Va-t-on enfin pouvoir renoncer au plastique à usage unique à l'hôpital ? Un médecin australien relance l'espoir

Est-ce bientôt la fin des blouses en plastique à usage unique à l'hôpital ? Sans renoncer à l'hygiène, un médecin australien a trouvé une solution pour préserver l'environnement et en finir avec ces déchets. De quoi s'agit-il ?

Blouse plastique hôpital
L'industrie mondiale des plastiques médicaux (comme ici les blouses en polypropylène) va bientôt dépasser les 87 milliards de dollars d'ici 2030.

Dans le secteur de la santé, et particulièrement dans nos hôpitaux, le plastique jetable, à usage unique, est partout : blouses, masques à oxygène, champs chirurgicaux, poches de perfusion et instruments divers… Un médecin australien, sans renoncer à l'hygiène, a trouvé une solution très prometteuse pour réduire ces déchets plastiques et ainsi préserver l'environnement.

Un "mur d'appareils de stérilisation"

C'est seulement après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le plastique est devenu moins cher, que l'hôpital a choisi de se tourner vers les produits jetables. Une tendance qui s'est généralisée dans les années 1980 avec l'essor du marketing mais aussi les craintes liées à l'apparition du VIH. Désormais, les poubelles des hôpitaux débordent !

D'ici 2030, selon Grand View Research, l'industrie mondiale des plastiques médicaux devrait dépasser les 87 milliards de dollars ! Forbes McGain, médecin australien anesthésiste en soins intensifs à l'hôpital Footscray (Melbourne), a décidé de se rebeller contre les déchets médicaux et de ne plus dépendre de l'industrie pétrochimique.

Ainsi, celui-ci a fait le choix de blouses et de champs chirurgicaux en tissu lavable et durable. Dans une salle de décontamination, du personnel rince les plateaux, réassemble les kits chirurgicaux et charge les paquets de linge au niveau d'un "mur d'appareil de stérilisation", alors que les autres hôpitaux jettent tous ces objets à la poubelle.

Outre ces blouses, champs opératoires et tubes à oxygène réutilisables, toute son équipe s'est aussi associée à des fabricants pour recycler en PVC les poches de perfusion, et en tuyaux agricoles les masques à oxygène.

Des limites d'ordre industriel

Une modélisation réalisée pour un hôpital britannique a montré qu'en plus des bénéfices pour l'environnement, cette transition était aussi positive pour l'économie. Choisir des blouses réutilisables réduit les émissions carbone d'environ 100 tonnes, de 20 tonnes les déchets, et permet d'économiser 500 mètres cubes d'eau et au final 115 000 euros par an !

Dans une étude publiée en 2024, le docteur McGain et ses collègues ont prouvé que pour une pose d'une prothèse de genou, la quantité d'articles en plastique et en PVC jetés pouvait varier du simple au double selon les simples choix du chirurgien.

En tout cas, la politique nationale australienne a déjà été influencée par les propositions de l'anesthésiste : les tubulures de ventilation sont désormais remplacés toutes les semaines et non plus quotidiennement, ce qui réduit les déchets de 80%. Mais il existe des limites d'ordre industriel, puisque les circuits de ventilation réutilisables disparaissent peu à peu du marché…

Si le secteur de la santé était un pays, il serait le cinquième plus grand émetteur de CO2, devant le Japon et le Canada, selon Bloomberg. Car outre le plastique à usage unique, les chaudières à gaz et le protoxyde d'azote (gaz anesthésiant) pèsent lourd dans la balance. Selon The Shift Project, les dispositifs médicaux émettent chaque année 7,4 millions de tonnes équivalent CO2 en France !

Références de l'article :

GEO. Le plastique à usage unique, incontournable à l'hôpital ? Ce médecin australien prouve le contraire.

F. McGain et al., Australian Health Review, 2024. The carbon footprint of total knee replacements.