Les mégalithes de Carnac inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco : quelles conséquences pour le site ?

Depuis le 12 juillet dernier, les mégalithes de Carnac sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Avec pour enjeux contradictoires une meilleure protection de ces sites néolithiques et un potentiel afflux touristique.

Les alignements de Carnac sont désormais inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
Les alignements de Carnac sont désormais inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

C'est désormais officiel : les mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan figurent sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Une distinction majeure pour cet ensemble exceptionnel de monuments néolithiques, témoin unique de l’histoire humaine et de la richesse archéologique de la Bretagne.

Ce bien en série comprend plus de 550 monuments mégalithiques répartis sur un territoire de 1 000 kilomètres carrés. Ils ont été érigés durant la période néolithique, entre 5000 et 2300 avant notre ère. Ces menhirs ("pierre longue" en breton) de toute taille, dont l'origine et la fonction restent un mystère, sont alignés selon la topographie et l’hydrographie locales, témoignant ainsi d’une compréhension fine du milieu environnant.

Le riche répertoire de gravures et d’objets précieux témoignent quant à eux de l’occupation de la côte atlantique européenne par des sociétés qui ont développé une relation complexe avec leur environnement naturel. Ce bien devient ainsi le 54e site inscrit pour la France et le premier site intégralement breton inscrit - la tour Vauban, dans le Finistère, faisant partie des 12 fortifications Vauban classées à travers la France.

Les célèbres mégalithes sont répartis sur un territoire de 1000 kilomètres carrés.
Les célèbres mégalithes sont répartis sur un territoire de 1000 kilomètres carrés.

Un risque de surtourisme ?

L'estimation du nombre de visiteurs annuels pour Carnac avoisine les 300 000 personnes. Si l'inscription au patrimoine mondial devrait permettre de renforcer les actions de préservation, de médiation et de valorisation du patrimoine mégalithique, l'événement suscite aussi certaines craintes. L'apparition du célèbre logo de l'Unesco ne risque-t-il pas d'engendrer un tourisme de masse, avec un potentiel estimé de 30% de visiteurs de plus ? Olivier Lepick, le maire de Carnac et le président de Paysage de mégalithes, qui a porté le projet depuis 2013, temporise ces rumeurs. « Pour les sites qui ont déjà beaucoup de visiteurs, l'augmentation est plutôt de 2% à 5%. »

On s'est collectivement donné pour objectif de ne pas accueillir plus, mais d'accueillir mieux.

En outre, des travaux ont récemment été entrepris pour répondre au mieux à l'afflux de visiteurs. « Il y a eu un gros effort d'aménagement des abords du site, avec ce chemin piéton, puis la mise en sens unique de la route, qui a permis de développer une voie de circulation douce », relève Olivier Agogué, archéologue et administrateur des sites de Locmariaquer et Carnac. Selon lui, il est possible qu'il y ait « un surcroît de fréquentation d'un public lointain », en particulier les Asiatiques, férus de sites Unesco.

« On s'est collectivement donné pour objectif de ne pas accueillir plus, mais d'accueillir mieux, et de faire connaître l'ensemble des sites et du paysage », indique Victoire Dorise, directrice des Paysages de mégalithes. Qui rappelle que l'objectif ultime d'un classement Unesco est bien la préservation des monuments.

Référence

Les menhirs à l'Unesco ? Entre protection des sites et surtourisme, la "schizophrénie" de Carnac, AFP et Laurence Postic, 7 juillet 2025