Dans quels produits d'hygiène a-t-on découvert, selon une étude, des traces de PFAS, ces "polluants éternels" ?
Sommes-nous empoisonnés au quotidien ? Une étude révèle la présence de "polluants éternels" dans des produits d'hygiène très utilisés. Plus grave encore : ces PFAS seraient-ils intégrés intentionnellement dans ces produits ?

C'est une nouvelle particulièrement inquiétante que nous apprend une étude américaine publiée mardi 22 juillet dans la revue Environmental Science & Technology Letters : des traces de "polluants éternels", les fameux PFAS, auraient été détectées dans certains produits d'hygiène féminine. Comment l'expliquer ? Y a-t-il un risque pour la santé des femmes ?
Un risque lié au contact avec la peau
Cette étude a été menée par des chercheurs américains, emmenés par Marta Venier, professeure associée à l'Université de l'Indiana. Son équipé a testé 59 produits d'hygiène personnelle réutilisables provenant d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud.
"En discutant avec des fabricants, je me suis rendu compte qu'ils ne savent souvent même pas que des fournisseurs "en amont" appliquent des PFAS à leurs produits pour leur conférer les caractéristiques qu'ils souhaitent" pic.twitter.com/Yzh472NwhT
— Sciences et Avenir (@Sciences_Avenir) July 23, 2025
Il s'agit de culottes menstruelles, de serviettes hygiéniques réutilisables, de coupes menstruelles (les cups), ou encore de sous-vêtements et protections pour incontinence réutilisables. Les produits jetables ne sont pas concernés (serviettes jetables ou tampons par exemple).
Le résultat est très inquiétant : ces chercheurs révèlent la présence de PFAS, les fameux "polluants éternels", des substances chimiques persistantes, dans près d'un tiers de ces protections hygiéniques réutilisables. Des composés potentiellement nocifs pour la santé et l'environnement.
Le risque semble particulièrement important pour les adolescentes et les jeunes femmes, plus vulnérables aux effets potentiellement néfastes sur la santé. Le problème de ces produits, très populaires, est qu'ils restent en contact avec la peau pendant de longues périodes, d'où un risque d'absorption cutanée des PFAS, toutefois encore mal compris et mal évalué.
Des PFAS rajoutés intentionnellement ?
Selon ces chercheurs, les niveaux de PFAS relevés dans près de 30% des échantillons sont si élevés dans ces produits réutilisables qu'il est probable que leur incorporation ait été intentionnelle : les industriels et fabricants sont évidemment pointés du doigt. L'étude suggère que les PFAS ne sont pas des composants essentiels de ces produits.
"Plus on en connait sur les PFAS, plus on fait des tests de leau, plus on se rend compte que la pollution est omniprésente et généralisée. On est au début de commencer à découvrir ce qui pourrait être un scandale sanitaire".
— C dans l'air (@Cdanslair) July 22, 2025
Le décryptage de @llavocat J. Fourquet et @Gemenne pic.twitter.com/bG2ef00Sfa
Toutefois, les fabricants justifient leur présence en assumant que ces substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées aident à prévenir les fuites et confèrent aux textiles une résistance aux taches.
Outre les impacts sur la santé à travers le contact avec la peau, sachez qu'en lavant les cups, serviettes et textiles réutilisables, ces PFAS sont libérés dans les systèmes d'eaux usées puis dans notre environnement. Quasiment indestructibles, ils s'accumulent ensuite avec le temps dans l'air, le sol, l'eau, la nourriture, puis dans notre sang, le tissu de nos reins ou notre foie.
Alors que les connaissances sur les risques sanitaires liés aux PFAS sont encore insuffisantes, il y a des suspicions sur certaines pathologies cancéreuses et sur des impacts probables sur le système immunitaire.
Références de l'article :
Geo. Des traces de PFAS, ces "polluants éternels", détectées dans des produits d'hygiène féminine.
A. Wicks et al., Environmental Science & Technology Letters, 2025. Per- and Polyfluoroalkyl Substances in Reusable Feminine Hygiene Products.