Journée mondiale du zéro déchet : pourquoi devrions-nous accorder une attention particulière aux "e-déchets" ?

Chaque année, des millions de tonnes de « e-déchets » envahissent notre planète. En 2022, moins d'un quart des 62 millions de tonnes de déchets électroniques produits ont été recyclés, laissant la porte ouverte à une multitude de problèmes environnementaux et de santé publique.

Les e-déchets comprennent une gamme vertigineuse d'objets du quotidien, des téléphones portables aux appareils électroménagers en passant par les écrans de télévision.
Les e-déchets comprennent une gamme vertigineuse d'objets du quotidien, des téléphones portables aux appareils électroménagers en passant par les écrans de télévision.

Dans un contexte où une grande partie du monde est en pleine transition vers l'électrification et la numérisation, les technologies électroniques et numériques ont un impact profond sur nos modes de vie, de travail, d'apprentissage, de socialisation et de commerce. Selon l'Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et l'Union internationale des télécommunications (UIT), chaque personne génère annuellement en moyenne 7,8 kilogrammes de déchets électroniques.

Qu'est-ce-que les "e-déchets" ?

Les e-déchets représentent les équipements électriques et électroniques (EEE) en fin de vie, classés comme des déchets dangereux en vertu de la réglementation environnementale. Ils sont aussi connus sous le diminutif DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) et incluent tout produit comportant de circuits, de composants électriques, et une alimentation électrique ou batterie.

Ces chiffres sont à couper le souffle !

Les données mondiales récentes mettent en évidence que les pays à revenu élevé ont en moyenne 109 articles d'EEE (à l'exclusion des lampes) par habitant, tandis que ce chiffre est nettement plus faible dans les pays à faible revenu, avec seulement 4 articles par habitant.

D'après l'UNITAR et l'UIT, chaque personne génère annuellement en moyenne 7,8 kilogrammes de déchets électroniques. Ces déchets comprennent une gamme vertigineuse d'objets du quotidien, des téléphones portables aux appareils électroménagers en passant par les écrans de télévision. Ils contiennent souvent des métaux lourds, des plastiques et d'autres substances toxiques, ce qui les rend particulièrement dangereux pour l'environnement et la santé humaine.

Les 62 millions de tonnes de déchets électroniques produits en 2022 équivalent au poids de 107 000 avions de passagers géants. La moitié de cette masse est constituée de métaux précieux tels que le cuivre, l'or et le fer, d'une valeur totale de près de 91 milliards de dollars.

Cependant, seuls 22 % de ces déchets ont été correctement collectés et recyclés, et ce chiffre devrait même chuter à 20 % d'ici la fin de la décennie. En d’autres termes, les « e-déchets » augmentent à un rythme cinq fois plus élevé que celui de leur recyclage.

Répartition inégale et préoccupante

Le problème des déchets électroniques varie considérablement d'une région du monde à l'autre. Par exemple, un individu vivant en Europe produit environ sept fois plus de déchets électroniques qu'une personne vivant en Afrique. Dans les pays en développement, où le traitement des déchets est souvent déficient, les taux de recyclage et de collecte sont extrêmement bas, tournant autour de 1 %.

L'Asie est responsable de près de la moitié de la production mondiale de déchets électroniques, mais peu de pays de la région disposent de lois ou d'objectifs de collecte en la matière. En revanche, en Europe, où la production de déchets électroniques par habitant est la plus élevée, les taux de recyclage et de collecte atteignent environ 40 %. Malgré cela, le recyclage des déchets électroniques ne répond même pas à 1 % de la demande pour les éléments essentiels comme les terres rares.

Dangers majeurs pour la santé et l'environnement

Les e-déchets contiennent une multitude de substances toxiques qui peuvent être rejetées dans l’environnement si elles ne sont pas correctement traitées. Les pratiques de gestion des déchets électroniques, telles que le brûlage à l’air libre ou le démontage manuel des équipements, peuvent libérer jusqu’à 1000 substances chimiques différentes, dont certaines sont extrêmement dangereuses comme le plomb. Le recyclage inadéquat des DEEE peut ainsi avoir des conséquences désastreuses.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les enfants et les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables aux effets des DEEE. Environ 16,5 millions d’enfants travaillaient dans le secteur industriel en 2020, dont une partie dans le traitement des déchets. Les DEEE peuvent également avoir des effets néfastes sur le développement neurologique, l’apprentissage et le comportement des enfants, ainsi que sur la santé respiratoire et pulmonaire.

Solutions et perspectives

Face à cette crise croissante, l'ONU lance un appel urgent à l'action. Il est impératif d'investir davantage dans le développement des infrastructures de recyclage, de promouvoir la réparation et la réutilisation, et de renforcer les capacités locales. La Journée mondiale du zéro déchet est l'occasion idéale de sensibiliser le public aux dangers posés par les déchets électroniques et d'encourager des actions concrètes pour réduire leur impact.

La mise en place de mesures nationales et internationales sont nécessaires, notamment l’adoption de réglementations sur la gestion des e-déchets, la surveillance des sites de traitement, et la sensibilisation aux risques sanitaires et environnementaux associés aux DEEE. Des accords internationaux tels que la Convention de Bâle sont essentiels pour contrôler les mouvements transfrontières de déchets électroniques et protéger les communautés contre les activités de recyclage dangereuses.

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