Adieu les vêtements bon marché mais pas écolos ? Ce que la loi anti fast-fashion pourrait changer...

C'est une loi votée à l'unanimité à l'Assemblée Nationale qui va peut-être révolutionner notre consommation de vêtements. Pour la première fois, la fast-fashion est en effet clairement montrée du doigt pour son impact négatif sur l'environnement.

Fast-fashion vêtements
A l'échelle mondiale, le coût environnemental de l'industrie textile est considérable : celle-ci représente 10% des émissions de gaz à effet de serre.

Terminés les T-shirts à 5 € et les joggings à moins de 10 € ? Vous qui faites peut-être partie des acheteurs de vêtements sur des sites comme Shein ou Temu, vous êtes dans le viseur des députés, qui viennent d'adopter une proposition de loi contre la fast-fashion et son impact environnemental. Qu'est-ce qui va changer pour vous ? En quoi acheter ces vêtements menace-t-il la planète ?

Un système de bonus-malus

C'est jeudi dernier que l'Assemblée Nationale a adopté à l'unanimité, un fait rare, la proposition de loi déposée par la députée Horizons (le parti d'Edouard Philippe) Anne-Cécile Violland. Un texte soutenu par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, se félicitant que la France soit "le premier pays au monde à légiférer pour limiter les dérives de l'ultra fast fashion". Dans quelle mesure ?

Tout d'abord en interdisant la publicité pour les marques relevant du secteur de la fast-fashion, comme Shein ou Temu. Mais aussi en renforçant la sensibilisation des consommateurs sur l'impact environnemental négatif de cette mode éphémère, alors qu'un Français achète environ une cinquantaine de vêtements chaque année (en a-t-on besoin d'autant ?).

Enfin, en mettant en place un système de bonus-malus pour les entreprises textiles avec un éco-score. Ce système ressemble à celui existant déjà dans l'automobile : un malus pour les vêtements qui polluent beaucoup, un bonus pour ceux qui polluent le moins.

Quant à l'éco-score, il a été rendu possible par la loi climat et résilience de 2021 et devrait dès fin avril informer les consommateurs sur l'impact des vêtements achetés, mais aussi stimuler l'écoconception chez les marques pour éviter la hausse de prix inévitable liée au malus et qui pénalisera les petites bourses.

Le textile : 10% des émissions de gaz à effet de serre !

Le malus pourrait atteindre jusqu'à 50% du prix de vente hors-taxe, plafonné à 10 euros par pièce d'ici 2030. Dans l'éco-score seront pris en compte la consommation d'eau, les conditions de production, les rejets de micro-plastiques, la durée de vie physique du vêtement mais aussi sa durabilité émotionnelle : il s'agit de la lassitude du consommateur liée aux nouvelles collections et c'est la deuxième cause de la fin de vie d'un vêtement, selon l'Ademe.

Alors pourquoi s'attaquer à la fast-fashion et pénaliser les finances des plus fragiles ? Pas par gaîté de cœur, mais plutôt pour enclencher un changement de modèle.

Cette surconsommation inutile de vêtements cache en effet un chiffre choc : l'industrie textile représente 10% des émissions de gaz à effet de serre, et si la tendance actuelle se poursuit (le chiffre d'affaires de Shein a augmenté de 900% en 3 ans), cela pourrait être 26% en 2050 !

Outre le fait que la fast-fashion est responsable à elle-seule d'environ 30% du transport aérien de marchandises dans le monde, il faut aussi y ajouter la pollution de l'eau et des sols, puisque la production de vêtements en matière synthétique rejette 240.000 tonnes de micro-plastiques dans la nature chaque année.

Enfin, le travail forcé mettant en danger les droits humains, en Asie notamment, et l'hyperconsommation d'eau nécessaire à la production textile sont aussi des dérives importantes directement liées à la fast-fashion. Pour conclure, l'avenir semble être à la mode de seconde main ou à la mode éthique... Vive la fripe !

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