Centrale de Gravelines à l'arrêt dans le Nord : des méduses peuvent-elles provoquer un accident nucléaire ?
Pour la première fois en 40 ans, la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord, a dû être totalement arrêtée à cause… d'un banc de méduses ! Un géant stoppé par un plus petit que lui, mais aurait-il pu vraiment y avoir un accident nucléaire ?

Depuis hier, lundi 11 août au matin, les 4 réacteurs en activité de la centrale nucléaire de Gravelines sont à l'arrêt (les deux autres l'étaient déjà pour maintenance). La cause est insolite : la présence massive de méduses dans les filtres des stations de pompage a conduit les unités de production à s'arrêter automatiquement, une première en 40 ans. Faut-il s'inquiéter ?
"Toute l'installation est en sûreté"
Dimanche soir, entre 23h et minuit, trois des quatre réacteurs actuellement en activité à la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord, la plus importante d'Europe, se sont arrêtés automatiquement, après la détection d'une présence massive de méduses dans les filtres des stations de pompage, dans le canal d'amené.
Nucléaire : quatre unités de la centrale de Gravelines (Nord) sont lundi à l'arrêt en raison de la "présence massive et non prévisible de méduses" dans les stations de pompage de l'eau servant au refroidissement des réacteurs, a annoncé EDF. pic.twitter.com/CPnknoDsNs
— Agence France-Presse (@afpfr) August 11, 2025
Le quatrième réacteur, lui, s'est arrêté à 6h20 lundi matin, alors qu'il était devenu impossible de le refroidir, malgré les mesures prises pour baisser sa production, et donc pour diminuer son besoin en eau fraîche. La direction du site a toutefois précisé que "toute l'installation" était "en sûreté". Aucune production électrique ne sort donc désormais de la centrale, une situation inédite.
Que s'est-il passé concrètement ? Le caractère gélatineux des méduses leur a permis de passer les premiers filtres, avant d'obstruer les tambours filtrants, équipés d'un maillage très fin pour ne laisser passer que l'eau de mer. Ces filtres se situent dans les stations de pompage de la centrale, qui permettent d'aspirer de l'eau de mer en grande quantité pour refroidir les réacteurs nucléaires.
Dès lors que l'eau n'arrivait plus en quantité suffisante pour refroidir l'installation, les réacteurs en activité se sont arrêtés, comme le prévoit le dispositif de sécurité de la centrale. Aucune échéance n'est pour le moment donnée concernant la remise en service des réacteurs, qui se fera "par étapes" : il faut d'abord nettoyer les tambours filtrants et s'assurer que les méduses ne reviendront pas.
Un incident exceptionnel ?
Cet été est décidemment marqué par les incidents à la centrale nucléaire de Gravelines : dans la nuit du 23 au 24 juillet, un incident de niveau 2 sur 7 avait été enregistré. Un prestataire s'était vu détecter des particules radioactives sur la nuque au passage d'un portique de contrôle après une intervention sur l'un des réacteurs à l'arrêt pour maintenance. L'agent a pu rentrer chez lui.
Les techniciens EDF de la centrale nucléaire de Gravelines ont eu une drôle de surprise : La « présence massive et non prévisible de méduses » dans les stations de pompage de leau refroidissant les réacteurs. La centrale est quasi à l'arrêt.
— 20 Minutes (@20Minutes) August 11, 2025
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EDF a précisé, pour l'incident en cours, qu'aucun risque pour la santé n'était craint pour les habitants de la région, les réacteurs ayant été arrêtés à temps. RTE (Réseau de transport d'électricité) a ajouté que cet incident n'avait eu aucun impact sur la stabilité du réseau électrique ni sur la consommation d'électricité.
Y aurait-il plus de méduses que d'ordinaire cet été ? Oui, selon les touristes, mais pas forcément, selon les spécialistes. Dans le Nord, le pic d'activité des méduses, très peu urticantes contrairement à leurs cousines du Sud-Est, dure de juin à septembre. Incapables de lutter contre le courant, elles auraient pu être emportées par malchance en direction du canal menant à la centrale.
Phénomène exceptionnel ou non, la direction devra forcément prendre des mesures pour éviter que cela ne se reproduise. Avec le réchauffement climatique et la hausse de la température de l'eau de mer, la prolifération des méduses menace, d'autant que le nombre de poissons, leurs prédateurs, diminue, alors que la quantité de planctons, leur nourriture, augmente…
Référence de l'article :
La Voix du Nord. Les réacteurs de la centrale nucléaire de Gravelines à l'arrêt à cause… d'un banc de méduses.