Selon des géoscientifiques, le pôle nord pourrait glisser de 30 mètres à l’ouest avant 2100. Vers un basculement ?
Un rapport récent révèle que le volume d’eau ajouté aux océans par la fonte des glaces liée au changement climatique pourrait déplacer la position du pôle Nord d’environ 30 mètres vers l’ouest d’ici 2100.

Les résultats d’une étude récente montrent que la fonte drastique des glaces liée au changement climatique pourrait entraîner un déplacement de la position des pôles géographiques de la Terre dans les années à venir, selon Live Science. À mesure que les calottes glaciaires fondent et que la masse océanique se redistribue autour de la planète, les pôles Nord et Sud géographiques pourraient se déplacer jusqu’à 27 mètres d’ici 2100, en raison d’une modification de l’axe de rotation de la Terre.
L’étude a été publiée le 5 mars dernier dans la revue Geophysical Research Letters. Ce déplacement pourrait affecter la navigation par satellite et les engins spatiaux, selon les chercheurs. Moins de 30 mètres peuvent sembler négligeables, mais à l’échelle de la vie de la planète, il s’agit d’un changement majeur en un temps très court, causé par l’activité humaine. Le volume d’eau libéré dans les océans représente une quantité d’énergie considérable que la rotation de la Terre doit désormais gérer.
***Magnetic Pole Shift Happening Now***
— SpaceWeatherNews (@SunWeatherMan) November 23, 2024
Visualize the acceleration of the disaster here. The magnetic pole was at the green dot in 1590, it went north (purple) then back south (pink) until it began its northward charge (orange) in 1853. Its speed has been accelerating quite pic.twitter.com/0iHNtCQAdP
Le rapport indique qu’à mesure que la Terre tourne, les changements dans la répartition de sa masse provoquent un léger vacillement de son axe, à la manière d’une toupie. Beaucoup de ces oscillations sont régulières et prévisibles : certaines sont liées aux variations de la pression atmosphérique et des courants océaniques, d’autres résultent des interactions entre le noyau et le manteau terrestre.
L’impact de la fonte des glaces sur l’axe terrestre
Plusieurs études récentes suggèrent que la fonte des calottes glaciaires et des glaciers pourrait également perturber la répartition de la masse terrestre et déplacer les pôles. Mais dans cette nouvelle recherche, des scientifiques de l’ETH Zurich ont combiné les données du mouvement des pôles entre 1900 et 2018 avec des projections de fonte des glaces, afin d’estimer la distance que pourraient parcourir les pôles selon différents scénarios de changement climatique d’origine humaine.

Les chercheurs ont ainsi conclu que, dans le pire scénario d’émissions de gaz à effet de serre, le pôle Nord pourrait se déplacer de plus de 27 mètres vers l’ouest d’ici 2100. Dans un scénario plus optimiste, le déplacement resterait limité à environ 12 mètres par rapport à sa position en 1900. Dans leurs simulations, l’eau de fonte provenant des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique joue un rôle prédominant, suivie par celle issue de la fonte des glaciers.
Cité par Live Science, Mostafa Kiani Shahvandi, co-auteur de l’étude et géoscientifique à l’Université de Vienne, précise : « Cet effet dépasse dans une certaine mesure celui de l’ajustement isostatique glaciaire, c’est-à-dire le rebond de la Terre solide après la dernière glaciation ». En d’autres termes, la surface terrestre s’était enfoncée sous le poids des glaces, puis s’est soulevée avec leur fonte, modifiant ainsi la répartition des masses dans la croûte terrestre et contribuant au déplacement des pôles.
Essentiel pour le positionnement global
Kiani Shahvandi a également déclaré : « Cela signifie que l’action humaine a déplacé les pôles, dans une certaine mesure, plus que les glaciations elles-mêmes ». Une modification de l’axe de rotation de la Terre pourrait avoir un impact sur la navigation des satellites et des engins spatiaux. Les scientifiques s’appuient en partie sur l’axe de rotation terrestre pour cartographier la position d’un vaisseau spatial.

Si cet axe se déplace au fil du temps, il pourrait devenir plus difficile de déterminer avec précision la position d’un engin spatial. De futurs travaux pourraient inclure l’analyse de données paléoclimatiques afin d’estimer dans quelle mesure les pôles se sont déplacés au cours des millions d’années passées, lors d’épisodes de changement climatique naturel. Selon Kiani Shahvandi, cela permettrait de mieux mesurer l’ampleur réelle de l’impact humain sur le mouvement des pôles.
Dans le résumé de l’étude, les chercheurs soulignent que « le mouvement du pôle de rotation terrestre par rapport à la croûte — appelé mouvement polaire — est de plus en plus influencé par des processus barystatiques, autrement dit par la redistribution de la masse continentale et océanique due à la fonte des calottes polaires, des glaciers mondiaux et aux variations du stockage d’eau terrestre ».
Référence de l'article :
Kiani Shahvandi, M., & Soja, B. (2025). Climate-induced polar motion: 1900–2100. Geophysical Research Letters, 52, e2024GL113405. https://doi.org/10.1029/2024GL113405