Concerts : comment repenser les grandes tournées musicales pour réduire leur impact environnemental ?
Faut-il revoir l'organisation des grandes tournées musicales à travers le monde ? Un syndicat de producteurs, présent cette semaine au printemps de Bourges, propose de réfléchir à l'avenir de ces shows démesurés et polluants, en réduisant notamment leur impact environnemental.

Êtes-vous plutôt Katy Perry ou Shaka Ponk ? L'une (Katy Perry) vient d'effectuer un court vol spatial très polluant à bord d'une fusée du milliardaire Jeff Bezos, et continue de promouvoir sa future tournée qui démarrera au Mexique. L'autre (le groupe français Shaka Ponk) s'est désintégré en novembre dernier pour raisons écologiques, jugeant son activité professionnelle trop polluante.
Un lourd bilan carbone
Vous l'aurez compris, nous parlons ici de l'impact environnemental des grandes tournées musicales à travers le monde, des concerts XXL ou même des festivals, dont la saison a d'ailleurs débuté cette semaine en France avec le Printemps de Bourges. Selon les derniers chiffres disponibles, la France a accueilli 37.500 concerts en 2023 pour un montant de billetterie dépassant 1,55 milliard d'euros.
Festivals écoresponsables, chaque détail compte
— B SMART 4Change (@B_SMART_TV) April 14, 2025
Dans un festival, lélément carbone le plus important, cest le déplacement des spectateurs.
Si la question du transport des festivaliers préoccupe les organisateurs de festivals, ce nest pas pour autant que lon ne doit pic.twitter.com/ChnREWWWiw
Souvent démesurées, les tournées musicales sont en effet considérées comme polluantes, entre le transport du matériel et des équipes, l'hébergement, la restauration, la scénographie spectaculaire mais aussi le déplacement en masse des spectateurs. Un lourd bilan carbone, auquel s'est intéressé le syndicat privé de producteurs Ekhoscènes, présent actuellement au Printemps de Bourges.
Il pilote un projet d'expérimentation pour réduire l'impact environnemental de ces tournées. L'enjeu est de "choisir" l'avenir plutôt que de le "subir", sans condamner le modèle actuel. Ce "Projet Matrice" (Musiques actuelles en tournée - recherche et innovation pour la coopération et l'écoconception) est le fruit d'un appel à projets de l'État pour soutenir les "alternatives vertes".
Doté d'une enveloppe de 1,15 million d'euros (entre l'État et le Centre national de la musique), sans compter l'autofinancement, ce projet durera trois ans, impliquera les producteurs des spectacles et sera accompagné par cinq structures adhérentes, dont la filiale française du géant Live Nation (qui organise notamment la tournée de Lady Gaga).
Que décideront les artistes ?
Selon la directrice générale d'Ekhoscènes, Malika Séguineau, ce sont les artistes qui détermineront le modèle de leur propre tournée : il s'agira de la dimensionner, de déterminer les lieux, l'itinéraire, les festivals, avec des freins destinés à réduire cet impact environnemental, le tout sur quatre tournées d'envergure différente.

Reste à savoir si les artistes accepteront le deal : il est parfois périlleux pour les producteurs de leur parler de conscience écologique lorsqu'ils souhaitent signer avec eux pour l'organisation d'une tournée. Certains parlent d'ailleurs du "concours de celui qui a la plus grosse scénographie".
En 2019, le groupe Coldplay avait toutefois annulé sa tournée, faute de pouvoir réduire son empreinte carbone, mais a depuis repris son périple à travers les stades… Pour calculer cette empreinte, des initiatives existent, comme le Fairly Score, ou le Concert Score, ce dernier utilisé par exemple par l'Aéronef, une salle de concert lilloise, dans le Nord.
Le Printemps de Bourges, pour sa part, a choisi de proposer des concerts acoustiques non amplifiés, à la lueur de bougies, ou encore de programmer des artistes sensibilisés à ces enjeux, comme Rover et Emily Loizeau. La décroissance dans le milieu de la musique va-t-elle finir par s'imposer ? Nul ne le sait…
Références de l'article :
Ekhoscènes. Ekhoscènes lance le Projet M.A.T.R.I.C.E.