Insolite : et si l'ozone contribuait finalement au réchauffement climatique ?

Selon une récente étude, la meilleure santé de la couche d'ozone suite à l'adoption du Protocole de Montréal a un effet négatif sur le climat en accentuant le réchauffement climatique.

Ozone
L'ozone stratosphérique nous protège en absorbant les rayons UV, mais celui-ci agit également comme un gaz à effet de serre

Le trou dans la couche d'ozone se résorbe efficacement depuis le Protocole de Montréal en 1989. Si ce processus est bénéfique pour le risque de cancers de la peau, il se pourrait toutefois que celui-ci soit plus problématique pour notre climat.

Un protocole important pour notre santé

En janvier 1989, le Protocole de Montréal, un accord international sur l'environnement a été instauré, lui-même faisant suite à la convention de Vienne sur la protection de la couche d'ozone. Celui-ci avait pour objectif de réduire et à terme d'éliminer les substances réduisant la couche d'ozone, comme les Chlorofluorocarbures, ou CFC, des polluants notamment présents dans les bombes aérosols ou les réfrigérateurs.

Cette mesure s'était alors montrée particulièrement efficace puisque la couche d'ozone s'est peu à peu réparée depuis. Une étude réalisée par le MIT en 2023 avait même estimé que la couche d'ozone ne s’appauvrirait plus du tout d'ici l'horizon 2035 au-dessus de l'Antarctique, une réelle victoire pour cet accord environnemental signé par 196 états et l'Union Européenne.

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Évolution du maximum d'extension du trou dans la couche d'ozone entre 1979 et 2023 - Copernicus

La réparation de la couche d'ozone était en effet primordiale. Cette couche agit en effet comme un filtre naturel absorbant une grande partie du rayonnement ultraviolet en provenance du Soleil. Son appauvrissement pouvait ainsi avoir des conséquences graves pour les organismes vivants, accroissant par exemple l'incidence des coups de soleil, des cancers de la peau, des affections oculaires et d'autres maladies, en plus de réduire la croissance des plantes.

Une situation paradoxale

En plus de détruire l'ozone de notre stratosphère, les CFC sont également des gaz à effet de serre. Ainsi, réduire leur concentration dans la stratosphère grâce au Protocole de Montréal aurait pu avoir un effet positif sur le réchauffement climatique global. Néanmoins, une nouvelle étude nous apporte des nouvelles bien moins réjouissantes à ce sujet.

Selon cette étude publiée le 21 août dernier dans la revue Atmospheric Chemistry and Physics, la chaleur piégée par l'ozone dans l'atmosphère contrebalancerait les bénéfices climatiques espérés. Les modélisations effectuées par les scientifiques estiment qu'entre 2015 et 2050, l'ozone devrait provoquer un réchauffement supplémentaire de 0,72watts par mètres carrés sur Terre. Ce chiffre correspond à la quantité d’énergie supplémentaire piégée par mètre carré de surface terrestre.

En effet, l'absorption des UV par l'ozone engendre un réchauffement de la stratosphère, ce qui a un effet majeur sur le climat. Autrement dit, à ce rythme, l’ozone deviendrait le deuxième gaz contribuant le plus au réchauffement climatique derrière le Co2 dont l'effet est estimé à ~1,75W/m².

Néanmoins, il est important de conserver la politique visant à reformer notre couche d'ozone, celle-ci étant trop importante pour notre santé et celle des autres être vivants sur la planète. Les chercheurs britanniques en charge de l'étude en question suggèrent en revanche d'actualiser les politiques climatiques afin de tenir compte de l'effet de l'ozone stratosphérique sur le climat, notamment en réduisant d'autant plus nos émissions d'autres gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone, le méthane ou le protoxyde d'azote.

Référence de l'article :

Le revers de la médaille? La guérison de la couche d'ozone profite à notre santé, mais pas au climat, Geo (26/08/2025), Nastasia Michaels