Le réchauffement climatique bouleverse le monde viticole : quels vins dégusterons-nous en 2050 ?

Les vignes françaises vont-elles résister au réchauffement climatique ? Alors que les vendanges sont de plus en plus précoces, les vignerons vont devoir s'adapter aux chaleurs et sécheresses : quels changements dans nos verres à vin en 2050 ?

Vignes soleil
Avec le réchauffement climatique, les vendanges commencent désormais environ 3 semaines plus tôt que dans les années 1980 en France.

Et si le Nord de la France devenait une terre viticole réputée ? Pas impossible, avec la malheureuse accélération du réchauffement climatique : les vignerons doivent dès à présent s'adapter au futur climat de 2050 pour produire un vin de qualité. Avec les fortes chaleurs et la sécheresse régulière, les vignes que nous connaissons vont-elles résister ?

Le vin de nos terroirs menacé ?

La production millénaire du vin en France est bouleversée par le changement climatique, le raisin étant très sensible aux fortes chaleurs et aux sécheresses extrêmes, phénomènes de plus en plus récurrents. Les vendanges en sont les premières victimes, de plus en plus précoces, comme en Alsace cette année : elles n'avaient jamais commencé aussi tôt, le 19 août pour le crémant !

Selon Jean-Marc Touzard, directeur de recherche à l'Inrae, qui s'est confié à nos confrères de France Info, "le vin tel qu'on le connaît", associé aux terroirs, "sera menacé dans beaucoup de vignobles après 2050". L'ensemble du cycle de la vigne est désormais plus précoce, la maturation des raisins étant avancée, avec des récoltes parfois en plein été.

L'exemple des vendanges de Beaune, en Bourgogne, est particulièrement parlant : selon une étude compilant des données depuis 1354, le pinot noir a été vendangé entre la fin du Moyen Âge et 1988 vers le 27 septembre, c'est maintenant autour du 6 septembre.

Dès l'éclosion des bourgeons, autrement dit le débourrage, qui survient de plus en plus tôt dans l'année, les vignes sont vulnérables aux gelées de printemps. Et que ce soit après une grave sécheresse ou des pluies intenses, les raisins sont souvent de moins en moins nombreux et de plus en plus petits. Pendant une canicule, la chute de production peut atteindre 50% dans le midi.

Des cépages plus tardifs ?

Alors que les régions viticoles de France se situent surtout dans la moitié Sud et dans l'Est, où le climat est suffisamment chaud, mais sans excès, pour permettre au raisin de mûrir, et sec, pour limiter les champignons, on commence déjà à planter des vignes en Bretagne et dans le Pas-de-Calais !

90% de la production française est liée à une appellation géographique : et si nous pouvions bientôt déguster du rouge du Nord ? Pas improbable. En altitude, dans les Alpes et les Pyrénées, il suffit parfois de changer de parcelle pour que la vigne survive au réchauffement en cours et qu'elle gagne en fraîcheur.

Les cépages tardifs risquent aussi de tirer leur épingle du jeu, en permettant de décaler les vendanges vers la fin septembre : il s'agit du mourvèdre par exemple, à la place du syrah dans le Languedoc. Dans le Bordelais, le cabernet sauvignon pourrait supplanter le merlot.

Quant au goût du vin, il devrait aussi être complètement modifié : les raisins deviennent plus sucrés avec la hausse des températures, et donneront donc des vins plus alcoolisés. Dans le Languedoc, les vins titrent désormais à 14°C, contre 11°C en 1980, avec plus de rondeur en bouche et des goûts plus marqués de fruits cuits. De quoi bouleverser les consommateurs et tout le marché viticole.

Référence de l'article :

France Info. Vendanges plus précoces, vins plus alcoolisés, régions et cépages modifiés… Comment le réchauffement climatique secoue le monde viticole.