Janvier bat les records : pourquoi La Niña n'a pas freiné la hausse des températures ?
Malgré le retour de La Niña, janvier 2025 a été l’un des plus chauds jamais enregistrés. Pourquoi ce phénomène climatique n’a-t-il pas ralenti la tendance au réchauffement ? Analyse des causes et conséquences.

Si vous avez trouvé ce mois de janvier anormalement doux, vous n’êtes pas seul. Janvier 2025 a battu tous les records, avec une température moyenne de 13,23°C, soit 1,75°C au-dessus des niveaux préindustriels. Un chiffre d’autant plus surprenant que La Niña, censée refroidir le climat, s’est installée en décembre. Pourtant, au lieu d’une accalmie, la chaleur a continué de grimper. Comment l’expliquer ?
La Niña impuissante face au réchauffement global
La Niña est un phénomène climatique naturel qui se caractérise par un refroidissement des eaux de surface dans l’océan Pacifique central et oriental. Ce phénomène, qui fait partie du cycle El Niño-La Niña, modifie la circulation atmosphérique et influence le climat mondial.

En général, il entraîne un léger refroidissement des températures globales, notamment en raison de son impact sur les courants océaniques et la répartition de la chaleur dans l’atmosphère. Mais cette fois-ci, son effet a été largement éclipsé.
L’influence des gaz à effet de serre (GES), notamment du CO2 et du méthane ne cesse de croître. Samantha Burgess, experte en climat confirme :
La variabilité naturelle du climat ne compense plus la tendance persistante du réchauffement climatique.
Pendant que certaines régions du globe enregistrent des records de température, l’Arctique a vu sa banquise chuter à un niveau 6 % inférieur à la moyenne, une autre conséquence de la chaleur océanique anormale.
Des seuils symboliques désormais dépassés
Ce qui inquiète le plus les climatologues, c’est la fréquence à laquelle les records tombent. 18 des 19 derniers mois ont dépassé la barre des +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, un seuil que l’on espérait ne pas franchir avant plusieurs décennies.
Les tendances à long terme sont encore plus parlantes. La période de février 2024 à janvier 2025 affiche une moyenne de 1,61°C au-dessus des niveaux préindustriels, marquant une année entière où la planète a vécu sous des températures extrêmes.
Bien que La Niña ait effectivement contribué à un refroidissement dans certaines parties du Pacifique, les océans dans leur ensemble sont restés exceptionnellement chauds. En janvier, la température moyenne des mers atteignait 20,78°C, la deuxième plus élevée jamais enregistrée pour ce mois.
affirme Richard Allan, climatologue à l’Université de Reading. Ces températures élevées ont contrebalancé l’effet rafraîchissant attendu de La Niña, alimentant un climat toujours plus chaud et extrême.
Cette chaleur persistante n’est pas sans effets, à ne citer que : la multiplication des événements climatiques extrêmes, comme les tempêtes et les sécheresses ; l'impact sur la biodiversité, avec des coraux qui blanchissent et des écosystèmes marins bouleversés ; la pression accrue sur les réseaux énergétiques étant donné que les besoins en climatisation augmentent.
Quelle est la suite ?
Il ne s’agit pas seulement de statistiques, mais de l’avenir de notre climat.
Bill McGuire, professeur émérite de géophysique et de risques climatiques à l’UCL, a qualifié les données de janvier d’"à la fois stupéfiantes et, franchement, terrifiantes". Il a ajouté :
Les solutions existent : réduction drastique des énergies fossiles, développement accéléré des énergies renouvelables, amélioration de l’efficacité énergétique, réduction de la consommation superflue...
Ce qui manque, c’est une action rapide et à grande échelle. « Nous ne pouvons plus dire que nous ne savions pas », rappelle James Hansen, l’un des premiers scientifiques à avoir alerté sur le changement climatique.
Chaque année d’inaction aggrave la situation. Et ce début d’année envoie un message limpide : il est temps d’agir, avant que les records ne deviennent la nouvelle norme.
Source de l'article
Mooney, A., & Tauschinski, J. (2025, 6 février). Hottest January on record shocks scientists. Financial Times