Les forêts tropicales pourraient-elles devenir polluantes ?
Une récente étude a mis en avant le fait que les forêts tropicales australiennes rejettent plus de CO2 qu'elles n'en absorbent, une tendance qui pourrait devenir très inquiétante si elle se généralise.

Une étude récemment parue dans la revue Nature révèle que les forêts tropicales d'Australie sont les premières au monde à ne plus pouvoir assurer leur rôle de puits de carbone. Un phénomène qui pourrait devenir très problématique.
L'importance des puits de carbone
On appelle « puits de carbone » des réservoirs, naturels ou artificiels, qui captent et stockent le CO2 de l'atmosphère. On en trouve 4 principaux types : les océans, la flore (forêts, tourbières, prairies, phytoplancton, etc,...), la faune et les sols (humus). En absorbant et en séquestrant une partie du CO2 atmosphérique, ces puits de carbone influent sur le climat planétaire, mais aussi sur les écosystèmes et la présence des espèces dans certains milieux.
Ceux-ci ont donc une importance primordiale dans la dynamique actuelle de réchauffement climatique. Or, les équilibres sont actuellement menacés par la production massive de carbone anthropique et sa diffusion dans l'atmosphère. Les puits de carbone n'absorbent en effet plus suffisamment de CO2, d'autant que certains d'entre eux sont menacés.
Si certaines études prévoyaient qu'une augmentation du dioxyde de carbone dans l'atmosphère pouvait stimuler la croissance des forêts en fournissant aux arbres davantage de carburant essentiel à la photosynthèse, de nouvelles recherches montrent que les températures extrêmes liées au réchauffement climatique ont davantage eu l'effet inverse. En Australie par exemple, les forêts tropicales rejettent aujourd'hui plus de carbone qu'elles n'en absorbent.
Des forêts polluantes ?
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les registres retraçant la croissance des forêts tropicale australiennes du Queensland sur les 50 dernières années. Ceux-ci ont pu remarquer que, vers l'an 2000, la décomposition des arbres morts a entraîné des émissions de dioxyde de carbone supérieures à celles absorbes et stockées par les troncs et branches en croissance.
Jattendais le jour où une première grande étude basculerait la ligne rouge : et cest aujourdhui. Elle démontre que le changement climatique commence désormais à faire dépérir nos forêts plus vite quelles ne se régénèrent. En Australie, leur bilan carbone devient négatif : pic.twitter.com/e70WIwBvM8
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) October 18, 2025
Selon les simulations numériques, la cause principale de ce dépérissement était les températures extrêmes liées au réchauffement climatique. Les résultats obtenus concordent d'ailleurs avec des recherches effectuées en Amazonie qui avaient elles aussi montré que la mort progressive des arbres affaiblissait la capacité de stockage du CO2. En effet, si on estime que l'Amazonie stocke chaque année environ 1,2 milliards de tonnes de CO2, on estime aussi qu'elle en rejette 1,1 milliards de tonnes.
Selon les chercheurs, les résultats ne sont donc pas si surprenants concernant les forêts tropicales australiennes. Néanmoins, ce retournement de situation est arrivé plus tôt qu'initialement envisagé, ce qui est loin d'être rassurant.
En effet, il est fortement probable que d'autres forêts tropicales connaissent à l'avenir le même changement, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour notre planète et ce qui pourrait engendrer un véritable emballement du processus de réchauffement planétaire.
Cette étude montre ainsi que les effets du changement climatique sur le carbone forestier sont plus graves que ce qui avait pu être rapporté précédemment. Il s'agit également de la première étude à montrer que ce phénomène se produit dans les forêts naturelles non perturbées et qu'il persiste pendant de nombreuses années, ce qui est on ne peut plus préoccupant.
Référence de l'article :
Climat: les forêts tropicales d'Australie deviennent les premières forêts polluantes du monde, Geo et AFP, 16/10/2025