Glacier en danger : l'extension d'un téléphérique dans les Hautes-Alpes continue de diviser
Depuis six ans, un projet de construction sur le glacier de la Girose menace la tranquillité de ce sanctuaire de la vie sauvage. Militants et habitants, ainsi que des scientifiques, multiplient les actions pour demander un autre modèle de tourisme.

À la frontière entre l'Isère et les Hautes-Alpes, au village de La Grave, se profile la construction d'un troisième tronçon de téléphérique qui sème la discorde depuis maintenant 6 ans. Le projet est prévu sur le glacier de la Girose, une étendue quasi vierge dont le sommet n'est accessible, aujourd'hui, qu'à pied ou à ski.
Les partisans et les opposants continuent de se diviser
Les promoteurs souhaitent construire une télécabine de 35 places pour atteindre les 3600 mètres d'altitude et offrir une vue sur tout le massif des Écrins, un projet chiffré à 14 millions d'euros. L'ambition ? Anticiper l'avenir de la station face au réchauffement climatique et créer une attraction touristique majeure.
« On va pouvoir monter les enfants, les familles, les personnes à mobilité réduite, les personnes âgées », déclarait Fabrice Bouttet, directeur général de Sata group derrière cette initiative, à TF1. Sauf que militants écologistes, habitants, et aujourd'hui, scientifiques de tous horizons s'opposent à cette construction pour préserver le glacier.
Un projet régulièrement attaqué
En 2023, alors que le permis de construire est officiellement déposé, les opposants font barrage immédiatement, comme l'explique Libération. Leur argument clé ? Une fleur. Les chercheurs Sébastien Lavergne et Sébastien Ibanez se rendent sur le glacier et confirment la présence de l’androsace du Dauphiné, une espèce protégée non prise en compte par le permis de construire. Pas suffisant pour la justice.
Dimanche 8 Octobre - 2ème jour d'occupation du chantier du 3ème tronçon du téléphérique sur le glacier de la Girose par les Soulèvements de la terre et marche organisée par #LaGraveAutrement et @MWFrance rejointe par @lessoulevements. pic.twitter.com/c3ONWyPItF
— Les Soulèvements de la terre (@lessoulevements) October 8, 2023
Quelques mois plus tard, ce sont les militants des Soulèvements de la Terre qui installent un campement à 3 400 mètres d’altitude et y créent une ZAD (zone à défendre) qui parvient à stopper les travaux préparatoires jusqu'à l'hiver. Aujourd'hui, le chantier n'a toujours pas repris, dans l’attente du jugement contre le permis et face à la menace du retour des zadistes.
En novembre 2023, lors du One Planet Polar Summit de Paris, les opposants obtiennent le soutien de l'État, et notamment d'Emmanuel Macron qui s'engage à « la mise sous protection forte » des glaciers du pays « d’ici 2030. » Depuis, 18 géographes, botanistes, historiens, sociologues, climatologues et géomorphologues ont co-écrit le recueil Glacier de la Girose, versant sensible (éditions du Naturographe), dans l'espoir de « faire de la science un pilier de la vie démocratique. »
Références de l'article :
Libération, Résistance Téléphérique du massif alpin des Ecrins : les chercheurs au sommet de la lutte
TF1, Hautes-Alpes : l’extension d'un téléphérique sème la discorde
Reporterre, Glacier en danger : une nuit à la zad la plus haute d’Europe