Écosse : comment 1 million d'arbres peuvent-ils sauver... des saumons ?

Le saumon d'Atlantique fait la fierté de l'Écosse. Et pourtant, l'espèce est menacée à cause du réchauffement climatique. Mais il existe une solution : les arbres !

Saumon Atlantique Écosse Pêche
3 saumons sur 100 reviennent sur leur lieu de naissance pour pondre à leur tour...

La reproduction du saumon du fleuve de Dee et de ses affluents en Écosse (Royaume-Uni) est en très nette baisse. Le directeur des opérations fluviales du Dee District Salmon Fishery Board et du River Dee Trust, Edwin Third, parle même d'un "déclin massif"... Dans ce pays prospérait le saumon d'Atlantique, l'une des espèces qui fait la fierté de l'Écosse.

Mais voilà, sa population décline à cause... (encore et toujours !) du dérèglement climatique. La température de l'eau s'élève et dans certains cours d'eau, les spécialistes enregistrent 27,5°C alors que "le saumon ressent du stress à tout ce qui est au-dessus de 23°C". Autre conséquence du réchauffement climatique : le débit de l'eau est accentué, notamment à cause des crues en hiver.

En raison des forts débits, une partie des oeufs de saumon sont projetés hors de l'eau et n'écloront pas. Mais quel rapport avec les arbres, me direz-vous ?

1 million d'arbres pour sauver le saumon d'Atlantique

Tout comme en ville, les experts préconisent de végétaliser les espaces et surtout de planter des arbres pour faire baisser la température dans les rues en été. Ici, les passionnés et autres pêcheurs souhaitent sauver cette espèce de saumon iconique d'Écosse en plantant 1 million d'arbres de différentes espèces : sorbiers, trembles, pins sylvestres, bouleaux, saules, aubépines indigènes...

Ces arbres doivent être plantés au bord de l'eau afin que leur ombre fassent baisser la température de l'eau. Car la température du fleuve de Dee a augmenté de +1,5°C en 30 ans ! "Nous avons plus de 300 km de cours d’eau classés comme vulnérables au réchauffement de la température de l’eau", révèle Edwin Third. Leur présence permettra également de limiter les conséquences des catastrophes naturelles.

Mais ce projet a un coût : 5 millions de livres (environ 5,8 millions d'euros) ! Un budget qui n'effraie pas les associations de protection de la biodiversité, les pêcheurs du comté d’Aberdeenshire, les universités de Stirling et des Highlands et des îles écossaises qui ont préparé ce plan. L'objectif du programme "Save the Spring (sauver le printemps, NDLR)" : 1 million d'arbres plantés d'ici 2035.

1 seul saumon femelle de retour à la frai

Les autorités, les associations, institutions et passionnés souhaitent agir car en 2024 : une seule femelle saumon a été enregistré de retour à la frai (ponte des oeufs) au Girnock Burn, un affluent du Dee, selon les données du programme de surveillance du saumon sauvage le plus ancien du gouvernement écossais. Un chiffre alarmant et surtout un record depuis le début des enregistrements...

En 1966, on comptait environ 200 femelles de retour pour la ponte. Sur un autre affluent, le Baddock, seules 7 femelles étaient parvenues à finir leur migration. Et la baisse de la population de saumon d'Atlantique se ressent également à la pêche à la ligne avec un déclin de 96% ! En 1950, les pêcheurs faisaient environ 8 000 prises contre seulement 500 aujourd'hui...

Actuellement, seulement trois saumons sur 100 reviennent

En + de l'augmentation de la température de l'eau et du débit de + en + élevé des cours d'eau, l'assèchement des affluents du Dee stresse les saumons. Car ils peuvent se retrouver piéger dans les flaques et y mourir asphyxiés. Les autorités envisagent également de laisser le bois mort dans l'eau car cela : "modifie le débit, créant des habitats idéaux pour les saumons à frair et des œufs pour survivre".

Références de l'article :

Karen McVeigh, The Guardian (03/07/2025) ‘They are a species on the brink’: can trees save the salmon in Scotland’s River Dee?

Emma Ferrand, LeFigaro (07/07/2025) Écosse : un million d’arbres bientôt plantés pour sauver les saumons dans les rivières