La Terre se réchauffe-t-elle plus vite que prévu ? Quelles conséquences ?

La période 2011-2020 a été caractérisée par des concentrations croissantes de gaz à effet de serre, alimentant des températures record sur terre et dans les océans, ainsi qu'une accélération dramatique de la fonte des glaces et de la montée du niveau de la mer.

L'inlandis du Groeland a perdu en moyenne 251 gigatonnes par ans, atteignant un record de 444Gt en 2019.
L'inlandsis du Groenland a perdu en moyenne 251 gigatonnes par an, atteignant un record de 444Gt en 2019.

La décennie 2011-2020 est la plus chaude jamais enregistrée, mettant en évidence les défis environnementaux urgents auxquels nous sommes confrontés. Selon un récent rapport de l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM), cette période marque une accélération alarmante du changement climatique. Ce document dévoilé à la COP28, dresse un tableau inquiétant des transformations climatiques qui ont frappé la planète au cours de ces 10 années cruciales.

Températures record : un signal alarmant

Le rapport met en évidence des températures record sur les terres émergées et dans les océans, résultat direct de la hausse continue de la concentration de gaz à effet de serre. La température moyenne à la surface du globe pour la période 2011-2020 dépasse de 1,10+-0,12 °C la moyenne de la période 1850-1900, avec les six années les plus chaudes allant de 2015 à 2020. L'Arctique, en particulier, a enregistré des anomalies positives atteignant par endroits 2°C de plus que la moyenne 1981-2010.

Le secrétaire général de l'OMM, M. Petteri Taalas, sonne l'alarme en soulignant que chaque décennie depuis les années 1990 est la plus chaude que la précédente. Les impacts sont dévastateurs. L'Antarctique et le Groenland ont perdu 38% de plus de glace entre 2011 et 2020 par rapport à la décennie précédente.

Perte sans précédent de glaciers et de calottes glacières.

La fonte accélérée des glaces est un phénomène sans précédent, avec des glaciers perdant jusqu'à un mètre d'épaisseur par an, menaçant l'approvisionnement en eau de millions de personnes. Les glaciers à proximité de l'équateur, tels que ceux de la Papouasie et d'Afrique, risquent de disparaître d'ici 2030-2040.

Les glaciers à proximité de l'équateur, tels que ceux de la Papouasie et d'Afrique, risquent de disparaître d'ici 2030-2040.
Les glaciers à proximité de l'équateur, tels que ceux de la Papouasie et d'Afrique, risquent de disparaître d'ici 2030-2040.

L'inlandsis du Groenland a perdu en moyenne 251 gigatonnes par an, atteignant un record de 444 Gt en 2019. De même, l'inlandsis de l'Antarctique a perdu 143 Gt par an, soit une augmentation de près de 75% par rapport à la décennie précédente.

Changements océaniques : des répercussions profondes sur les écosystèmes marins

L'océan qui absorbe environ 90% de la chaleur accumulée, montre des signes alarmants de réchauffement. Entre 2006 et 2020, le réchauffement dans les 2000 premiers mètres de l'océan a doublé par rapport à la période 1971-2000, atteignant un niveau record en 2020.

Les océans, véritables baromètres du changement climatique, ne se contentent pas de se réchauffer. Ils subissent également une acidification des eaux causée par l'accumulation de CO2, portant atteinte aux écosystèmes marins.

Ces changements ont des implications à la fois locales et globales, contribuant à des vagues de chaleur marines plus fréquentes et plus intenses. La construction des coquilles et des squelettes des organismes marins est compromis. La biodiversité marine est mise à rude épreuve, mettant en péril la sécurité alimentaire et la stabilité des écosystèmes côtiers.

Phénomènes extrêmes : une menace croissante pour le développement durable

Les phénomènes météorologiques et climatologiques extrêmes, (autre facette du changement climatique), sont de plus en plus dévastateurs. Leur impact compromet sérieusement les efforts en faveur du développement durable.

Des évènements climatiques extrêmes peuvent entraîner des pertes économiques énormes, perturber les systèmes agricoles, déplacer des populations entières, créant ainsi des crises humanitaires. La sécurité alimentaire et la mobilité humaine sont directement menacées par ces chargements rapides, et imprévisibles.

L'action climatique, tant au niveau public que privé, a connu une hausse significative en financement entre 2011 et 2020, mais le rapport souligne la nécessité de multiplier ces efforts par sept pour atteindre les objectifs fixés. L'urgence d'une action climatique plus ambitieuse est soulignée, avec un appel pressant à limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère industrielle.

Une lueur d'espoir : la couche d'ozone est en voie de rétablissement

En dépit des sombres constats, le rapport offre une lueur d'espoir : le trou de la couche d'ozone sur l'Antarctique était moins grand pendant la période 2011-2O2O, résultat positif de l'action internationale coordonnée sous le Protocole de Montréal.

Cela démontre que des efforts concertés peuvent inverser les dommages environnementaux, offrant un modèle pour lutter contre d'autres menaces planétaires.

Un appel à l'action : limiter le réchauffement à 1,5°C

Le rapport de l'OMM est un cri d'alarme, appelant à une action urgente pour éviter une spirale incontrôlable du changement climatique. M. Petteri Taalas, Secrétaire général de l'OMM, souligne que les émissions de GES dues aux activités humaines sont la principale cause de ces changements.

La réduction drastique de ces émissions doit devenir une priorité absolue pour la survie de notre planète, et notre propre survie. L'objectif de contenir la hausse de la température à 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle devrait guider les actions à entreprendre.

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