Urgent : les prévisions révèlent un trou énorme persistant dans la couche d'ozone. À quoi s'attendre ?

Un trou d'ozone inhabituel d'environ 15 millions de kilomètres carrés, soit 27 fois la superficie de la France est prévu se maintenir jusqu'au mois de décembre.

Un trou d'ozone immense est prévu en mois de décembre 2023.
Un trou d'ozone immense est prévu en mois de décembre 2023.

Depuis plusieurs décennies, le trou dans la couche d'ozone demeure une préoccupation majeure pour la préservation de l'humanité et de la planète. Cette année, des observations surprenantes ont été faites, mettant en lumière un développement inhabituel du trou.

Un petit rappel important

Pour appréhender le phénomène du trou dans la couche d'ozone, il est essentiel de revisiter quelques concepts fondamentaux. Localisée dans la stratosphère terrestre, à une altitude comprise entre 20 et 50 km, la couche d'ozone agit comme une barrière protectrice contre les rayonnements ultraviolets (UV) nocifs du soleil, indispensable à la vie sur Terre.

Malheureusement, depuis les années 1970, l'activité humaine, particulièrement les émissions de gaz industriels, a entraîné l'affaiblissement de cette enveloppe protectrice. Le protoxyde d'azote, l'un des principaux acteurs contribuant à la détérioration de la couche d'ozone, est principalement émis par des activités humaines telles que l'agriculture, l'utilisation des combustibles fossiles.

La couche d'ozone s'appauvrit à cause des activités humaines, notamment les émissions de gaz industriels.
La couche d'ozone s'appauvrit à cause des activités humaines, notamment les émissions de gaz industriels.

Chaque année, au printemps austral, des substances appauvrissant la couche d'ozone s'accumulent dans la stratosphère, au-dessus du pôle Sud. Ces substances combinées à d'autres facteurs tels que le rayonnement solaire, les températures extrêmement basses et les nuages stratosphériques polaires, contribuent à la formation du trou dans la couche d'ozone.

Normalement, ce trou se referme vers la fin du mois de novembre avec l'augmentation des températures stratosphériques et la rupture du vortex polaire, une barrière de vents forts isolant l'air froid au-dessus du pôle Sud.

Et maintenant, qu'est-ce-qui se passe ?

Cependant, cette année, le trou a présenté un démarrage inhabituel, devenant le sixième plus grand trou depuis 1979, avec une superficie totale de 26,15 millions de kilomètres carrés. Bien que la superficie ait diminué de manière typique jusqu'en octobre, elle a de nouveau augmenté à la fin du mois de novembre avec une superficie d'environ 15 millions de kilomètres carrés, soit plus de 27 fois la superficie de la France métropolitaine, et est prévue se maintenir jusqu'à la première semaine de décembre.

Trou d'ozone de l'Hémisphère Sud (en rouge) par rapport aux années précédentes jusqu'au 28 novembre 2023. Crédit : CAMS
Trou d'ozone de l'Hémisphère Sud (en rouge) par rapport aux années précédentes jusqu'au 28 novembre. Crédit : CAMS.

Cette longévité exceptionnelle s'inscrit dans la continuité des trous dans la couche d'ozone des trois dernières années qui se referment beaucoup plus tard qu'à l'accoutumée, généralement vers le milieu voire fin décembre. Des températures stratosphériques plus froides que la normale et un vortex polaire robuste qui se prolonge jusqu'à décembre ont été les principaux facteurs de cette persistance.

En effet, plusieurs éléments ont été identifiés comme des déclencheurs potentiels du renforcement de ce vortex polaire, tels que la quantité colossale de vapeur d'eau (136 millions de tonnes) injectée dans la stratosphère normalement sèche par le volcan Hunga-Tonga, qui a provoqué un impact significatif sur sa composition , les oscillations du vent dans l'Hémisphère Sud et aussi le changement climatique. Il faut remarquer toutefois que des recherches approfondies sont nécessaires pour valider ces hypothèses.

Quelles conséquences pour l'humanité et la planète ?

Les conséquences de ce trou dans la couche d'ozone sont multiples et menacent à la fois la santé humaine et l'équilibre environnemental. Avec une diminution de la couche d'ozone qui constitue un bouclier naturel, les rayonnements ultraviolets (UV) nocifs du soleil atteignent davantage la surface de la Terre et entraine une multiplication des cas de cancers de la peau, notamment le mélanome, ainsi que des problèmes oculaires. L'exposition accrue aux UV peut affaiblir le système immunitaire, augmentant ainsi la vulnérabilité aux maladies infectieuses.

Au-delà de la menace sur la santé, la diminution de l'ozone stratosphérique permet davantage au rayonnement infrarouge d'atteindre la surface terrestre et de contribuer au réchauffement climatique. Aussi, les rayonnements UV supplémentaires peuvent avoir des effets néfastes sur les écosystèmes terrestres et aquatiques en affectant la croissance des plantes, le phytoplancton, et d'autres formes de vie. Cela pourrait, par un effet d'entrainement, perturber la chaîne alimentaire, menaçant les espèces qui dépendent de la photosynthèse et du phytoplancton.

Quelles pistes de solutions ?

En 1987, les nations se sont réunies à Montréal pour signer un pacte historique visant à lutter contre l'appauvrissement de la couche d'ozone. Au cours des années, 197 pays ont ratifié le Protocole et ont convenu de travailler ensemble pour réparer le trou d'ozone, faisant du Protocole de Montréal le premier traité des Nations Unies à avoir atteint une ratification universelle.

Depuis sa mise en place, ce traité a contribué à prévenir des millions de cas de cancers de la peau et de cataractes. Il a également aidé à éliminer progressivement 99% de la production et de la consommation des substances appauvrissant la couche d'ozone, notamment les produits chimiques à base d'HFC.

L' Amendement de Kigali au Protocole de Montréal, entré en vigueur le 1er janvier 2019, a imposé une réduction progressive des HFC à l'échelle mondiale, contribuant ainsi à l'utilisation de nouveaux produits plus respectueux de l'environnement et du climat. Tout cela a permis à l'atmosphère de commencer sa phase de récupération, un processus complexe nécessitant une surveillance constante des nombreux facteurs en jeu.

Vincent-Henri Peuch, directeur du Copernicus Atmosphere Monitoring Service (CAMS), souligne l'importance des actions menées depuis la signature de ce Protocole pour réduire drastiquement les émissions de substances appauvrissant la couche d'ozone. Peuch affirme que le succès du Protocole de Montréal témoigne de l'efficacité des actions visant à protéger le climat mondial.

Le CAMS, mis en œuvre par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF) joue un rôle essentiel en soutenant les efforts internationaux visant à préserver la couche d'ozone grâce à une surveillance continue et à la fourniture de données sur son état actuel. La vigilance continue de CAMS dans la surveillance de cet enjeu environnemental crucial est essentielle pour guider les futures actions visant à protéger notre planète.

Malgré les progrès réalisés grâce aux accords internationaux, la menace persistante du trou dans la couche d'ozone souligne l'importance de maintenir et de renforcer les actions visant à réduire les émissions de gaz appauvrissant la couche d'ozone et à atténuer les effets du changement climatique. Il est impératif de rester engagés dans la préservation de notre atmosphère et de travailler ensemble pour assurer un avenir durable pour notre maison commune.

À la une