Goutte froide en France : pourquoi est-ce si difficile de prévoir les régions impactées par les pluies et les orages ?

Nuages, pluies et orages, voire inondations, ont concerné ces dernières heures certaines régions de France, en lien avec le passage d'une goutte froide sur notre pays. Comment expliquer cette situation si difficile à prévoir ?

La goutte froide est en train de quitter notre pays par l'Est, cette goutte froide qui a provoqué tant d'orages, de pluies et parfois d'inondations très localement depuis mardi. Aujourd'hui, le temps reste très instable entre le Sud-Ouest, les régions centrales et les frontières de l'Est, avec encore des cumuls de précipitations importants, notamment sous les orages ou averses.

Mais hier, c'est une journée historique qu'ont vécu certaines villes du centre du pays : des cumuls de pluie jamais vu à Chartres, avec 105mm tombés en 12h seulement (dont 84mm en 6h, 52mm en 3h), l'équivalent de deux fois ce qu'il tombe normalement en août. Record de pluie aussi à Fontainebleau, avec 84mm tombés en 12h (82mm en 6h !). Comment expliquer cette situation ?

Une toupie instable

Une goutte froide est une toute petite bulle d'air froid en altitude, qui prend sur les cartes d'analyse la forme d'une goutte d'eau (une goutte d'air froid dans un océan d'air chaud, d'où son nom). Lorsqu'elle se confronte à de l'air plus chaud près du sol, le choc des masses d'air créé de l'instabilité, et autour du centre de la goutte froide, comme autour d'une toupie, nuages et pluies s'enroulent.

La goutte froide est un événement à toute petite échelle, un rouage extrêmement sensible, qui fait varier la météo du tout au tout : les différences de temps sensible entre prévisions et réalité nous font parfois perdre notre crédibilité !

Avec ce conflit entre air chaud et air froid, des orages se forment parfois : or, près du centre de la goutte froide, il y a peu ou pas de vent, peu ou pas de flux dominant, ces orages ont donc parfois du mal à se déplacer. On parle d'orages stationnaires, qui déversent parfois des quantités énormes de pluie en peu de temps, comme mardi dans les Côtes-d'Armor.

Hier, c'est un axe pluvieux stationnaire, qui a pivoté très lentement sur le Nord du pays, qui a donné ces cumuls de pluie historiques entre l'Eure-et-Loir, le Sud de la Seine-et-Marne et l'Yonne. En même temps que se déplaçait la goutte froide, les pluies s'enroulaient autour d'elle et passaient et repassaient sur ces mêmes départements, d'où les inondations locales.

Mais pour les prévisionnistes, tout ceci est un travail d'orfèvre : certes, nous savions que le potentiel de fortes pluies existait, vu tout l'air chaud accumulé en basses couches avec la récente canicule. Mais il suffit que la goutte froide se décale de quelques dizaines de kilomètres pour qu'une région se retrouve sous des trombes d'eau, alors qu'on y prévoyait un temps sec, et vice-versa.

Le déplacement d'une goutte froide est le pire phénomène à prévoir : cela met le bazar dans toutes les cartes météo, et nous fait parfois perdre notre crédibilité. C'est un événement à toute petite échelle, un rouage extrêmement sensible, qui fait varier la météo du tout au tout : à Fontainebleau hier, 82mm de pluie en 24h, et à peine 1mm de pluie à Paris, 70km plus au Nord !