Assureur ou assuré : qui va supporter les coûts croissants des catastrophes naturelles en France ?

Face à l'escalade des coûts des catastrophes naturelles, le rapport Langreney propose des mesures audacieuses pour rééquilibrer le fardeau financier entre assureurs et assurés. Découvrez les recommandations chocs qui pourraient redessiner le paysage de l’assurance française.

Inondation à Blendecques le 02 mars 2002.@Lamiot CC BY 3.0
Inondation à Blendecques le 02 mars 2002. @Lamiot CC BY 3.0

Le rapport Langreney, remis au gouvernement après plusieurs reports, présente des recommandations inédites pour faire face aux défis posés par les catastrophes naturelles. Parmi celles-ci, l'augmentation annuelle de la prime CatNat, l'imposition de mesures de prévention aux habitants, et l'instauration d'un système de bonus-malus pour les assureurs.

Des coûts croissants et une projection préoccupante

Selon les données de France Assureurs, les coûts des catastrophes naturelles en France ont atteint un niveau record en 2022, dépassant les 10 milliards d'euros. Ce chiffre marque une nette augmentation par rapport aux années précédentes, avec une moyenne de 3,5 milliards d'euros par an entre 2017 et 2021. Cette hausse est attribuée à l'intensification et à la fréquence accrue des phénomènes climatiques extrêmes, comme les orages de grêle, les tempêtes, les inondations et les périodes de sécheresse.

Les prévisions ne sont guère optimistes pour les années à venir. En raison des effets de plus en plus visibles du changement climatique, la facture des catastrophes naturelles devrait continuer d'augmenter. La fédération professionnelle des assureurs estime que la facture cumulée dépassera les 140 milliards d'euros au cours des trente prochaines années, soit le double des trente dernières années.

Des stratégies révolutionnaires pour une assurance résiliente

Le rapport Langreney, remis récemment aux ministres de l'Economie et de la Transition écologique, Bruno Le Maire et Christophe Béchu, présente des solutions novatrices pour renforcer la résilience de l'assurance face aux défis climatiques en France. Parmi celles-ci, l'instauration d'une augmentation annuelle de la prime CatNat, la mise en place de mesures préventives contraignantes pour les habitants et l'adoption d'un système de bonus-malus pour les assureurs, se démarquent par leur caractère intrépide.

L'objectif est de préserver la capacité d'assurance du territoire français face aux risques de catastrophes naturelles exacerbés par les changements climatiques en cours. Ces propositions de réformes audacieuses reflètent une prise de conscience de l'urgence d'agir pour anticiper les conséquences des phénomènes météorologiques extrêmes.

En imposant des incitations financières et des obligations de prévention, le rapport vise à encourager une adaptation proactive des assureurs et des assurés aux nouveaux défis climatiques. Ainsi, en favorisant une approche préventive et responsable, ces propositions aspirent à assurer une couverture plus solide et durable contre les catastrophes naturelles, garantissant ainsi la protection des populations et la pérennité du système d'assurance en France.

Rééquilibrer les charges

Une des propositions phares du rapport consiste à introduire un système de bonus-malus pour les assureurs, incitant ainsi ces derniers à mieux couvrir les sinistrés et à maintenir leur présence dans les régions les plus exposées. Parallèlement, les habitants des zones à risques se verraient imposer des mesures de prévention, tandis que les résidences secondaires et locatives seraient soumises à des pénalités.

Par ailleurs, il convient de noter que jusqu'à présent, les primes d'assurance CatNat sont uniformément réparties sur l'ensemble du territoire français. Thierry Langreney, co-rédacteur du rapport, préconise une révision profonde de ce système d'indemnisation des catastrophes naturelles, et met ainsi en évidence, la nécessité de protéger les ménages vivant dans les zones à risques.

La garantie Cat-Nat prend en charge les dommages matériels directs non assurables ayant eu pour cause déterminante l’intensité anormale d’un agent naturel, lorsque les mesures habituelles à prendre pour prévenir ces dommages n’ont pu empêcher leur survenance ou n’ont pu être prises. Article L125-1 du code des assurances.

Le rapport propose d'adapter les primes en fonction du niveau d'exposition au risque de chaque secteur géographique. Ce changement permettrait de mieux allouer les ressources financières aux régions les plus vulnérables.

Vers une protection durable contre les catastrophes naturelles

En adoptant une approche collaborative et proactive, il est possible de transformer les défis actuels en opportunités afin de bâtir un avenir plus résilient et durable pour tous.

Les propositions du rapport Langreney offrent une feuille de route prometteuse, incitant des actions rapides et décisives pour préserver l'assurabilité du territoire français. En mettant l'accent sur la redistribution des charges, l'incitation financière des assureurs et l'adoption de mesures préventives, il est possible d'ouvrir la voie à une gestion plus efficace et équitable des risques climatiques en France.

À la une