Le numérique pollue et épuise les ressources...l'IA enfonce le clou !
Derrière la promesse d'innovation et d'efficacité, le numérique cache une empreinte écologique qui croit de manière exponentielle. Avec l'essor fulgurant de l'IA, cette tendance s'accélère !

On l’a longtemps cru immatériel, propre, synonyme de dématérialisation. Pourtant, derrière chaque clic, chaque vidéo en streaming, chaque requête en ligne, il y a une infrastructure bien réelle, énergivore et vorace en matières premières.
Pas si virtuel qu'il n'y paraît !
Le numérique représente aujourd’hui 4,4 % de l’empreinte carbone de la France et absorbe 11 % de sa consommation électrique. Un poids en constante augmentation.
Loin d’être seulement un problème d’électricité, le numérique est aussi un ogre minéral. Smartphones, ordinateurs et autres équipements contiennent des dizaines de métaux, dont certains sont en voie de raréfaction.
Selon l'ADEME, l’étain, l’argent, le ruthénium, le nickel et l’antimoine sont particulièrement critiques. Ces matières, extraites dans des conditions souvent déplorables sur le plan écologique et social, se raréfient à mesure que la demande explose, engendre une pollution massive, une destruction des écosystèmes et des tensions géopolitiques.
Et pourtant, malgré ces impacts colossaux, nous accélérons la machine. L’essor des data centers et l’intelligence artificielle risquent de faire exploser ces chiffres déjà inquiétants.
Data centers : des monstres gourmands
L’impact du numérique ne se limite pas aux terminaux que nous utilisons. Les data centers, ces immenses infrastructures où sont stockées nos données, sont devenus l’épicentre de la pollution numérique. Ils représentent à eux seuls 46 % de l'empreinte carbone du numérique, contre 15 % en 2018.
Leurs besoins en énergie explosent avec le déploiement de l'IA, mais ils posent aussi un problème croissant d'artificialisation des sols et de consommation d'eau. Pour refroidir ces infrastructures, des quantités astronomiques d'eau sont nécessaires, alors que la crise hydrique menace déjà plusieurs régions du monde.
L'Agence Internationale de l'Énergie (AIE) prévoit que la consommation des data centers doublera entre 2022 et 2026, atteignant l’équivalent de la consommation électrique du Japon. Un des grands "coupables" ? L’intelligence artificielle (IA).
L'IA, une révolution énergivore
Nous vivons une époque où l’IA générative promet de transformer nos vies. Mais à quel prix ? Si les technologies comme ChatGPT ou Midjourney fascinent, elles nécessitent une puissance de calcul phénoménale. Contrairement à une simple recherche sur Google, une requête générative consomme 10 à 100 fois plus d’énergie.
Jusqu’ici, l’impact environnemental de l’IA était surtout lié à son entraînement. Mais aujourd’hui, c’est son usage quotidien qui inquiète. Sylvain Waserman, président de l’ADEME, souligne :
En d’autres termes, nous avançons les yeux fermés, sans mesurer pleinement les dégâts.
Piège à éviter
Si la durée de vie des équipements s'améliore légèrement grâce à des initiatives comme l'indice de réparabilité ou le reconditionnement, la pression du renouvellement reste forte. L'arrivée de nouvelles fonctionnalités basées sur l'IA pousse au remplacement prématuré des dispositifs.
L'enjeu est déterminant : prolonger la vie de nos outils numériques est l'un des leviers les plus efficaces pour réduire leur empreinte carbone et limiter la pression sur les ressources naturelles.
Vers une sobriété numérique ?
Face à cette situation, plusieurs pistes doivent être explorées. L'écoconception des services numériques, l'efficacité énergétique des data centers et une meilleure gestion des ressources sont essentielles. Mais elles ne suffiront pas à enrayer la spirale actuelle. Il est impératif de questionner nos usages et de favoriser un numérique plus sobre.
Cela passe par des politiques publiques ambitieuses, une prise de conscience collective et des alternatives comme les low-tech et les solutions plus durables. La surconsommation numérique peut être freinée. Mais pour cela, il est urgent de repenser notre rapport au numérique et d’agir dès maintenant.
Source de l'article
Wellhoff, M. (2025, 06 février). Impact environnemental du numérique : l’inquiétant boom à venir. The Conversation.