Et si, en France, changer notre assiette pouvait sauver des millions de vies dans le monde ?

Nos assiettes pourraient bien être le levier le plus puissant pour sauver la planète. En France, comme ailleurs, changer notre manière de manger pourrait prévenir des millions de morts prématurées et redonner vie à notre maison commune. Découvrez pourquoi.

Changer notre alimentation pourrait sauver des vies et réduire de moitié les émissions.
Changer notre alimentation pourrait sauver des vies et réduire de moitié les émissions.

Selon le nouveau rapport EAT-Lancet 2025, nos systèmes alimentaires dépassent cinq des neuf limites planétaires, ces seuils écologiques définissant un espace sûr pour l’humanité.

Aujourd’hui, près d’un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent de la production et de la consommation de nourriture. Repenser notre manière de manger pourrait donc réduire ces émissions de moitié. C’est immense. Et ce n’est pas qu’une question d’environnement.

Adopter une alimentation plus saine et durable, c’est aussi une question de santé publique : jusqu’à 15 millions de décès prématurés pourraient être évités chaque année. Des vies épargnées grâce à la prévention des maladies liées à la malnutrition ou aux excès de sucres, de graisses et de viande rouge (maladies cardiovasculaires, le diabète et certains cancers…).

Une assiette qui soigne la planète, est-ce possible ?

Pour les scientifiques de la commission, la solution ne passe pas par un régime strict, mais par un nouvel équilibre. Leur proposition, la « Planetary Health Diet », ou régime de santé planétaire, invite à manger davantage d’aliments d’origine végétale et moins de produits animaux.

Cinq des neuf limites planétaires déjà franchies le sont en grande partie à cause de nos systèmes alimentaires. @Stockholm Resilience Centre
Cinq des neuf limites planétaires déjà franchies le sont en grande partie à cause de nos systèmes alimentaires. @Stockholm Resilience Centre

Cette approche, dite flexitarienne, repose sur des bases simples : plus de fruits, légumes, légumineuses, noix et céréales complètes, et une consommation modérée de viande, surtout rouge.

Ce n’est pas une alimentation d’interdits, c’est une alimentation d’équilibre. Line Gordon, coautrice du rapport.

Si elle était adoptée à grande échelle, cette diète pourrait diviser par deux les émissions du secteur alimentaire, tout en restaurant la biodiversité. Le rapport estime qu’il faudrait augmenter la production mondiale de légumineuses jusqu’à 190 %, celle des légumes d’environ 45 %, et réduire la production animale d’un quart.

Produire autrement, consommer mieux, gaspiller moins, oui, c'est possible.

En France, la transition prend racine

En France, cette vision rejoint les ambitions de la Stratégie nationale de l’alimentation, de la nutrition et du climat (SNANC). Cette stratégie, issue de la loi Climat et Résilience promulguée le 24 août 2021, définit les grandes orientations pour une alimentation plus durable, moins émettrice de gaz à effet de serre et plus respectueuse de la santé humaine et de la biodiversité.

La SNANC est portée conjointement par les ministères de l’Agriculture, de la Santé et de la Transition écologique. Elle s’appuie sur deux outils majeurs :

  • le PNNS 5, ou Programme national nutrition santé, qui vise à améliorer la santé publique à travers de meilleures habitudes alimentaires ;
  • le PNA 4, ou Programme national pour l’alimentation, qui soutient les initiatives locales d’alimentation durable et solidaire.

L'objectif est clair : rendre cette transformation accessible à tous, pas seulement aux ménages les plus favorisés. Car aujourd’hui, les 30 % les plus riches de la population mondiale génèrent plus de 70 % des impacts environnementaux liés à l’alimentation, tandis que moins de 1 % des habitants de la planète vivent dans un espace « sûr et juste ».

En France, la SNANC cherche donc à réduire ces écarts, en soutenant les agriculteurs dans la transition, en favorisant les circuits courts et en intégrant la justice sociale dans la politique alimentaire. Sur le papier, la voie est tracée. Sur le terrain, le défi reste immense. Le chemin est encore long.

Manger autrement, c'est aussi choisir « la vie » ?

Transformer notre alimentation est une formidable opportunité de cohérence. D’après la commission EAT-Lancet, les bénéfices d’un tel changement pour la santé, les écosystèmes et le climat seraient dix fois supérieurs aux coûts nécessaires pour y parvenir.

Le défi n’est pas uniquement de produire différemment, mais de repenser la place de la nourriture dans nos vies et dans nos territoires.

Partout en France, la multiplication des menus végétariens dans les cantines et le développement des projets alimentaires territoriaux engagés dans l’agroécologie constituent des signes encourageants de la transition alimentaire.

Références de l'article

Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. (2025, 5 août). Consultation publique : projet de Stratégie nationale pour l'alimentation, la nutrition et le climat.

EAT-Lancet 2025 : Global food transformation needed to ease pressure on the planet and save millions of lives. Stockholm Resilience Centre