Un gel toujours absent sur 90% du territoire en France : est-ce vraiment exceptionnel pour la saison ?

    Plus de 90% du territoire français attend toujours sa première gelée en ce début novembre, selon les données de Météo-France. Faut-il vraiment s'inquiéter ou a-t-on déjà connu pire ? Comment le gel est-il affecté par le réchauffement climatique ?

    Gel automne
    Selon les données de Climate Central, les périodes de gel en Europe ont déjà diminué de 10 à 20 jours par an en raison du réchauffement climatique. Une absence de gel notamment remarquée en automne.

    L'absence de froid notable en automne et en hiver est semble-t-il la nouvelle caractéristique de notre climat en France. Mais cette année, c'est le pompon, puisqu'à date, seulement 10% du territoire environ a connu sa première gelée. Sommes-nous vraiment proches des records en la matière ? Faut-il espérer très bientôt le retour d'un froid vif matinal ?

    L'Est, figure d'exception

    -1,9°C à Colmar hier matin, jeudi 6 novembre. Une valeur fraîche mais qui n'a rien d'exceptionnel en Alsace, région qui a l'habitude du gel en automne. Des gelées ont aussi été enregistrées dans les Vosges ou en Moselle, avec également -1,9°C à Buhl-Lorraine. De nombreuses températures négatives ont aussi été relevées en montagne, sur les reliefs de l'Est, ou encore à Corte, en Corse (0°C).

    Plus globalement, depuis le début du mois d'octobre, en-dehors de quelques stations météo isolées entre le Centre et le Nord-Est, le gel a été absent des villes de référence en plaine, alors qu'il était fréquent dans les années 1970 et 1980. Cette année, on notera parmi les valeurs les plus basses enregistrées mi-octobre : -1,4°C à Autun (Saône-et-Loire), -0,7°C à Nevers (Nièvre) et -0,9°C à Fontainebleau (Seine-et-Marne).

    Selon les données révélées par le climatologue à Météo-France Matthieu Sorel, ces régions de l'Est font figure d'exception, puisqu'au 1er novembre 2025, moins de 10% du territoire a connu une température négative. Normalement, à cette époque de l'année, environ 40% des villes françaises auraient dû déjà connaître leur première gelée de la saison…

    Même dans l'Est, certaines villes attendent toujours non pas le dégel, mais le gel : Strasbourg, par exemple, a frôlé la gelée les 5 et 6 novembre, avec 0,4°C, mais son compteur de gelées est toujours bloqué à zéro, alors qu'il est habituellement fréquent d'observer une température négative dès la mi-octobre dans la capitale de Noël.

    Des records battus dès la mi-novembre ?

    Du gel sur 10% du territoire seulement au 1er novembre, c'est très peu, souligne Matthieu Sorel, et cela équivaut pour le moment aux valeurs enregistrées lors des années peu gélives en début d'automne : 2000, 2001, 2004, 2005, 2006, 2014, 2019, 2022 et 2024. Aucune année avant l'an 2000 n'avait donc connu une telle situation, preuve encore du réchauffement climatique en cours.

    Si comme les prévisions le laissent penser, ce chiffre autour de 10% n'évolue pas, voire reste en-dessous de 14% d'ici la mi-novembre, alors il pourrait s'agir d'un record absolu depuis le début des mesures. Souvenons qu'en 2012, il avait déjà gelé sur 60% du territoire au 20 octobre ; en 1987, sur 70% du territoire début novembre.

    Pour le moment, excepté près des frontières de l'Est ou dans les vallées abritées du Centre en cas d'éclaircies nocturnes, aucune période de froid matinal n'est en vue dans les 7 prochains jours, d'autant qu'un puissant flux de Sud pourrait à nouveau nous apporter une douceur hors-saison après le 11 novembre…

    Le réchauffement climatique en cours tend à raréfier et à retarder le gel en France : le nombre de jours de gel a baissé de 15 à 30% selon les régions depuis 1960. En moyenne, on recense désormais 26 jours de gel en France, contre 36 à l'époque. L'an dernier, la première gelée à Paris-Montsouris avait eu lieu le 22 novembre, une date plutôt précoce comparée aux années précédentes. Et cette année ? Mystère…