Qui est responsable de la mort de milliards d'étoiles de mer ? Des biologistes répondent !

Cet assassin a mis 10 ans pour être identifié, grâce à des biologistes de l'Université de Colombie-Britannique : mais qui est donc responsable de la mort de plus de 5,8 milliards d'étoiles de mer dans l'océan Pacifique Nord ?

Etoile de mer morte
Sauver ces étoiles de mer est un jeu très important, puisqu'elles agissent comme de véritables gardiennes de l'océan.

C'est une véritable révélation, publiée le lundi 4 août dernier dans la revue Nature Ecology & Evolution : nous connaissons enfin le nom de l'assassin qui a tué, pratiquement sans laisser de traces, plus de 5,8 milliards d'étoiles de mer depuis 10 ans dans l'océan Pacifique Nord. Comment expliquer cette hécatombe inédite dans le monde animal ? Comment a agi le coupable ?

Le réchauffement de l'eau complice

Les biologistes de l'Université de Colombie-Britannique, au Canada, ont travaillé pendant des années sur plusieurs hypothèses pour expliquer ces disparitions inédites : un virus, un prédateur invasif, voire une pollution chimique. Aucune ne tenait la route pour définir comment sont mortes ces étoiles de mer, dont certaines survivantes étaient retrouvées démembrées, le corps fondu.

Avant de vous révéler le coupable, parlons de son complice : il s'agit du réchauffement de l'eau des mers et des océans. Ces dernières années, la température de l'océan Pacifique est de plus en plus chaude (4°C de plus que les normales), ce qui a facilité les agissements du serial killer, à savoir une bactérie seulement identifiée par les biologistes en août dernier.

Cette bactérie, nommée Vibrio pectenicida, fait partie de la tristement célèbre famille du choléra : dès que l'eau est chaude, elle prolifère, jusqu'à s'infiltrer dans l'étoile de mer et tordre ses tissus. Au bout d'un certain temps, les bras de l'étoile de mer tombent, ce qui la condamne à la mort de manière quasiment certaine.

Les gardiennes de l'océan

Des laboratoires sont déjà à pied d'œuvre pour trouver des solutions afin d'éliminer ce microbe. Aucun vaccin n'est possible, puisqu'il ne s'agit pas d'un virus… L'espoir serait peut-être de réintroduire des souches d'étoiles de mer résistantes, voire de jouer sur le microbiote de l'animal en renforçant son immunité face à la bactérie.

Sauver et préserver les étoiles de mer est un jeu essentiel, puisque malgré leur déplacement lent et leur aspect inactif voire, diront certains, décoratif, elles agissent comme de vraies gardiennes de l'océan. Elles sont d'abord des prédateurs pour d'autres animaux plus lents qu'elles, comme les oursins.

Or, avec leur mort, les oursins prolifèrent, puis dévorent toutes les algues sur leur passage, notamment les forêts de kelp, magnifique et riche écosystème. La mort des étoiles de mer entraîne donc une déforestation sous-marine catastrophique pour beaucoup d'espèces qui vivent dans ce milieu, comme le colin d'Alaska ou les saumons du Pacifique, que nous aimons déguster…

C'est donc aussi grâce aux étoiles de mer que nous pouvons nous nourrir de poisson : espérons qu'un remède à cette bactérie soit vite trouvé par ces biologistes, pour le bien de la planète et des océans d'abord, mais aussi pour le bien de notre chaîne alimentaire.

Références de l'article :

France Info. L'assassin de milliards d'étoiles de mer enfin identifié par des biologistes.

M.B Prentice et al., 2025, Nature Ecology & Evolution. Vibrio pectenicida strain FHCF-3 is a causative agent of sea star wasting disease.