Pollution du littoral français : les plages bretonnes encore plus polluées l'hiver selon une association
Des plages bretonnes plus polluées en hiver qu'en été, c'est ce que révèle une étude de l'association Eaux et Rivières de Bretagne, remettant en cause le niveau d'impact de la fréquentation touristique. L'une des principales responsables de cette pollution ? L'agriculture industrielle.

Après des mois de prélèvements sur la pollution des eaux de baignade sur plusieurs plages bretonnes, un rapport publié par l'association Eaux et Rivières de Bretagne conclu que les plages déjà polluées le restent au-delà de la saison estivale, et le sont encore plus pendant l'hiver. Pour l'association, cette pollution aux bactéries représente un « enjeu de santé publique. »
L'agriculture intensive pointée du doigt
De novembre 2024 à juin 2025, Eaux et Rivières de Bretagne a mené un « programme de sciences participatives », baptisé Qualiplage, qui a suivi neuf plages à travers les quatre départements bretons. Les prélèvements ont été réalisés par des bénévoles en suivant un protocole identique à celui des autorités sanitaires.
Le but était de vérifier si la pollution aux bactéries indicatrices d’une pollution fécale (Escherichia coli, entérocoques intestinaux) perdurait au-delà de la période surveillée par l’Agence régionale de santé (ARS) qui mène des prélèvements entre fin mai et septembre.
En Bretagne, et en particulier sur la côte nord, la présence de ces bactéries est surtout due à l’élevage. La région concentre, à elle seule, 57 % des porcs, 31 % de la volaille et 11 % des bovins français. Dans les Côtes-d’Armor, on comptait en 2021 pas moins de 2,438 millions de porcs… soit environ quatre cochons par habitant !
La pollution des plages en Bretagne : un "problème de santé publique" https://t.co/rYChQTNHSc
— HIT WEST (@radio_hitwest) October 11, 2025
Deux études avaient déjà été publiées par Eaux et Rivières de Bretagne en 2024 et 2025, démontrant qu’un cinquième des plages bretonnes sont régulièrement polluées à la belle saison. Les bactéries y étant retrouvées étaient à chaque fois à des taux considérés comme « moyens » ou « mauvais » par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
La pluie, autre facteur aggravant de la pollution
Pour Christophe Le Visage, vice-président de l'association Eaux et Rivières de Bretagne et interrogé par ICI Breizh Izel, « toutes ces plages ont une particularité, c'est que ce sont des plages à l'exutoire d'un ruisseau, d'un cours d'eau (...) La corrélation avec la pluie est évidente : lorsqu'il ne pleut pas, l'eau est propre. Deuxième point important, elles sont corrélées avec des épandages d'effluents d'origine d'élevage, donc du lisier, du fumier. »
L’association demande aux communautés de communes de poursuivre une surveillance sanitaire des eaux de baignade toute l’année. « En termes de bactéries, un cochon c’est l’équivalent de trente humains », rappelle M. Le Visage. Elle recommande également de mener des enquêtes de terrain afin d’identifier précisément les responsables de ces pollutions. Il en va, affirme-t-elle, de la « protection des populations ».
Références de l'article :
Reporterre, Les plages bretonnes restent polluées, même sans touristes
ICI Breizh, "Il y a un vrai problème lié aux élevages" pour la pollution des plages, selon Eaux et Rivières de Bretagne