les émissions de CO2 ont baissé en France l'année dernière, ce qui s'inscrit dans la logique de la dynamique décarbonisation de l'économie française. Néanmoins, cette baisse reste relative et les objectifs envisagés pour 2030 sont encore loin d'être atteints.

Une baisse trop limitée

Selon l'organisme Citepa, mandaté pour dresser le bilan carbone national français, l'économie française a bien enregistré une baisse de ses émissions de gaz à effet de serre durant l'année 2024, ce qui semble être une bonne nouvelle dans la lutte contre le réchauffement climatique globale.

Toutefois, si les chiffres ont évolué depuis une première estimation publiée à la fin du mois de mars dernier, le rythme de baisse durant l'année 2024 est resté le même et a atteint 1,8% selon Citepa. En effet, les émissions sont passées de 376 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2e) en 2023 à 369 en 2024.

Ainsi, la baisse des émissions de gaz à effet serre a observé un fort ralentissement par rapport à l'année précédente. En 2023, celle-ci atteignait -5,8% par rapport à l'année précédente contre 1,8% en 2024, tandis qu'elles avaient diminué de 3,8% en 2022. Avant les années de pandémie et de crise énergétique, le rythme de réduction des émissions était également plus important que l'année précédente avec -2,3% en 2019 et -4,1% en 2018.

En d'autres termes, la baisse des émissions semble s'essouffler ces derniers mois, ce qui ne rentre pas dans les objectifs fixés par l'Union européenne, qui a en effet demandé à ses membres que leurs émissions de gaz à effet de serre de 2030 soient inférieures de 55% à celles de 1990, ce qui implique une baisse des émissions de l'ordre d'environ 4% par an.

Des inégalités selon les secteurs

Le secteur de l'industrie de l'énergie fait toutefois office de bon élève dans ce bilan carbone en demi teinte. C'est effectivement celui qui affiche la plus forte baisse avec une réduction de 10,2% des émissions de gaz à effet de serre entre 2023 et 2024, soit -3,8 millions de tonnes équivalent CO2.

Néanmoins, des inégalités sont présentes en fonction des secteurs. Par exemple, si les émissions liées à l'usage des bâtiments avaient fortement chuté entre 2022 et 2023 (-10,7%), la baisse est restée toute relative entre 2023 et 2024, atteignant seulement –0,7%, soit -0,4 MT CO2e. D'autres secteurs ont également enregistré une baisse trop faible ces derniers mois avec par exemple -0,9Mt pour l'industrie manufacturière ou -0,4Mt pour l'agriculture.

Le transport routier reste le premier émetteur de GES en France, représentant près d'un tiers des émissions totales. Néanmoins, les derniers chiffres sont relativement encourageants puisque la baisse des émissions s'est sensiblement accélérée l'année dernière, atteignant 1,2% entre 2023 et 2024, ce qui est plus que la baisse moyenne de -0,5% entre 2015 et 2019. En 2020, la pandémie de Covid-19 avait fait chuter les émissions du secteur de 15% avant un nouveau rebond en 2021 et 2022.

Même si certains chiffres sont encourageants, la baisse des émissions observée en 2024 reste de toute façon trop limitée pour que les objectifs soient atteints d'ici 2030. De plus, la troisième Stratégie nationale bas-carbone (SNBC-3) mis en consultation en novembre dernier a pour cible provisoire d'atteindre 270 Mt CO2e d'émissions brutes sur sol d'ici 2030, ce qui signifierait une accélération de la dynamique avec une réduction des émissions d'environ 5% par an, ce qui ne semble donc pas en très bonne voie selon les derniers chiffres communiqués par le Citepa.

Référence de l'article :

Climat : Les émissions de CO2 ont certes baissé l’an passé, mais bien moins qu’espéré, 20minutes et AFP, 16/06/2025