Avoir du soleil, même pendant la nuit ? Cette société américaine y travaille et cela inquiète les scientifiques

Et si l’on “allumait” le soleil, même pendant la nuit ? Cela semble complètement fou et pourtant, une entreprise étasunienne y travaille sérieusement. Mais ce n’est pas sans inquiéter de nombreux scientifiques, notamment les astrophysiciens.

Une lumière plus puissante que celle de la pleine lune
Une lumière plus puissante que celle de la pleine lune

Interrupteur on/off. Avoir du soleil sur commande, est-ce possible ? Il semblerait que oui, pour cette société américaine. Reflect Orbital se développe sur les terres californiennes. Son objectif : « vendre la lumière du soleil sur demande pendant la nuit » grâce à « un éclairage fiable et ajustable 24 heures sur 24 sur simple pression d'un bouton. » Une idée révolutionnaire, mais qui est loin de faire l’unanimité, notamment chez les astronomes. Mais la société est formelle : son idée tient la route.

Des satellites plus lumineux que la pleine lune, mais moins puissants que le soleil

Grâce à un groupe de satellites miroirs, envoyé dans l'orbite de la planète Terre, on pourra profiter d’un éclairage pour les grands événements nocturnes mondiaux, aider lors de catastrophes ou encore, apporter l’éclairage aux fermes solaires. Pour ce faire, l’entreprise a effectué une première demande à la FCC (la Commission fédérale des communications) aux États-Unis. Ils souhaitent faire une démonstration avec un satellite début 2026. Pour le moment, c’est toujours en attente.

De nombreux astrophysiciens inquiets pour l’équilibre de notre écosystème

Mais Reflect Orbital a déjà fait un premier test, l’année dernière, grâce à un ballon de haute altitude sur lequel un petit miroir de 2,5 mètres de diamètre était accroché. Le résultat semble encourageant pour la société américain : un raie de lumière visible sur le sol, d’environ 45 à 200 watts par mètre carré. Selon Reflect Orbital, les satellites pourraient avoir plusieurs tailles : 10 mètres sur 10 mètres ; 18 mètres sur 18 mètres ; 54 mètres sur 54 mètres.

Objectif : 4000 satellites en 2030 et un faisceau capable de couvrir environ 5 kilomètres de diamètre. En d’autres termes, une lumière plus puissante que celle d’une pleine lune, mais bien plus faible que celle du soleil. Mais ces travaux ne rencontrent pas un public exclusivement en faveur du projet. De nombreux scientifiques s’inquiètent des conséquences lourdes que pourraient avoir ces satellites s’ils venaient à être mis en œuvre. C’est notamment le cas des astrophysiciens.

Les migrations perturbées à cause de ces satellites
Les migrations perturbées à cause de ces satellites

Erik Rosolowsky est président de la CASCA, la Société canadienne d'astronomie. Il se montre perplexe concernant « ces technologies impliquant la redirection de la lumière solaire vers la face nocturne de la surface terrestre. » Et d’ajouter : « on s'attend à ce que cette lumière solaire redirigée ait des impacts extrêmement négatifs sur l'astronomie, en raison de la pollution lumineuse générée par les miroirs, mais aussi à cause des interférences qu’elle peut causer dans les observations de l’Univers aux longueurs d'onde optique, infrarouge et radio ».

Même son de cloche pour Nathalie Ouellette, astrophysicienne à l’Institut Trottier de Montréal. Pour elle, cela pourrait perturber les migrations des animaux, engendrer une véritable pollution de l’orbite et déréguler le rythme circadien des êtres humains. « Cette approche constitue tout simplement une utilisation imprudente et inefficace de l’orbite terrestre, une ressource précieuse et limitée ». Pour de nombreux scientifiques, une réglementation internationale est désormais plus que nécessaire.

Références de l’article :

Du « soleil sur demande » pendant la nuit? Des astronomes inquiets

Des miroirs en orbite pour vendre la lumière du soleil

Le soleil va-t-il éclairer nos nuits sur commande ?