Changement climatique : vers des pertes financières astronomiques et insurmontables ? Quelles solutions ?
Une nouvelle étude révèle que plus de 1 140 milliards de dollars d’actifs d’entreprise sont menacés d’ici 2050. Voici pourquoi cela nous concerne tous.

Une récente étude basée sur le Climate Hazard and Vulnerability Index (CHVI) met en lumière une réalité difficile à ignorer : jusqu’à 1 140 milliards de dollars d’actifs d’entreprise pourraient être exposés, d’ici 2050, à des zones classées à très haut risque climatique.
Multiplié par 33 !
Tout d'abord, que désigne-t-on exactement par « actifs d’entreprise » ? Il s’agit de l’ensemble des biens possédés ou exploités par une entreprise pour produire de la valeur. Cela comprend des usines, des infrastructures, des équipements, des bureaux, mais aussi des points logistiques ou de distribution.
En clair, ce sont tous les lieux physiques où l’entreprise génère son activité économique, souvent répartis à travers le monde.
Actuellement, la part d’actifs situés dans des régions vulnérables au climat est estimée à 34,8 milliards de dollars. Autrement dit, si les émissions de gaz à effet de serre (GES) suivent leur trajectoire actuelle, le risque financier des grandes entreprises serait multiplié par 33 d’ici le milieu du siècle.
Cela représente une part immense de la valeur des entreprises cotées sur les marchés boursiers les plus influents au monde, le S&P 500, le DAX, le CAC 40, le Nikkei 225 et le FTSE 100.
Le CHVI : bien plus que la météo
Le CHVI, développé par des experts en climat et en économie, ne se contente pas de mesurer les événements météorologiques extrêmes. Il prend en compte trois dimensions essentielles :
- L’exposition physique à huit types de risques climatiques (inondations, sécheresses, canicules, etc.).
- La vulnérabilité socio-économique des populations locales : pauvreté, dépendance à l’agriculture, faiblesse des infrastructures.
- La capacité des pays à s’adapter, via leur stabilité politique, leur niveau de développement économique, ou encore la solidité de leurs institutions.
Ce croisement de données permet de mieux cerner les effets indirects du climat sur les entreprises : instabilité politique, tensions sociales, chute de productivité ou migrations forcées pouvant fragiliser toute une chaîne d’approvisionnement.
Les pays émergents en première ligne
Parmi les 48 pays classés à « très haut risque » d’ici 2050, on retrouve de nombreuses économies émergentes cruciales pour l’économie mondiale : l’Inde, le Nigeria, le Kenya, le Bangladesh ou encore le Pakistan. Ces pays concentrent une grande partie des chaînes de production, de transformation ou de sous-traitance des multinationales.

L’exemple de l’Inde est frappant : elle concentre à elle seule plus de 1 000 milliards de dollars d’actifs liés aux cinq principales places boursières mondiales. Et pour cause : l’Inde est à la fois une puissance économique montante et un pays très vulnérable au climat, avec une population exposée à l’agriculture dépendante de la mousson, à la pauvreté et à des vagues de chaleur de plus en plus intenses.
Une illusion de protection dans les pays riches ?
On pourrait croire que les pays du Nord sont à l’abri. Après tout, ils disposent d’infrastructures solides et d’institutions stables. Pourtant, leur exposition indirecte est massive : les entreprises du CAC 40, par exemple, possèdent des centaines de sites et de fournisseurs implantés dans les pays les plus vulnérables.
Franca Wolf, analyste chez Verisk Maplecroft, souligne que « les marchés évaluent les risques au niveau des entreprises, mais les vulnérabilités climatiques se manifestent là où les actifs sont réellement situés ».
Autrement dit, le siège d’une entreprise peut être à Paris, mais ses usines en Inde ou ses fournisseurs au Nigeria la rendent vulnérable aux dérèglements climatiques globaux.
Pourquoi ce constat est important ?
Parce qu’il montre que les effets du changement climatique ne seront ni lents, ni lointains, ni abstraits. Ils auront des conséquences concrètes sur l’économie mondiale, sur les investissements, sur l’emploi, et sur la stabilité politique. Et cela, dans moins de 30 ans.
Quelles solutions possibles ?
Cette étude, si alarmante soit-elle, nous offre quand même une boussole. Pour limiter les pertes, on pourra : intégrer le risque climatique dans toutes les décisions d’investissement ; renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement, notamment dans les zones les plus sensibles.

Ainsi, il faut urgemment accompagner les pays vulnérables dans leur adaptation, au lieu de les abandonner à leur sort, et enfin, réduire massivement les émissions, pour rester en deçà des scénarios les plus catastrophiques.
En somme, il faut voir le changement climatique non plus comme une contrainte, mais comme une opportunité à agir dans la bonne direction. Une chance unique de transformer notre système économique en un modèle plus stable, plus résilient, respectueux de l’humanité et de l’environnement.
Source de l'article
Middleton, J., & Babalola, J. (2025, avril 30). $1.14 trillion in corporate value located in countries most at risk from climate upheaval. Verisk Maplecroft.