Les mécanismes biologiques à l’origine de l’ouverture de la mer Rouge sont révélés

Une étude récemment publiée apporte un nouvel éclairage sur la formation de ce qui pourrait être l’océan le plus jeune de la planète, ajoutant une pièce importante à notre compréhension des processus géologiques profonds qui façonnent la Terre.

Vue aérienne de la récente activité volcanique fissurale à l’ouest de l’Arabie Crédits : Luigi Vigliotti, CNR
Vue aérienne de la récente activité volcanique fissurale à l’ouest de l’Arabie Crédits : Luigi Vigliotti, CNR

Une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Communications, apporte un éclairage inédit sur la formation de ce qui pourrait être l’océan le plus jeune de la planète : la mer Rouge, aujourd’hui l’une des zones géologiquement les plus actives au monde et un véritable laboratoire naturel pour comprendre la genèse des océans et les mécanismes à l’œuvre dans la dérive des continents.

L’étude s’est concentrée sur des roches ignées (gabbros et dykes basaltiques) du complexe de Tihama Asir, dans le sud de l’Arabie saoudite, formées lors des premières phases d’ouverture de la mer Rouge, il y a environ 25 millions d’années. L’objectif était de mieux comprendre le rôle du magmatisme profond dans les processus de rupture de la croûte continentale et dans la formation ultérieure d’un bassin océanique.

L’étude

Les résultats révèlent que les magmas, issus de la fusion partielle de l’asthénosphère — la partie plastique du manteau terrestre située sous la croûte —, ont interagi avec d’anciennes portions de la croûte inférieure avant de s’accumuler dans des chambres magmatiques plus superficielles, avec une contamination minimale de la croûte supérieure.

Ce processus — déclenché par la combinaison de la remontée du manteau profond via le panache chaud d’Afar et des forces tectoniques extensives induites par la subduction le long de la chaîne des Zagros, en Iran — a conduit à un affaiblissement thermique de la croûte inférieure, favorisant sa déformation en profondeur et permettant à l’asthénosphère de remonter à la place du manteau lithosphérique continental.

Il a ainsi été démontré que le magmatisme peut non seulement favoriser la fragmentation des continents, mais aussi la freiner en retardant l’apparition d’une nouvelle croûte océanique. En particulier, comme dans le cas étudié, le magma peut temporairement épaissir une croûte continentale en cours d’amincissement, en contribuant à absorber l’extension par des intrusions continues de dykes. En d’autres termes, la naissance d’un océan peut être un processus plus lent et complexe qu’on ne le pensait auparavant.

La mer Rouge, une fenêtre géologique sur le passé

« La mer Rouge est une fenêtre ouverte sur les processus qui, il y a des millions d’années, ont donné naissance aux autres océans de la Terre », explique Marco Ligi du CNR-Ismar, qui a coordonné la recherche aux côtés de ses collègues Alessio Sanfilippo de l’université de Pavie et Sandro Conticelli de l’université de Florence.

« Comprendre son évolution, c’est aussi approfondir nos connaissances sur les ressources géothermiques, la dynamique tectonique, et même les migrations de la faune, y compris celles des hominidés hors d’Afrique. »

L’étude représente une avancée majeure dans la compréhension des processus géologiques profonds qui façonnent notre planète. Elle propose un modèle applicable à d’autres contextes de rifting continental sur Terre, et par extension, à d’autres environnements planétaires similaires.

Notre exploration du fonctionnement interne de la Terre — la seule planète que nous pouvons observer et analyser directement — nous permet de jeter des ponts vers une meilleure compréhension de l’Univers, de l’évolution des planètes et, surtout, de l’origine de la vie ainsi que des mécanismes qui permettent à celle-ci de se propager et de coloniser d’autres mondes potentiellement habitables comme la Terre.

Cette recherche, menée en collaboration avec le Saudi Geological Survey, a mobilisé plusieurs institutions : le Conseil national de la recherche italien, avec l’Institut des sciences marines de Bologne (CNR-Ismar) et l’Institut de géologie environnementale et de géo-ingénierie de Rome Montelibretti (CNR-IGAG), le Département des sciences de la Terre et de l’environnement de l’université de Pavie, le Département des sciences de la Terre de l’université de Florence, ainsi que le Département de physique et de géologie de l’université de Pérouse.

Référence de l'article :

Sanfilippo, A., Ligi, M., Avanzinelli, R. et al. Magmatic underplating and crustal intrusions accommodate extension during Red Sea continental rifting. Nat Commun 16, 6488 (2025). https://doi.org/10.1038/s41467-025-61598-0