Sous la canicule, le thermomètre ne dit pas tout...alors, où se cache le vrai danger ?

Des chercheurs de Harvard et d’ailleurs l’ont montré : les canicules ne fatiguent pas seulement le corps, elles épuisent aussi le cerveau, avec des conséquences bien plus graves qu’on ne l’imagine. Quelles solutions ?

La chaleur extrême perturbe nos fonctions cognitives, notre humeur et notre santé mentale.
La chaleur extrême perturbe nos fonctions cognitives, notre humeur et notre santé mentale.

Une vague de chaleur n’est pas qu’une épreuve physique. Une étude menée par Harvard a démontré que lors d’une canicule, les fonctions cognitives des jeunes adultes déclinent jusqu’à 13 %. Moins de mémoire, moins d’attention, davantage d’irritabilité… La chaleur agit comme une chape invisible qui ralentit nos capacités cérébrales. Même des tâches simples deviennent compliquées, et ce déclin s’accentue avec l’exposition prolongée.

Or, il ne s’agit pas seulement d’une gêne passagère. Plusieurs recherches associent la chaleur à une augmentation des crises d’anxiété, à des troubles du sommeil et à une élévation de la tension artérielle. À long terme, l’épuisement répété du cerveau pourrait même accroître le risque de maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou la démence.

Quand la chaleur court-circuite notre cerveau

Notre organisme est une machine endothermique, programmée pour maintenir sa température interne stable autour de 36,8 °C. Ce rôle de « thermostat » est assuré par l’hypothalamus. Cependant, sous la canicule, ce système atteint vite ses limites. Le corps mobilise son énergie pour se refroidir, accélère le rythme cardiaque, transpire abondamment, jusqu’à l’épuisement.

Les conséquences sont directes sur le cerveau. Selon la neurologue Safaa Zahlane, la déshydratation et le stress thermique perturbent la transmission des signaux nerveux. D’où ces symptômes bien connus : maux de tête, vertiges, confusion… et parfois, dans les cas extrêmes, convulsions, hallucinations, voire coma. Les plus exposés restent les enfants, les personnes âgées, moins sensibles à la soif, et les patients souffrant de maladies chroniques ou neurologiques.

La cognition à l'épreuve de la chaleur

Dès 26 °C, plusieurs études montrent déjà une baisse mesurable des performances cognitives. C’est une détérioration sournoise : la mémoire de travail se réduit, l’attention se disperse, la capacité à résoudre des problèmes diminue. Même les interactions sociales deviennent plus tendues, car la chaleur altère la transmission de la sérotonine, ce neurotransmetteur qui régule l’humeur et l’agressivité.

La nuit n’offre pas de répit : un sommeil écourté ou de mauvaise qualité renforce l’irritabilité et le manque de concentration. Chez les personnes bipolaires, des nuits trop chaudes peuvent même déclencher des crises maniaques. La canicule installe donc une spirale de vulnérabilité cognitive et émotionnelle, parfois invisible au premier abord, mais aux effets bien réels.

Un futur où la canicule sera la norme ?

Selon l’Agence européenne pour l’environnement, l’Europe s’est déjà réchauffée de près de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Le GIEC prévoit que d’ici 2050, certaines régions françaises connaîtront quatre à six canicules par an, plus longues et plus intenses. Les étés que nous jugeons extrêmes aujourd’hui seront perçus comme « frais » par la génération suivante.

Se protéger ne relève donc pas seulement de gestes individuels : s’hydrater, rester au frais, éviter les efforts aux heures chaudes, mais aussi de choix collectifs. Il est urgent d'adapter nos villes, nos logements, nos modes de travail, mais aussi de démontrer une solidarité sans faille envers les plus vulnérables.

Références de l'article

Chartier, B. (2025, 1er août). Les canicules affaiblissent notre cerveau, voici comment. MétéoMédia.

Elisabeth B. (2023, 17 août). Lors des canicules, notre cerveau ne s’aligne pas toujours avec le thermomètre et peut nous mettre en danger. The Conversation.