L'une des importantes réserves de biodiversité marine du monde est en train d'être détruite...

Malgré son statut de joyau écologique mondial, l’archipel indonésien de Raja Ampat est aujourd’hui menacé par l’exploitation du nickel, dont les activités minières ravagent forêts et récifs coralliens au nom de la transition énergétique.

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Le nickel est un composant très prisé car il est utilisé dans les batteries des véhicules électriques.

Raja Ampat est un archipel situé à l’est de l’Indonésie. Réputé pour l’exceptionnelle richesse de sa biodiversité marine : il abrite environ 75 % des espèces coralliennes connues dans le monde et plus de 2 500 espèces de poissons. Le tourisme de plongée y est un pilier économique local, attirant des amateurs du monde entier vers ses eaux cristallines et ses récifs intacts.

Pourtant, cette région est désormais menacée par l’exploitation du nickel, métal nécessaire dans la fabrication des batteries de véhicules électriques. La pression industrielle en Indonésie, qui possède les plus grandes réserves mondiales de nickel, pousse à convertir les zones littorales et insulaires en sites miniers.

Entre 2020 et 2024, les surfaces concédées pour l’exploitation minière à Raja Ampat ont augmenté de 494 hectares, triplant le rythme précédent, atteignant plus de 22 420 hectares au total. En juin 2025, le gouvernement indonésien a décidé de révoquer les permis d’exploitation de 4 des 5 sociétés présentes dans l’archipel, en raison des dégâts environnementaux observés : déforestation, ruissellement des sédiments et blanchissement des coraux.

Toutefois, une seule entreprise a été autorisée à reprendre partiellement ses activités, expliquant que la situation est sous contrôle et que l'entreprise prélève hors du cœur du géoparc UNESCO. Les ONG dénoncent une manœuvre biaisée : malgré la suspension initiale, Gag Nikel a été autorisée à redémarrer ses opérations en septembre 2025, sur la base d’une « note verte » accordée par le ministère de l’Environnement — une classification contestée.

Selon un rapport, des habitants s’étaient plaints de poussières, de troubles de santé et de dommages coralliens, des observations jugées incompatibles avec une activité "sans impact".

Les enquêtes environnementales menées fin mai 2025 par le ministère de l’Environnement ont mis au jour “plusieurs violations” de la réglementation environnementale et de la gouvernance des petites îles, notamment les droits d’usage des terres et le non-respect des zones protégées.

Par ailleurs, dans le cadre de la suspension temporaire, le ministère de l’Énergie avait annoncé une vérification sur le terrain afin d’évaluer les conséquences réelles de l’exploitation. Les impacts visibles sont déjà alarmants : des collines dénudées laissent filer des sédiments vers la mer, ternissant les eaux limpides, et de nombreux récifs sont blanchis ou gravement endommagés.

Sur l’île de Gag, la concession minière, souvent décrite comme l’une des plus prometteuses du pays, couvre environ 130 km² et contiendrait plus de 240 millions de tonnes de minerai à 1,35 % de nickel. Face à l’enjeu, les ONG appellent non seulement à la révocation définitive de toutes les concessions dans la zone, mais aussi à l’interdiction des activités minières sur les petites îles (où la loi exige une protection renforcée).

Le débat entre impératifs économiques et préservation écologique reste très vif en Indonésie : la demande mondiale de nickel pèse lourd sur les décisions gouvernementales, et Raja Ampat pourrait devenir un test décisif pour l’équilibre entre exploitation et sauvegarde.

Références de l'article :

AFP, LeFigaro, (29/09/2025), Indonésie: les coraux de Raja Ampat menacés par les mines de nickel

Igor Oneill, GreenPeace, (03/06/2025), Greenpeace and Raja Ampat youth confront nickel industry during conference

Reuters, (10/06/2025), Indonesia revokes nickel ore mining permits in Raja Ampat after protest