En France, 750 000 personnes âgées vivent en situation de « mort sociale » selon Les Petits Frères des pauvres

La sonnette d'alarme est à nouveau tirée par l’association Les Petits frères des pauvres : le nombre de nos aînés en situation d'isolement extrême a explosé ces dernières années, avec une augmentation de 150% en 8 ans. 750 000 personnes vivent aujourd'hui sans aucun lien social, amical ou de voisinage.

En France, 750 000 seniors ne rencontrent jamais ou quasiment jamais personne.
En France, 750 000 seniors ne rencontrent jamais ou quasiment jamais personne.

Nos aînés sont de plus en plus nombreux à se sentir dans un isolement extrême, 750 000 plus précisément. Cela représente 4 % des 18 millions de plus de 60 ans qui vivent en « mort sociale », autrement dit avec un lien avec l'extérieur quasi voir totalement inexistant.

« Je suis seule, seule jusqu’à la fin. Tout le monde comprendra seulement quand la vieillesse viendra », Anne-Marie, 86 ans.

Une personne âgée sur deux, soit neuf millions de Français, passe des journées entières sans sortir de chez elle, surtout en milieu rural. Plus de quatre millions disent que le sentiment de solitude persiste depuis au moins plusieurs années et un tiers n’ont personne pour aller se promener ou parler de choses personnelles.

Un isolement qui s'aggrave

L'étude CSA, réalisée en avril 2025 à la demande de l’association Les Petits frères des pauvres, mesure tous les quatre ans depuis 2017 l'isolement des personnes âgées, en prenant en compte quatre cercles de sociabilité : le lien familial, amical, de voisinage et associatif. En 8 ans, le nombre de personnes âgées en situation de mort sociale a bondi de 150%.

L'association explique que derrière l'expression de « mort sociale », volontairement forte, « se cachent des réalités tragiques : des vies réduites au silence, parfois jusqu’au drame de la “mort solitaire” », lorsque des aînés sont retrouvés chez eux après plusieurs semaines, voire plusieurs mois, sans que personne ne se soit inquiété de leur absence.

L'impression d'être « inutile »

« Je n’ai jamais été mariée et n’ai pas eu d’enfants. Je me suis beaucoup occupée de mes parents et à leur mort, je me suis retrouvée dans une grande solitude », partage Michelle S., âgée de 83 ans. Sa vie sociale se résume à une conversation épisodique avec une amie en province et une balade une fois par mois avec un couple de voisins. « J’ai l’impression d’être inutile, je me demande pourquoi je suis sur Terre car je n’ai pas de but, sans enfant, ni famille ».

Deux millions de seniors sont isolés des cercles familiaux et amicaux, un nombre qui a plus que doublé (+ 120 %) depuis 2017, selon le baromètre. Le vieillissement de la population explique cette explosion, ainsi que la rupture des liens sociaux pendant la crise du Covid. Les plus fragiles n’ont jamais retrouvé leurs habitudes d’avant, selon l'association.

Une urgence encore trop ignorée des pouvoirs publics

Yann Lasnier, délégué général des Petits Frères des Pauvres, dénonce une politique de l’autruche : « Le diagnostic est posé depuis des années et empire sous nos yeux. Pourtant, les pouvoirs publics se contentent de demi-mesures et de bricolages. »

L'association appelle à des politiques publiques ambitieuses, un repérage plus efficace, un soutien renforcé aux initiatives locales, et surtout, un sursaut collectif : « chacun peut être un maillon de lien social. »

Références de l'article :

Petits Frères des Pauvres, 3e baromètre de l’isolement des personnes âgées en France 2025 : augmentation dramatique de la mort sociale

Le Figaro, 750.000 personnes âgées vivent en situation d’isolement extrême, selon Les Petits Frères des pauvres