Risque de démence : la pollution de l'air mise en cause par une nouvelle étude
Des chercheurs viennent de mettre en évidence le lien entre pollution atmosphérique et risque accru de démence, notamment après une exposition chronique aux particules fines. Déjà pointée du doigts dans de multiples études, la pollution de l'air semble bel et bien responsable de certaines maladies neurodégénératives.

Nos poumons ne sont définitivement plus les seuls à être fragilisés par la pollution atmosphérique. Une nouvelle étude menée auprès de 56,5 millions d'individus aux Etats-Unis et publiée le 4 septembre dans la revue Science, confirme que notre cerveau est lui aussi gravement impacté par les particules fines.
Quels sont les risques pour notre cerveau ?
Différentes études ont déjà démontré qu'une exposition chronique aux particules fines augmentait le risque d’être victime de maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Ces derniers travaux révèlent un risque accru de développer une autre forme de démence, la maladie à corps de Lewy, une pathologie qui touche près de 11 millions de personnes à travers la planète, et 200 000 en France.
La recherche s'est portée sur les conséquences de l’exposition chronique aux particules fines PM2,5. Ces dernières peuvent être inhalées et se retrouver dans le sang, le cerveau et d'autres organes. Elles favorisent l’apparition dans l’organisme d’amas de protéines qui deviennent toxiques. Ces amas, appelés corps de Lewy, détruisent les cellules nerveuses présentes dans le cerveau, ce qui provoque la maladie.
C'est confirmé par une large méta-analyse : les particules émises par la pollution parviennent à pénétrer dans notre cerveau et augmentent le risque de démence
— Sciences et Avenir (@Sciences_Avenir) July 30, 2025
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Bien que l'étude retienne que les concentrations de particules fines sont « un facteur de risque général de démence reconnu », les chercheurs précisent que « leur rôle spécifique dans le déclenchement de la démence à corps de Lewy, notamment sa trajectoire pathologique distincte par rapport à la maladie de Parkinson sans démence, reste non étudié ».
Les scientifiques alertent sur les dangers
L'équipe de scientifiques dirigés par Xiaobo Mao, neurologue directeur de l'étude, a appelé à des efforts concertés pour améliorer la qualité de l'air, en réduisant les émissions liées à l'activité industrielle, aux échappements des véhicules, en renforçant la gestion des feux de forêt et en diminuant les feux de cheminée. « L'implication la plus directe est que les politiques de qualité de l'air sont des politiques de santé cérébrale », souligne Xiaobo Mao.
« Contrairement à l'âge ou à la génétique, la qualité de l'air est quelque chose que l'on peut changer. »
L'Institut du cerveau, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, note que les maladies neurodégénératives dans leur ensemble ne sont génétiques que dans « moins de 5 % des cas », alors que les 95 % restants viennent « probablement d'une interaction entre une prédisposition génétique et des facteurs environnementaux ».
Références de l'article :
Reporterre, Risque de démence : une nouvelle étude met en cause les particules fines