Quelle dose de plastique est suffisante pour tuer les animaux marins ?
Le plastique tue les animaux marins, c’est une réalité. Mais à partir de quel seuil de plastique avalé les animaux meurent-ils ? Si jamais personne ne s’était intéressé à la question de la quantité, une équipe internationale vient de le faire.

Macroplastiques. Un véritable fléau, qui s’étend des terres jusqu’aux océans. Et si nous, êtres humains, luttons contre ce problème, les animaux, eux, le subissent de plein fouet. Notamment les animaux marins, car ce sont des millions de tonnes de plastiques que l’océan emporte, chaque année. Des côtes canadiennes aux côtes chiliennes, oiseaux, baleines ou encore tortues de mer, sont les victimes directes du plastique. Mais jusqu’à présent, personne ne s’était penché sur la question de la quantité : quelle quantité de plastique est suffisante pour tuer un animal ? C’est désormais chose faite, grâce à une équipe internationale d’experts.
L’ONG américaine Ocean Conservancy est à l’origine de cette étude
Cette étude, publiée dans la revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), repose donc sur la létalité du plastique chez les animaux. Plus précisément, l’étude s’intéresse à la dose suffisante pour que ledit plastique soit mortel. Pour cela, les chercheurs ont collecté les données concernant 10 000 autopsies d’animaux marins, réalisées entre 1900 et 2023. Un travail de grande envergure, qui permet aux scientifiques de faire un constat alarmant : le seuil mortel est « bien plus faible que ce à quoi on s'attendait », selon Erin Murphy, autrice de l’étude.
Du plastique souple au caoutchouc, le macroplastique n’épargne aucun animal
« Ces travaux permettent de mieux comprendre les bénéfices écologiques des interventions ciblant les zones de recherche de nourriture, ainsi que les matériaux dangereux », décrivent les auteurs. Selon les données, pas moins de 1300 espèces (pour la moitié d’entre elles, considérées comme menacées ou en voie d'extinction) seraient concernées par l’ingestion de plastiques de plus de 5 mm. On parle alors de macroplastiques. Par ailleurs, l’étude ne prend pas en compte l’ingestion de microplastiques ou la mort par étranglement, par des plastiques.
Ces derniers envahissent le tube digestif, qui subit de graves lésions. L’étude révèle qu’ingérer du plastique est la raison de la mort de ces animaux, dans 0,7 à 4,4 % des cas. Pour se rendre compte de l’impact de l'absorption de plastique et de son volume par un animal, les experts ont créé deux modèles. Objectif : trouver un lien entre le volume de plastique avalé et la taille du tube digestif de l’espèce, et le décès des animaux. Ils espèrent aider les décideurs de ces régions, où ces animaux vivent.

« Au-delà des résultats que nous présentons, notre approche de modélisation peut servir d'outil pour les décideurs, afin qu’ils puissent explorer la probabilité de mortalité dans leur région. Il pourra être mis à jour au fur et à mesure que de nouvelles données sont disponibles » concluent les scientifiques. Ces derniers divisent également les plastiques en 4 groupes. Le plastique souple, le plastique rigide, le caoutchouc et enfin, les débris dus à la pêche. Et en fonction de l’animal, le plastique absorbé n’est pas le même.
Pour les scientifiques, l’étape de la quantification est indispensable. « Cette recherche contribue à une meilleure compréhension scientifique de la probabilité de mortalité liée à l'ingestion de plastique et peut éclairer les cadres de surveillance, d'évaluation des risques et de gestion ». Ayant participé à l’écriture d’une loi visant à baisser l'utilisation de plastique à usage unique de 25 %, l’ONG espère que les politiques sur le sujet vont évoluer.
Références de l’article :
Quel est le seuil de plastique létal pour la faune marine ?
Une dose infime de plastique peut tuer la faune marine, alerte une étude
Quand le plastique ne tue pas, il met en danger la vie des oiseaux marins