Retiendra-t-on quelque chose du gouvernement Bayrou sur le front de l'environnement, de l'écologie et du climat ?

    Le passage de François Bayrou aura-t-il vraiment été catastrophique pour l'environnement et la lutte contre le réchauffement climatique, comme l'affirment de nombreux écologistes ? Voici quelques pistes de réflexion, qui n'engagent que leur auteur, précisons-le.

    François Bayrou
    Pendant sa passation de pouvoir avec Michel Barnier, François Bayrou n'avait déjà pas prononcé une seule fois le mot "écologie"... Photo CC BY 4.0.

    Le gouvernement de François Bayrou a été renversé ce lundi 8 septembre par un vote de défiance de l'Assemblée nationale, à 364 voix contre 194. Alors que Sébastien Lecornu, fraîchement nommé à sa place, va tenter de trouver un accord majoritaire avec le Parti Socialiste et Les Républicains pour pouvoir faire voter un budget, quel bilan écolo pour l'éphémère pilote de Matignon ?

    Plus de 40 reculs écologiques

    Ne galvaudons pas les mots, ce bilan est dramatique sur le plan de la lutte contre le réchauffement climatique et sur le front de la transition écologique. Le Réseau Action Climat a recensé, selon nos confrères de Reporterre, "43 reculs rien que sur le premier semestre 2025", certains étant initiés par le Rassemblement National ou Les Républicains, soutenus parfois par le "bloc central" divisé.

    L'un des porte-étendards de ces reculs est sans doute l'adoption de la loi Duplomb, début juillet dernier, votée par une alliance inédite entre minorité présidentielle, droite et extrême-droite. Entre construction des méga-bassines facilitée, implantation de fermes-usines et réintroduction d'insecticides de la famille des néonicotinoïdes, l'addition est lourde pour l'écologie française.

    Le Conseil constitutionnel a ensuite censuré cette dernière mesure, jugée contraire à la Charte de l'environnement, et François Bayrou est allé jusqu'à regretter qu'il n'y ait pas eu pendant le débat de "priorité" donnée "à une étude médicale et scientifique" favorable à l'acétamipride… Forcément, avec un corps médical et scientifique vent debout contre cette loi pendant plusieurs semaines !

    Parmi les autres reculs marquants en seulement 9 mois : la loi d'orientation agricole, qui dépénalise les atteintes aux espèces protégées si non commises "de manière intentionnelle", la loi de Simplification qui facilite l'implantation de projets d'infrastructures nucléaires, supprime les ZFE et limite les objectifs de "zéro artificialisation nette" (ZAN).

    Et la dette écologique, alors ?

    La liste des invités aux obsèques de l'écologie à la française ne s'arrête pas là : dans le budget 2025, voté en février avec la non-censure des socialistes et du RN, figurent aussi les coupes de 2,1 milliards d'euros dans la mission Écologie, avec un coup d'arrêt au programme MaPrimeRénov', aux aides à l'achat de véhicules électriques, aux soutiens publics aux énergies vertes, à l'agriculture bio…

    Déjà lors de sa nomination à Matignon le 13 décembre 2024, François Bayrou avait fait, certes, de la réduction du "déficit et de la dette" ses priorités, mais sans avoir un mot pour l'"écologie" lors de la passation de pouvoirs avec Michel Barnier. Son prédécesseur, lui, pourtant issu d'un parti plus à droite, avait mis sur le même plan la réduction de la dette économique et de la dette écologique.

    Lors de son premier discours de politique générale à l'Assemblée, Bayrou avait estimé que la France faisait "mieux et davantage qu'aucun autre pays du monde" sur le front de l'écologie. Souhaitons à Sébastien Lecornu de faire mieux et davantage que son ancien patron, adepte des voyages en jet privé direction Pau alors que Mayotte subissait les ravages du cyclone tropical Chido.

    Celui qui ne sera resté que 9 mois à Matignon ne manquera pas à l'écologie, lui qui demandait encore, selon nos confrères de Contexte, aux acteurs économiques de l'agglomération de Pau, de prendre l'avion le plus possible pour se rendre à Paris, qui a soutenu le chantier de l'autoroute A69, ou encore parlé d'"humiliation" pour qualifier les actions des agents de l'office français de la biodiversité.

    Références de l'article :

    Reporterre. François Bayrou, un mandat catastrophique pour l'écologie.

    Réseau Action Climat. Stop aux reculs sur l'environnement, néfastes pour les Françaises et Français, néfastes pour l'économie.

    Contexte. L'activisme de François Bayrou pour le maintien de la ligne Orly/Pau continue.