Et si, dix ans après l'Accord de Paris, le changement le plus spécatulaire n'était pas climatique, mais humain ?
Dix ans après l'Accord de Paris, une décennie a déjoué les pronostics ! L'essor spectaculaire des énergies propres et l'engagement croissant, des décideurs aux citoyens, dessinent un optimisme mesuré, prouvant que l'action humaine est le véritable moteur du changement.

En 2015, près de 200 pays ont scellé un pacte historique : l’Accord de Paris. Leur promesse collective était de maintenir le réchauffement « bien en dessous de 2 °C ». À l’époque, la planète, sans action concrète, filait droit vers +4 °C à l’horizon 2100, un scénario brûlant.
Dix ans plus tard, les chiffres racontent une autre histoire : grâce à l'adoption de politiques climatiques, aux bonds technologiques en matière d'énergies propres et à une ambition renouvelée, cette projection a chuté pour se situer désormais autour de 2,6 °C. C'est un tournant majeur qui prouve que l’action humaine paie.
Mais attention : bien que l'Accord de Paris ait réussi à nous écarter du pire, cette projection de 2,6 °C reste synonyme d'une planète dangereusement chaude.
L'objectif est clair, net et non négociable : atteindre le zéro émission nette de CO₂ d’ici le milieu du siècle.
La vague solaire et éolienne
L’énergie solaire, en particulier, a connu une progression vertigineuse : 553 gigawatts installés en 2024, soit une croissance 1 500 % plus rapide que prévue par l’AIE en 2015. Ensemble, le solaire et l’éolien représentent désormais plus de 90 % des nouvelles capacités électriques mondiales, et pour la première fois, les renouvelables ont dépassé le charbon dans le mix électrique mondial au premier semestre 2025.
Cette montée en puissance a été rendue possible par une chute spectaculaire des coûts. Le coût actualisé de l’électricité solaire (LCOE) a diminué de 66 % depuis 2014 et de 99,9 % depuis 1975. Le coût de l’éolien offshore, lui, a reculé de 62 % depuis 2010, tandis que les prix des batteries ont encore baissé de 20 % rien qu’en 2024, rendant le solaire couplé au stockage compétitif face au charbon et au gaz dans plusieurs grandes économies.
Accélération de l'électrification des transports
Le secteur des transports, longtemps ancré dans les énergies fossiles, s’est engagé dans une mutation profonde. En 2015, 1 voiture sur 100 vendue dans le monde était électrique. En 2025, c’est désormais 1 sur 5, et même 1 sur 2 en Chine, 20 % au Royaume-Uni, et jusqu’à 95 % en Norvège.
Cette accélération a permis d’éviter la consommation de 1,8 million de barils de pétrole par jour en 2024, soit l’équivalent de la production quotidienne du Mexique. Les chaînes de fabrication de véhicules électriques et de batteries emploient aujourd’hui 2,7 millions de personnes à travers le monde, un secteur en pleine expansion.

En 2025, 2 200 milliards de dollars sont injectés dans les technologies d’énergie propre, soit le double des dépenses consacrées aux énergies fossiles (1 100 milliards). Sur ce total, 860 milliards vont à la production d’électricité renouvelable et nucléaire. En Chine, la « clean economy » représente désormais 10 % du PIB national, soit 1 900 milliards de dollars, et croît trois fois plus vite que le reste de l’économie.
Montée des politiques climatiques
Cette année, 83 % de l’économie mondiale est désormais couverte par des objectifs de neutralité carbone, dont 19 pays du G20. Le monde compte plus de 5 000 lois et politiques climatiques, contre 1 200 en 2015, et près de 70 pays se sont dotés de lois-cadres sur le climat.
Le nombre de conseils nationaux du climat a, lui, triplé (de 8 en 2015 à 26 en 2024). En parallèle, les litiges climatiques portés devant les tribunaux ont bondi, culminant en 2021, preuve d’une responsabilisation croissante des gouvernements et des entreprises face à l’urgence climatique.
L'humain au cœur de la transition ?
Les emplois dans les énergies renouvelables ont presque doublé depuis 2015, passant de 8,5 à 16,2 millions en 2023. La Chine concentre 7,4 millions de ces emplois, l’Union européenne 1,8 million et l’Inde plus d’un million.
Si l’on élargit à tout le secteur énergétique, l’énergie propre emploie aujourd’hui 36,2 millions de personnes, contre 33 millions dans le pétrole, le gaz, le charbon et les moteurs thermiques. La transition énergétique, souvent perçue comme une contrainte, s’affirme désormais comme un moteur économique et social majeur.
Mais le changement le plus marquant est peut-être celui de la connaissance. La science de l’attribution climatique, autrefois balbutiante, permet désormais de relier avec certitude les vagues de chaleur extrêmes à l’activité humaine.
Cette prise de conscience se traduit aussi sur le terrain : les primes d’assurance ont grimpé de 30 % à 50 % depuis 2020 dans les zones à risque, tandis que certaines compagnies se retirent des régions côtières américaines. Autant de signaux qui rappellent que, face à la crise climatique, le changement le plus spectaculaire est peut-être celui de notre lucidité et de notre volonté d’agir.
Référence de l'article
Lang, J. (2025, 28 Octobre). 10 Years Post‑Paris: A decade that defied predictions [Infographic]. Energy & Climate Intelligence Unit.