Déluge terrible en Inde : le réchauffement climatique est-il en train de dérégler la mousson ?

Alors que l'Inde est depuis plusieurs semaines inondée par des pluies et des crues destructrices, les experts du ciel s'interrogent : et si la mousson était déréglée par le réchauffement climatique ?

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L'urbanisation rapide, l'artificialisation des lits de rivières et les constructions d'infrastructures massives aggravent aussi les conséquences de la mousson.

Des rivières qui sortent de leur lit et se transforment en torrents, des glissements de terrain, des récoltes perdues, des déplacements massifs de populations et déjà plus de 2200 morts : l'Inde est frappée par un déluge inédit depuis plusieurs semaines, avec des pluies records et dévastatrices ! La mousson, classique en cette saison, aurait-elle été dérèglée par le réchauffement climatique ?

Jusqu'à 1000% de pluie en plus par rapport à la normale !

L'Inde vient de connaître l'un des épisodes de mousson les plus violents de ces dernières décennies : la moitié du pays a été submergée par des pluies diluviennes, depuis les montagnes de l'Himalaya jusqu'aux plaines du Nord, avec des villages entiers sous les eaux. "C'est la nouvelle normalité" avec le changement climatique, estiment certains climatologues.

La région du Pendjab a connu sa pire inondation depuis 1988, et au total, entre le 28 août et le 3 septembre, les précipitations ont été supérieures de 180% à la normale dans le Nord-Ouest du pays, et de 73% dans le Sud. Et l'épisode n'est toujours pas terminé ! Dans certaines régions, les précipitations ont même été supérieures de 1000% à la normale en seulement 24h, un chiffre dingue !

Selon les scientifiques, le phénomène de mousson aurait été bouleversé par le réchauffement climatique : l'atmosphère, d'abord, est beaucoup plus chargée en humidité, en raison du réchauffement des océans Indien et Arabique. Par ailleurs, les pluies ne s'étalent plus pendant 4 mois, mais tombent désormais localement et de manière brutale et dévastatrice.

D'après Akshay Deoras, climatologue à l'université de Reading, au Royaume-Uni, on parle de "tango atmosphérique", c'est-à-dire une relation directe entre la mousson et les perturbations arrivant dans le flux d'Ouest. La mousson représenterait le canon à eau chargé, et les perturbations la gâchette. Avec le réchauffement climatique, la gâchette est désormais "pressée avec force"...

Le rôle des activités humaines

Lorsque la pluie s'abat dans les États himalayens, les champs de neige fondent parfois en un jour ou deux, et la masse d'eau dévale ensuite les vallées, provoquant de terribles torrents meurtriers et des coulées de boue. Le dégel accéléré des glaciers, la disparition du pergélisol et la surcharge des lacs glaciaires aggravent encore le risque de pluies torrentielles éclairs.

Mais outre ces dérèglements naturels, les activités humaines entrent aussi en jeu pour aggraver les conséquences de la mousson : l'urbanisation à outrance, l'artificialisation des lits de rivières, ou encore la construction de grands bâtiments abîment les écosystèmes, en détruisant notamment les systèmes de drainage naturels.

Lorsque des pluies extrêmes arrivent, alors les catastrophes sont inéluctables, selon Anjal Prakash, spécialiste du climat et auteur pour l'ONU. Les fermiers du Pendjab ont d'ores et déjà perdu avec cet épisode de mousson en blé, paddy et maïs, l'équivalent de 6800 euros en moyenne. Et les aides du gouvernement se font attendre…

Selon les chercheurs, ce type de catastrophe se répètera et s'intensifiera à l'avenir avec le réchauffement accéléré de la planète : il va donc falloir, pour l'Inde et toute l'Asie, anticiper ces épisodes de pluies extrêmes pour éviter leurs conséquences désastreuses.

Référence de l'article :

GEO. Déluge sans précédent en Inde : comment le réchauffement climatique dérègle-t-il la mousson ?