Fortes pluies, crues, neige juste avant Noël : pourquoi cet épisode méditerranéen sort-il de l'ordinaire ?

    L'épisode méditerranéen et cévenol en place depuis vendredi près de la Méditerranée va marquer une pause ce mercredi. En quoi a-t-il été exceptionnel pour la saison ? Quels paramètres sortent vraiment de l'ordinaire ?

    Prétexte crues inondations France route barrée
    8 départements ont au total été concernés par une vigilance de niveau orange (rouge même pour l'Hérault) au cours de cet épisode méditerranéen et cévenol.

    En raison de la proximité d'une dépression au large de la Bretagne, et d'une goutte froide positionné sur les Baléares, un flux de Sud-Est perturbé s'est durablement mis en place depuis vendredi près de la Méditerranée. Des remontées humides et instables ont concerné l'Occitanie, la région PACA et la Corse : en quoi cet épisode méditerranéen fut-il particulier voire exceptionnel ?

    Un épisode tardif et durable

    Nous avions l'habitude des épisodes méditerranéens de la fin de l'été ou de l'automne, mais celui-ci est vraiment tardif pour la saison, arrivant au début de l'hiver calendaire. Toutefois, cette situation n'est pas inédite : de tels épisodes se sont déjà produits début décembre en 2003, ou encore mi-décembre en 2019. En plein hiver, on a déjà recensé des épisodes pluvieux intenses dans les Cévennes et la Provence à la mi-janvier 1978 et au début février 1996.

    Cet épisode est néanmoins tardif, mais sur le même principe qu'un épisode automnal : l'eau de la Méditerranée, encore chaude par rapport aux moyennes de saison, s'évapore, forme des nuages, qui viennent se bloquer sous l'influence du flux de Sud ou de Sud-Est sur les reliefs (les Cévennes et les Alpes du Sud) avant de déverser leurs pluies. Comme de l'air froid est présent en altitude, il vient se confronter à l'air doux méditerranéen, ce qui accentue l'instabilité.

    On peut d'ailleurs plutôt parler d'un épisode méditerranéen plutôt que cévenol, car le Var et la Haute-Corse, qui ne sont pas dans le massif des Cévennes, ont aussi été concernés. En été ou en automne, ces épisodes sont généralement brefs : sous des orages stationnaires, on peut parfois relever plus de 100mm de pluie en une poignée d'heures, ce qui provoque des crues éclairs de certains cours d'eau.

    Cette fois-ci, l'épisode a été durable, les 100mm ont parfois été atteints, mais plutôt sur une étendue de 6 à 12h, voire 24h. Au total, 8 départements ont été concernés par une vigilance institutionnelle de Météo-France : l'Hérault, le Var, le Gard, l'Ardèche, l'Aveyron, le Tarn, la Lozère et la Haute-Corse.

    4 mois de pluie en 4 jours, et beaucoup de neige !

    C'est dans les Cévennes et dans la région de Montpellier, dans l'Hérault, qu'on a recensé les cumuls de pluie les plus impressionnants, parfois jusqu'à plus de 4 mois de pluie en 4 jours (96h) ! Voici quelques valeurs : 595mm à Gorniès (Hérault, normale mensuelle : 170mm), 507 mm à Valleraugue (Gard, normale mensuelle : 175mm), 422mm à La Vacquerie (Hérault, normale mensuelle : 87mm), 391mm à Mayres (Ardèche, normale mensuelle : 163mm).

    Dans la ville de Montpellier, ce mois de décembre a été pratiquement aussi pluvieux que la moitié d'une année normale ! On comprend alors pourquoi l'Hérault a été placé en vigilance rouge crues-inondations, entre les pluies de la plaine montpelliéraine, et les pluies des Cévennes, où le cours d'eau Hérault prend sa source.

    L'autre particularité de cet épisode, avec les températures plus basses en hiver, est qu'il fut parfois neigeux, par isothermie, à très basse altitude : l'Aveyron et le Tarn notamment, sous l'influence d'un vent de Nord à l'arrière de la goutte froide ibérique, ont pu recevoir jusqu'à 15cm de neige à 400m d'altitude, 20 à 40cm dès 800m, et parfois plus de 50cm un peu plus haut.

    Du côté de Millau (Aveyron), des images impressionnantes montraient ce mardi la neige tomber sur le Tarn en furie et en crue. Fort heureusement, l'accalmie arrive ce mercredi, avec le retour d'un temps sec, ensoleillé mais venteux autour du Golfe du Lion. Mais pour la fin de semaine, c'est vers le Roussillon, certes souffrant de sécheresse, qu'il faudra surveiller les pluies intenses et parfois durables…