Nous sommes nombreux à vouloir agir pour le climat...alors qu'est-ce qui bloque ?

Une vaste enquête révèle que la majorité des citoyens du monde veulent plus d'action pour le climat. Pourtant, un silence presque « total » règne. Pourquoi ? Comment briser cette spirale pour libérer notre puissance collective ?

Un immense mouvement en faveur de l'action climatique est prêt à émerger.
Un immense mouvement en faveur de l'action climatique est prêt à émerger.

Une enquête mondiale révolutionnaire révèle un chiffre qui fait l'effet d'un électrochoc : 89 % des personnes dans le monde veulent que leurs gouvernements intensifient leurs actions pour lutter contre le changement climatique.

Ce chiffre provient d'une enquête menée dans 125 pays, comprenant 130 000 personnes représentant 96 % des émissions mondiales de CO2, parue dans la revue "Nature Climate Change".

Et pourtant, ce soutien reste invisible . Pourquoi ? Parce que la majorité sous-estime le degré d'engagement des autres. En moyenne, les gens pensent que seulement 43 % seraient prêts à contribuer financièrement à l'action climatique. Ce décalage entre réalité et perception alimente une « spirale du silence », où chacun hésite à parler ou à agir, pensant être minoritaire.

La psychologie sociale à la rescousse

Les recherches en psychologie sociale montrent que les individus coopèrent davantage lorsqu'ils croient que les autres le font aussi, c'est ce qu'on appelle la coopération conditionnelle . Ce phénomène signifie que notre comportement est largement influencé par les normes sociales perçues .

Ainsi, corriger les fausses perceptions devient un levier puissant : quand on sait qu'on n'est pas seul , on se sent plus à l'aise pour s'exprimer , agir et inspirer d'autres à faire de même. Ce mécanisme peut créer un effet boule de neige et mener à un point de bascule sociale .

Preuves expérimentales

Des expériences avec de l'argent réel le prouvent : informer les gens que 79 % de la population soutient l'action climatique a augmenté les dons de 16 dollars en moyenne .

D'autres grandes enquêtes (ONU, Yale, etc.) confirment ce soutien constant et massif à travers le monde , déterminant de la manière dont les questions sont posées.

Décalage entre décideurs et citoyens

Le problème ne se limite pas aux citoyens : même les décideurs politiques sous-estiment l'opinion publique. Au Royaume-Uni, par exemple, 72 % de la population soutient l'implantation de l'énergie éolienne locale, mais seuls 19 % des députés pensent que c'est populaire.

Et ce n'est pas tout : même les électeurs des partis climatosceptiques , comme Reform UK, affichent une majorité favorable à l'action climatique. Cela montre à quel point le climat est devenu un sujet fédérateur, au-delà des clivages partisans.

Communiquer, c'est agir !

Bonne nouvelle : briser la spirale du silence est à notre portée. Les campagnes visant à corriger les perceptions erronées sont peu coûteuses, efficaces et facilement reproductibles. Mieux encore, quand le message est porté par des sources diverses et crédibles, son impact est démultiplié.

Parler de climat autour de soi, partager des faits simples, rappeler que nous faisons partie des 89 % : autant d'actions qui peuvent créer de véritables dynamiques de changement.

Les obstacles : biais psychologiques et désinformation

Hélas, cette illusion collective est alimentée par plusieurs facteurs : nos biais cognitifs , qui nous rendent mauvais pour estimer l'opinion d'autrui ; la difficulté naturelle à percevoir les normes sociales ; et surtout, une désinformation massive orchestrée par les lobbies des énergies fossiles.

Aux États-Unis, par exemple, une minorité vocale de 10 % domine le débat public , faisant du climat un sujet controversé, alors qu'il ne l'est pas dans l'opinion réelle.

Malgré les tensions géopolitiques, 86 % des citoyens souhaitent que les pays coopèrent pour résoudre la crise climatique, en mettant de côté leurs différends. Cela souligne le soif d'une action commune à l'échelle planétaire.

Responsabilité collective

La bonne nouvelle, c'est que chaque voix compte . Le simple fait de parler publiquement de son soutien à l'action climatique encourage les autres à sortir du silence.

C'est ainsi que nous pouvons enclencher un effet boule de neige , renforcer les normes sociales pro-climat et construire ensemble une dynamique irréversible de changement. Le problème n’est pas un manque de volonté. Le problème, c'est que nous ignorons quel point nous sommes nombreux.

Source de l'article

« Spirale du silence » : l'action climatique est très populaire, alors pourquoi les gens ne s'en rendent-ils pas compte ?