Inactivité physique : comment aménager nos espaces pour améliorer notre santé ?
Le manque de motivation n’est pas la seule explication au mode de vie trop sédentaire qui s’est installé insidieusement dans nos sociétés modernes. Le manque d’investissement public, le manque d’infrastructure ou encore, le sentiment d’insécurité jouent un rôle prépondérant qu’il faut prendre en compte. Alors, que peut-on faire pour améliorer nos espaces ?

Partisan du moindre effort. On avoue l’être parfois, telle une boutade, car selon nous, c’est sans grande conséquence. Pourtant, les répercussions sur la santé peuvent être particulièrement nocives et surtout, cela n’a rien d’une blague. C’est la pure vérité : biologiquement parlant, nous sommes programmés pour faire le moins d’effort possible. Résultat : Selon l’Anses (agence de sécurité sanitaire française), pas moins de 95 % des adultes risquent d’avoir des problèmes de santé à cause de leur mode de vie trop sédentaire.
Objectif pour 2023 pour l’OMS : réduire l’inactivité d’au moins 15 %
Les chiffres sont inquiétants. En septembre dernier, Santé publique France annonce dans son rapport que les enfants, les femmes et les personnes défavorisées sont les plus touchés par l’inactivité physique et donc, les populations les plus à risque. Au niveau mondial, la situation est tout aussi alarmante. Les USA, le Mexique ou encore la Nouvelle-Zélande sont particulièrement touchés par ce fléau. En 2022, la population mondiale était sédentaire à 31,3 % en 2022, contre (déjà) 23,4 % en 2000. Enfin, dernière statistique qui n’annonce rien de bon : actuellement, chez les adolescents âgés de 11 à 17 ans, ils sont 80 % à ne pas effectuer l’heure quotidienne d’activité physique.
Les inégalités sociales sont aussi la raison du fossé créé entre les personnes ayant une hygiène de vie saine et les personnes plus sédentaires
Mais alors, sommes-nous tout simplement fainéants ? Est-ce vraiment et complètement de notre faute ? Pas vraiment. En réalité, pointer du doigt notre motivation personnelle et notre discipline comme seule excuse, sans prendre en compte les facteurs extérieurs serait non seulement réducteur, mais également inutile, puisque insuffisant pour expliquer la situation actuelle. C’est tout un ensemble qui permet d’expliquer pourquoi nous en sommes arrivés là et cela commence dès l’époque où l’homme devait activer le mode survie pour s’éloigner du danger.
A cette époque, conserver au maximum son énergie n’était pas de la paresse, mais au contraire la bonne chose à faire pour accroître ses chances de survie, en n’utilisant toujours qu'un minimum de ses ressources. Seulement voilà, ces temps-là sont révolus. Plus besoin d’aller chasser pour manger ou de se battre contre des bêtes pour éloigner le danger. L’ennui, c’est que nous avons gardé ce trait, qui nous donne envie de nous allonger sur le canapé en mangeant des chips, plutôt que d’aller courir un semi-marathon, de façon naturelle.

Le problème, ce sont les espaces dans lesquels nous évoluons. Le psychologue Bronfenbrenner explique le modèle écologique de développement humain moderne. Cette théorie affirme qu’il est nécessaire d’observer non seulement les facteurs individuels, mais également les infrastructures existantes, les initiatives extérieures ou encore, les politiques publiques. En somme, y a-t-il des pistes cyclables propres et sécurisées pour inciter à pédaler, plutôt qu’à conduire ? Les salles de sports, s’il y en a, sont-elles modernes ou vétustes ? Y a-t-il des espaces verts ?
Tout cela, combiné au sentiment d’insécurité que peuvent ressentir certaines catégories de population, telles que les femmes, les jeunes, ou encore les personnes défavorisées, s’ajoute à la simple “fainéantise”. Il est urgent de repenser nos espaces, de les rendre sécurisés et d’associer l’activité physique à un sentiment positif, pour diminuer cette sensation d’effort. C’est de cette façon que l’on pourra peut-être inverser la tendance.