Des nuits tropicales de plus en plus nombreuses : comment les arbres contribuent à rafraîchir les villes

Des villes de plus en plus chaudes et des nuits tropicales, le constat est sans appel. Mais choisir les bons arbres peut faire toute la différence.

La couleur des matériaux est importante : les rues et les toits plus clairs réfléchissent jusqu’à 30 à 50 % de rayonnement solaire en plus que les toits sombres, réduisant ainsi considérablement le réchauffement local.
La couleur des matériaux est importante : les rues et les toits plus clairs réfléchissent jusqu’à 30 à 50 % de rayonnement solaire en plus que les toits sombres, réduisant ainsi considérablement le réchauffement local.

Ces dernières décennies, le changement climatique s'est clairement manifesté par une hausse des températures minimales nocturnes, un phénomène particulièrement marqué en Europe et donc en France. L'étude montre que les « nuits tropicales », où les températures ne descendent jamais en dessous de 20°C, sont de plus en plus nombreuses partout dans le pays et sont devenues un indicateur clair de la tropicalisation du climat français.

Les nuits tropicales deviennent également plus intenses

Entre 1970 et 2023, la fréquence de ces nuits a augmenté dans presque toutes les régions, avec une intensité accrue dans le sud-est du pays, où des dizaines de nuits tropicales se produisent désormais chaque année. La tendance est non seulement à une fréquence accrue mais aussi à une intensité accrue et à un allongement de la saison (apparaissant de plus en plus tôt au printemps et se prolongeant jusqu'en automne). Pour toutes ces raisons, les populations sont exposées à des périodes d'inconfort thermique nocturne plus longues.

Les surfaces imperméables (asphalte, béton, toits sombres) absorbent la chaleur pendant la journée et la restituent lentement la nuit, ce qui explique pourquoi les villes se refroidissent à peine après le coucher du soleil.
Les surfaces imperméables (asphalte, béton, toits sombres) absorbent la chaleur pendant la journée et la restituent lentement la nuit, ce qui explique pourquoi les villes se refroidissent à peine après le coucher du soleil.

L'étude montre également que, si dans les régions côtières ces nuits sont souvent accompagnées d'une humidité relative élevée, dans les zones intérieures, elles ont tendance à être sèches, ce qui aggrave la sensation de chaleur.

Ces résultats sont préoccupants du point de vue de la santé publique, car les nuits excessivement chaudes rendent le repos difficile et sont associées à des taux de mortalité et de morbidité plus élevés lors des vagues de chaleur.

L'étude conclut que nous sommes confrontés à une « tropicalisation » de la vie nocturne avec de profonds impacts sur la qualité de vie, nécessitant une adaptation urbaine et des mesures de santé publique.

Que nous disent les études sur l’atténuation des effets ?

Parallèlement, d'autres études soulignent l'importance des arbres pour atténuer ces effets, notamment en milieu urbain. Les recherches montrent que toutes les espèces d'arbres n'offrent pas le même bénéfice thermique et que leur effet varie selon le climat, l'urbanisme et la densité des bâtiments. Dans les climats arides, comme au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord, les arbres peuvent réduire les températures diurnes d'environ 9°C, même s'ils provoquent une légère augmentation nocturne d'environ 0,4°C.

Un seul arbre adulte peut transpirer jusqu’à 500 litres d’eau par jour en été, contribuant ainsi à refroidir l’air par évapotranspiration.
Un seul arbre adulte peut transpirer jusqu’à 500 litres d’eau par jour en été, contribuant ainsi à refroidir l’air par évapotranspiration.

Dans les climats tropicaux humides, le refroidissement diurne est moindre, autour de 2°C, et s'accompagne d'un réchauffement nocturne de 0,8°C. Dans les climats tempérés, plus proches de notre climat, la réduction moyenne est de 6 °C pendant la journée, mais avec comme effet secondaire une augmentation nocturne pouvant atteindre 1,5 °C.

Il est important de noter que la combinaison d'arbres à feuilles caduques et à feuilles persistantes, notamment dans les espaces urbains ouverts, renforce les effets du refroidissement, assurant une réduction supplémentaire d'environ 0,5°C. À l'inverse, dans les zones densément urbanisées aux climats arides, les espèces à feuilles persistantes sont plus efficaces, assurant un ombrage persistant et une évapotranspiration constante.

Ces résultats soulignent que la plantation d'arbres en zone urbaine ne doit pas se faire au hasard, mais de manière stratégique. Il est nécessaire de choisir les espèces adaptées à chaque climat et contexte urbain, de les placer aux endroits stratégiques pour maximiser l'ombre et de combiner les différents types d'arbres pour favoriser le rafraîchissement.

De plus, la planification doit être coordonnée avec d'autres solutions d'« infrastructures vertes », telles que les toitures et murs végétalisés, les corridors écologiques et les surfaces perméables, qui, ensemble, renforcent la résilience des villes aux vagues de chaleur. Des exemples comme Barcelone ou Paris montrent que des stratégies comme la « règle 3-30-300 » (voir trois arbres de chez soi, assurer une couverture forestière de 30 % dans le quartier et disposer d'un espace vert à moins de 300 mètres) bénéficient à la fois au confort thermique et à la santé mentale et sociale des populations.

En résumé, les études analysées convergent vers la même préoccupation : les villes sont confrontées à des nuits de plus en plus chaudes, ce qui compromet la santé et le bien-être des citoyens. L'augmentation des nuits tropicales en Espagne illustre l'impact direct du réchauffement climatique, tandis que les études sur la foresterie urbaine révèlent que, bien que les arbres constituent l'une des solutions les plus efficaces pour atténuer la chaleur, leur sélection et leur répartition doivent être soigneusement planifiées.

Références de l'actualité :

J. Correa, P. Dorta, A. López-Díez, & J. Díaz-Pacheco (2024) : Analyse des nuits tropicales en Espagne (1970-2023) : les températures minimales comme indicateur du changement climatique. Revue internationale de climatologie

Daniel Jato-Espino, Sophie Lierow, María-Ángeles Rodríguez-Sánchez : Utilisation d'algorithmes de classification pour modéliser l'îlot de chaleur urbain de surface (SUHI) nocturne, en mettant l'accent sur le rôle des arbres urbains, du bâtiment et de l'environnement, volume 270