Les châteaux de la Loire impactés par le réchauffement climatique : comment préserver ce patrimoine unique ?

Les conséquences du réchauffement climatique impactent aussi le patrimoine français, comme les châteaux de la Loire, entre crues exceptionnelles et sécheresses à répétition. Comment préserver cette richesse unique ?

Château de Sully-sur-Loire
Entre baisse du débit des cours d'eau et risque d'inondations, les impacts du changement climatique sont nombreux sur les châteaux de la Loire, comme ici à Sully-sur-Loire.

Entre crues exceptionnelles et sécheresses de plus en plus fréquentes, les châteaux de la Loire ne sont pas épargnés par les conséquences du changement climatique. Certains sont même menacés de coûteuses dégradations, notamment pour leurs jardins, grande richesse du patrimoine français. Quelles solutions pour préserver ces joyaux ?

L'enjeu du débit hydrique

C'est le Réseau Action Climat qui lance l'alerte : ces dernières années, "la forte baisse qui concerne le débit de la Loire n'est pas sans conséquence sur les emblématiques châteaux bordant le fleuve". Ainsi, le château de Chenonceau, dont les fondations baignent dans le Cher, affluent de la Loire, est très exposé à ses variations de régime hydrique.

Les pieux en bois utilisés pour les fondations se retrouvent parfois à l'air libre, ce qui forme une pourriture naturelle de plus en plus importante et fragilise l'édifice, comme après la sécheresse de 2022. À l'inverse, lors de pluies importantes, comme l'hiver dernier, le fort débit du Cher lessive les maçonneries et crée une pression sur les piliers, parfois frappés par des troncs d'arbres en dérive.

Globalement, tous les châteaux de la Loire, joyaux incontournables du patrimoine français très fréquentés par les touristes du monde entier, seront à terme menacés par les conséquences du changement climatique.

Du côté d'Azay-le-Rideau, le château Renaissance surveille aussi le niveau de l'eau des deux bras de l'Indre qui l'entourent, qui diminue chaque année. Les fortes chaleurs de l'été multiplient aussi la présence d'algues invasives autour du monument, ce qui oblige désormais les jardiniers à intervenir chaque semaine et non plus chaque mois pour limiter leur prolifération dans les bassins.

Des chantiers pour repenser les jardins

Du côté d'Amboise, le maire de la ville est, lui, inquiet du risque d'éboulement du château royal : après les fortes pluies de l'automne dernier, 6000 à 9000 tonnes de terre ont menacé de s'effondrer début février. 50 personnes ont même été évacuées, avant de pouvoir regagner leurs domiciles fin juin, après un chantier de consolidation de 2,5 millions d'euros. La dégradation coûte cher !

Avec ces risques accrus, les jardins des châteaux doivent aussi se repenser, alors que la plupart ont été dessinés au 19e siècle, il y a une éternité climatiquement parlant. Ainsi, à Chambord et à Azay-le-Rideau, les jardins à la française rassemblent des variétés de plantes et d'arbres supportant mal le changement climatique.

L'enjeu est aussi de respecter l'identité des lieux, de ne pas la trahir, et de préserver ces joyaux. Il s'agit par exemple de remplacer certaines essences de plantes par d'autres, moins gourmandes en eau. Rien qu'à Chenonceau, 10 millions d'euros seraient nécessaires pour des travaux de rénovation ! Sans compter les études électroniques nécessaires avant toute restauration.

Certains appellent à lancer un grand chantier national, en parallèle de la Mission Patrimoine imaginée par Stéphane Bern. Le monde politique devrait se mobiliser, accompagné de mécènes privés, pour sauver ce bâti ancien iconique désormais en mauvais état. Une question de volonté, comme toujours…

Référence de l'article :

France 3 Régions. Dérèglement climatique : les châteaux de la Loire menacés de coûteuses dégradations.