Déchets radioactifs dans les océans : un héritage toxique pour la planète et l'humanité !

L'abandon des déchets radioactifs dans les fonds marins représente un lourd fardeau pour la santé des océans et de la vie marine, créant un problème mondial qui nécessite une attention immédiate.

L'abandon des déchets radioactifs dans les océans constitue un réel danger pour la vie marine.
L'abandon des déchets radioactifs dans les océans constitue un réel danger pour la vie marine.

Les océans et les mers, qui ont longtemps été considérés comme une solution aux défis environnementaux, font face à une menace grandissante et silencieuse : les déchets radioactifs immergés. Cet article explore l'histoire de cette pratique, ses conséquences actuelles et les efforts en cours pour résoudre ce problème complexe.

Héritage de la seconde guerre mondiale

Depuis la seconde guerre mondiale, des tonnes de déchets radioactifs ont été abandonnées dans les océans, créant une menace invisible et persistante pour la vie marine et, potentiellement, pour l'humanité elle-même. En effet, à la sortie de la guerre, les États nucléarisés, cherchant des moyens d'éliminer les déchets radioactifs produits par la recherche, la médecine, l'énergie nucléaire et les activités militaires, ont opté pour une solution apparemment simple : l'immersion en mer.

Les premières immersions ont eu lieu en 1946, à 80 km des côtes californiennes, initiées par les États-Unis. Cette pratique, rapidement adoptée par d'autres nations, visait à utiliser la vaste étendue des océans pour diluer les déchets, sous l'argument du principe de la dilution.

Principe de la dilution, c'est quoi ?

Plus simplement, c'est une notion qui a longtemps été évoquée dans le passé pour justifier l'immersion de déchets dans les océans, en particulier, les déchets radioactifs. Selon ce principe, la vaste étendue océanique permettrait une dilution suffisante des substances polluantes ; les substances rejetées, telles que les déchets radioactifs, seraient dispersées et diluées au fil du temps. Par conséquent, leur concentration se trouverait réduite à des niveaux considérés comme sûrs pour l'environnement.

Cependant, des études ont montré que certaines substances, en particulier les contaminants persistants, peuvent rester dans l'environnement pendant de longues périodes, même après avoir été "diluées". De plus, la concentration initiale des déchets , combinée à la mobilité des substances radioactives, a conduit à des impacts environnementaux sérieux, contredisant l'idée que la dilution éliminerait complètement les risques.

Pratiques d'immersion persistantes

Dans les années 70, les campagnes de Greenpeace ont mis en lumière cette réalité, suscitant des contestations mondiales. Les images de déchets radioactifs dans les océans ont sensibilisé l'opinion publique, remettant en question la validité du principe de la dilution. Des témoignages de marins-pêcheurs rapportant le remontée de déchets radioactifs dans leurs filets ont renforcé les préoccupations environnementales.

Poissons contaminés par les déchets radioactifs.
Poissons contaminés par les déchets radioactifs.

Malgré ces contestations, la pratique de l'immersion de déchets radioactifs a persisté pendant des décennies. La France, par exemple, a participé à des campagnes d'immersion en Atlantique nord-est en coordination avec d'autres pays nucléarisés. En 1967, 11000 tonnes de déchets ont été immergées au large de la Galice, suivies de 9000 tonnes deux ans plus tard à 900 km des côtes bretonnes. La construction du centre de traitement de La Hague a mis fin à la pratique française dans l'Atlantique, mais d'autres États ont continué, avec la Russie suscitant des inquiétudes particulières.

Vers une interdiction graduelle

La communauté internationale a progressivement réagi à cette problématique. En 1958, la Convention sur la haute mer a établi que tout État était tenu de prendre des mesures pour éviter la pollution des mers due à l'immersion de déchets radioactifs. Cependant, ce n'est qu'en 1972 que la Convention de Londres a interdit l'immersion des déchets de haute activité, tout en limitant celle des autres déchets radioactifs de plus faible activité.

En 1983, une suspension provisoire et volontaire de toute immersion a été décidée, prolongée jusqu'en 1993. En 1996, le Protocole de Londres a remplacé la Convention de 1972, instaurant une interdiction générale de l'immersion, sauf pour les déchets énumérés dans une annexe, pour lesquels un permis d'immerger est nécessaire.

Conséquences environnementales et sanitaires

Les déchets radioactifs immergés présentent des risques importants pour l'environnement marin. Les fûts détériorés libèrent des radionucléides dans l'eau, mettant en danger la vie marine. La mobilité de ces substances radioactives dans la colonne d'eau reste une inquiétude majeure, avec des conséquences potentielles sur les écosystèmes marins, les animaux qui les habitent.

Un déchet radioactif est défini comme tout matériau qui contient ou est contaminé par des radionucléides à des concentrations ou niveaux d'activités supérieurs aux valeurs définies par les autorités compétentes de réglementation et pour lequel aucune utilisation n'est prévue. Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)

Malgré ces avancées réglementaires, les conséquences des immersions passées persistent. Près de 200000 fûts de 200 litres de déchets radioactifs dans l'Atlantique nord-est n'ont toujours pas été récupérés, certains étant dans un état de détérioration avancé.

Des missions scientifiques prévues en 2024

Le défi actuel réside dans la gestion des déchets déjà immergés. La détection de déchets déclarés dans l'immensité océane reste complexe, tout comme la désignation des responsables. L'impact potentiel sur les écosystèmes marins et la santé humaine suscite des inquiétudes, nécessitant une approche globale.

Des missions scientifiques sont prévues cette année, dans l'optique d'évaluer la dangerosité de ces dépôts et de cartographier les zones maritimes concernées. Les experts s'interrogent sur les impacts à long terme et soulignent l'urgence de trouver des solutions pour remédier à cette menace persistante.

Ces missions dans l'océan Atlantique seront cruciales pour déterminer les actions futures. Néanmoins, l'interdiction totale et définitive de l'immersion des déchets radioactifs en mer, la recherche de solutions pour les déchets déjà immergés et la sensibilisation mondiale sont essentielles pour garantir la santé à long terme de nos océans et de notre planète.

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