Dingue : il fait fortune en pariant sur les catastrophes naturelles ! Est-ce légal ?

C'est l'histoire d'un passionné de physique qui devient gestionnaire d'un fonds spéculatif aux États-Unis... En négociant des "obligations catastrophes", autrement dit en pariant sur la survenue de catastrophes naturelles, il a fait fortune ! Séquence explications.

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Ceux qui investissent dans des obligations catastrophes réalisent un pari sur la nature : si le risque se concrétise, leur argent sert à indemniser, dans le cas contraire, ils s'enrichissent...

Peut-on se faire de l'argent sur le dos de la nature, et même sur le dos de propriétaires souhaitant se protéger du risque de catastrophes naturelles ? Apparemment oui, à en croire la folle histoire de ce passionné de physique américain, John Seo, qui a fait fortune en créant un fonds spéculatif possédant la plus grande collection d'"obligations catastrophes" au monde.

Un "pari sur la nature"

Ce fonds spéculatif s'appelle Fermat Capital Management, du nom d'un célèbre mathématicien français, Pierre de Fermat, pionnier de la théorie des probabilités. Basé dans le Connecticut (États-Unis), il propose à des milliers de propriétaires de Floride, de Louisiane, du Chili, de Nouvelle-Zélande, de se protéger financièrement contre les catastrophes naturelles à travers leurs compagnies d'assurances, via le "cat bond" ou l'"obligation catastrophe".

Les assureurs émettent ce type d'instrument financier pour couvrir un risque qu'ils ne peuvent pas gérer, de par sa nature aléatoire. Une sorte de "pari sur la nature" très lucratif pour les investisseurs : ces derniers, en investissant leur argent, parient sur l'absence de catastrophe.

Si celle-ci se produit, alors leur argent sert à indemniser les propriétaires victimes et sinistrés, dans le cas contraire (en 3 ou 5 ans), ils s'enrichissent avec une bonne plus-value. Une histoire de gros-sous qui voit donc s'allier investisseurs fortunés et assureurs.

D'ailleurs, les décisions d'investissement sont guidées par des modèles informatiques, puisqu'il faut simuler le risque météo et le comparer aux rendements des titres financiers à négocier. Le tout est tout à fait légal, certes spéculatif, mais légal. Reste à savoir si les primes d'assurances payées par les assurés ne vont pas à terme exploser...

Les pays pauvres en ligne de mire

C'est en 2023 que les assureurs ont pris ce virage, en émettant massivement des obligations catastrophes, pour un montant record de 16 milliards de dollars, après une aggravation inédite des dommages liés aux tempêtes, feux de forêt et inondations. Dans le même temps, les acheteurs d'obligations ont exigé des intérêts plus élevés en raison de l'inflation.

Ainsi, investir dans les obligations catastrophes est devenu la stratégie financière spéculative la plus rentable (certes risquée) : Fermat réalise d'ailleurs un rendement moyen de 20%, contre 8% pour les autres types de fonds spéculatifs ! Auparavant, cet instrument était destiné aux catastrophes rares, de type ouragan Katrina. Désormais, les désastres se multiplient avec le réchauffement climatique.

Les assureurs ont alors tendance à ne plus proposer de produit financier pour gérer ce risque, ou alors demandent des primes exorbitantes. Ceci, dans les pays développés... Dans les pays les plus pauvres, "aucun filet de sécurité" n'existe pour les catastrophes climatiques, et les assureurs ne semblent pas y porter d'intérêt. C'est donc la Banque mondiale qui est à la manœuvre, et qui prévoit d'émettre en cinq ans 5 milliards de dollars d'obligations catastrophes...

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