Sécheresse : pourquoi la majorité de la France risque-t-elle de régulièrement manquer d'eau d'ici 2050 ?
Et si la sécheresse sévère qu'a subit la France en 2022 devenait la norme à l'horizon 2050 ? Selon une notre du Haut-Commissariat à la stratégie, les situations de tension hydrique devraient nettement se multiplier en France à l'avenir.

Une note du Haut-Commissariat à la stratégie et au plan a récemment indiqué qu'une majorité du pays pourrait être régulièrement sous tension hydrique à l'horizon 2050, notamment si la France ne change pas sa politique de gestion de l'eau.
Un manque d'eau devenant récurrent
Si les années 2023 et 2024 ont été marquées par des inondations récurrentes engendrées par des précipitations parfois exceptionnelles et même records, on a tendance à oublier que l'année 2022 avait été marquée par une sécheresse particulièrement marquée, touchant la quasi-totalité du territoire durant la saison chaude avec de très nombreuses restrictions d'eau à travers le pays.
Selon une note du Haut-Commissariat à la stratégie et au plan, 88% du territoire de France métropolitaine connaîtra fréquemment d'ici 2050 des situations de tension modérée ou sévère durant la saison estivale, autrement dit des situations où le manque d'eau induira des restrictions d'usage de l'eau pour les activités agricoles, industrielles ou pour les particuliers sur la majorité du territoire, de façon similaire à l'année 2022.
[ FRANCE ]
— Little Think Tank (@L_ThinkTank) June 25, 2025
La sécheresse de 2022 pourrait devenir la norme en 2050. Sans changement radical dans la gestion de leau, 88% du territoire français sera en tension hydrique chaque été, selon le Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan. pic.twitter.com/ejWN02j7Qz
Également, la situation hydrique sera amenée à se dégrader entre les horizons 2020 et 2050, non seulement en été mais également en hiver, là encore sur une grande majorité de la France. Ceci serait consécutif à l'effet combiné d'une diminution de la ressource en eau et d'une augmentation de la demande en prélèvements, surtout au niveau des consommations.
Une politique de gestion de l'eau qui doit évoluer
Afin d'éviter que de telles situations se produisent, notamment de façon aussi récurrente que ce qu'envisage la note du Haut-Commissariat à la stratégie et au plan, il est important que la France modifie ses pratiques en matière de gestion de l'eau. Dans le cas contraire, près de 90% des bassin-versants seraient touchés par une dégradation de la situation hydrique en 2020 et 2050.
Néanmoins, tous les territoires ne sont pas égaux face à cette menace. « La tension relative aux consommations (partie des prélèvements qui n'est pas restituée au milieu) pourrait notamment être plus forte dans le sud-ouest et le sud-est en raison de la part importante de l'eau consommée, du fait notamment de l'irrigation des cultures » a indiqué le Haut-Commissariat.
En 2050, lensemble du territoire français devrait connaitre des situations de stress chronique sur la ressource en eau.
— Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan (@StrategiePlan) June 27, 2025
Retrouvez nous le 1er juillet lors dune webconférence pour débattre du diagnostic et des solutions face à cet enjeu majeur en présence dexperts du pic.twitter.com/jOuN8lgURR
Ainsi, l'accès continu et/ou illimité à l'eau pourrait devenir bien plus rare qu'on ne l'imagine à l'avenir durant la saison chaude en France, une situation qui semble difficilement envisageable en France mais qui s'est pourtant déjà produite dans un passé récent sur une large partie de la France. Le réchauffement climatique devrait en effet engendrer des sécheresses de plus en plus récurrentes et durables comme celle que nous avons pu connaître en 2022.
Afin de limiter les dégâts, il est ainsi nécessaire de modifier notre politique de gestion de l'eau actuelle et notamment de s'orienter vers une sobriété dans tous les secteurs et les activités humaines. Par exemple, dans l'agriculture, la régulation par les pouvoirs publics du développement des surfaces équipées en irrigation ou encore le développement des pratiques agroécologiques qui permettent de mieux stocker l'eau dans les sols.
Plus largement, une planification générale sera indispensable pour engager une transformation radicale des usages dans le but de limiter les pressions sur les écosystèmes mais les tensions futures entre les usagers de l'eau. Enfin, des actions de protection et de restauration des milieux seront également nécessaires, car la capacité des écosystèmes à faire face à un stress hydrique dépend de leur diversité et de leur richesse.
Référence de l'article :
Sécheresse : D’ici à 2050, 88 % de la France risque d’être régulièrement sous « tension hydrique », 20 minutes et AFP, 25/06/2025