Gel et neige en France : pourquoi ne peut-on pas parler de "vague de froid" ?

"Froid exceptionnel", "froid record", "du jamais vu", la météo fait aussi le buzz ces derniers jours dans les médias. Et pourtant, tous ces superlatifs sont faux ! Le coup de froid que connaît actuellement la France ne remplit même pas les critères officiels d'une "vague de froid".

Froid neige Paris France
Quelques flocons dans la capitale et une pagaille sur les routes d'Île-de-France suffisent pour faire la une des médias, contribuant à rendre cet événement exceptionnel alors qu'il ne l'est pas.

Vous l'avez lu, entendu, vu partout dans les médias : la France a froid cette semaine. Mais tous les superlatifs utilisés sont-ils justes ? Non ! La météo est devenue un moyen supplémentaire de faire du buzz, du clic : le froid que vous avez vécu cette semaine est certes glacial et inédit depuis 6 ans, mais il n'a rien d'exceptionnel. D'ailleurs, les critères d'une "vague de froid" ne sont pas réunis.

Un froid pas assez vif pour parler de "vague"

De la neige en Normandie (jusqu'à 10cm), une pagaille sur les routes en Île-de-France avec localement 3 cm d'or blanc et du verglas, des températures ressenties parfois inférieures à -10 entre les Hauts-de-France et le Grand-Est, pas de dégel pendant deux jours dans la moitié Nord de la France... Oui, il a fait froid sur le pays ces derniers jours, un froid apporté par un flux de Nord-Est.

Peut-on pour autant parler de "vague de froid", comme l'ont fait la quasi-totalité des médias français ? La réponse est non, et d'ailleurs Météo-France l'avait indiqué dès le départ. Certes, les températures sont depuis lundi largement en-dessous des normales de saison (jusqu'à 5 degrés mardi), ce qui est le premier critère (l'indicateur thermique national ne doit pas dépasser les 2,2°C sur une journée).

Deuxième critère validé : l'indicateur thermique national (la moyenne des températures minimales et maximales sur 30 stations météo de référence) doit s'abaisser pendant 3 jours en-dessous de 0,9°C. C'était bien le cas mardi 9 janvier (0,15°C), mercredi 10 (0,68°C), et ce jeudi 11 janvier avec une valeur provisoire estimée à 0,32°C.

En revanche, le troisième critère, c'est-à-dire que l'indicateur thermique national passe au moins une journée en-dessous de -2°C, n'est pas validé, la journée la plus froide ayant même conservé une valeur positive (0,15°C le 9 janvier). Pour cela, il aurait fallu une journée sans dégel bien plus généralisée (même au Sud), ou des températures minimales bien plus basses au Nord. Cet épisode n'est donc pas une vague de froid !

La dernière "vague de froid" en février 2018

Alors pourquoi tant de médias ont-ils cédé à la tentation et parlé de "vague de froid" ? Tout simplement pour accroître leur audience, parler de "vague" étant plus accrocheur que parler d'"épisode de froid" ; et peut-être parce que nous avons tout de même vécu le coup de froid le plus intense depuis 6 ans, depuis la dernière véritable vague de froid qui remonte à fin février 2018.

Nos organismes sont donc depuis cette date peu habitués à un tel froid, même s'il n'est pas exceptionnel. D'ailleurs, nous n'avons toujours pas retrouvé d'indicateur thermique national négatif depuis cette vague de froid de février 2018. Quant à la dernière grande vague de froid, elle date de février 2012 : à l'époque, l'indicateur thermique national était resté 11 jours consécutifs sous les -2°C !

Chez Météo-France, on évoque pour cette semaine de janvier 2024 un épisode de froid "remarquable dans un contexte de climat réchauffé". Pas de vague de froid donc, elles sont d'ailleurs de plus en plus rares avec le réchauffement climatique. Ce qui est exceptionnel, c'est la douceur répétée que nous vivons, pas ces quelques jours de froid où d'ailleurs aucun record de froid n'a été battu. En 2023, ce sont à l'inverse plus de 2.500 anciens records de chaleur qui ont été effacés...

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