Comment voyagerons-nous dans 50 ans ? La réponse va peut-être vous surprendre !
Pour son cinquantième anniversaire, Nomade Aventure se projette dans le voyage du futur. En donnant la parole à des experts, des aventuriers, des écrivains mais aussi ses lecteurs, le voyagiste « hors des sentiers battus » invite à imaginer le voyage en 2075 à travers plusieurs thématiques.

Selon Michel Messager, consultant dans le tourisme spatial, « les années 2075 pourraient être synonymes de « vacances spatiales » et de vies plus longues et plus saines ». « En tant que passionné et accessoirement spécialiste depuis plus de vingt ans du tourisme spatial, en nous basant sur des constats, des réflexions de scientifiques et des observations d’experts, voici ce que pourrait devenir le tourisme spatial en 2075 : une industrie florissante, générant des milliards de dollars et créant des millions d'emplois, des opérateurs touristiques aux techniciens d'ingénierie, en passant par les professionnels de santé. »
Le voyage hors des sentiers battus
Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme, 95% des touristes mondiaux visiteraient moins de 5% des terres émergées. Tandis que l'écrivain Jean-Marc Ligny évoque un avenir où des peuples indigènes refuseront tout contact avec les autres humains pour se protéger, Laurent Genefort imagine un grand mouvement de déréfencement sur le net pour éradiquer le surtourisme. « Le Grand Déréférencement avait déclenché une guerre de l’information autour des zones blanches : pour certaines agences, celles-ci représentaient des destinations prisées, pour lesquelles des clients étaient prêts à payer très cher, une fois le quota de touristes atteint. D’autres avaient décidé de contre-attaquer, et tentaient de réintroduire les données supprimées par les bots. Des agences envoyaient des agents récolter des informations sur place sans autorisation des municipalités afin de vérifier la véracité de ce qu’ils proposaient à leurs futurs clients. »
Le tourisme animalier
« La vision d'un équilibre parfait entre le respect de la faune et sa découverte est celle qu'on peut attendre de l'évolution du tourisme animalier dans les 50 prochaines années, estime Valérie Valton, éthologue. Actuellement coexistent le modèle à réinventer du tourisme animalier traditionnel et un début de tourisme éthique. Dans un avenir idéal, le tourisme animalier ne serait plus qu'un vecteur de relation respectueuse et de compréhension entre l’humain et la faune. Les revenus générés par ce tourisme seraient directement réinvestis dans des projets de conservation ou de perfectionnement de la cohabitation harmonieuse entre l’humain, l’animal et la nature. »
Quant à Fabrice Del Taglia, le Directeur général de Nomade Aventure, il pense qu’à l’horizon 2075, "le désir d’aller admirer la faune sauvage in situ sera encore plus fort qu’aujourd’hui, précisément parce que nous vivrons dans un monde moderne encore plus artificialisé, parfois virtualisé, et que le grand frisson de croiser un lion, une harde d’éléphants, ou une famille de gorilles, deviendra encore plus fort et précieux. »
Voyager dans les contrées lointaines
« La grande question qui sous-tend cette interrogation est évidemment la soutenabilité du voyage, particulièrement long-courrier, en terme environnemental, et essentiellement climatique », estime Fabrice Del Taglia.
Selon lui, il faut diminuer l’impact négatif représenté par les émissions de gaz à effet de serre en les absorbant. C'est ce que fait Nomade Aventure depuis 2018 en finançant des programmes de plantation de mangroves qui agissent comme des « puits de carbone » permettant la captation de CO₂ dans des quantités qui équivalent, chaque année, à celle des émissions de gaz à effet de serre de l'ensemble de leurs voyages.
La carte des destinations
Pour Thibaud Labey, auteur et co-fondateur de Chilowé, en 2075, « le voyage est redevenu ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : une expérience rare, longue et profondément transformatrice ».
Il imagine un monde éclaté où chaque frontière est redevenue un mur. « Et pourtant, contre toute attente, certains ponts invisibles se sont recréés. Dans le silence laissé par les avions cloués au sol, dans l’espace vacant des duty-free désertés, une autre manière de voyager est née : plus engagée, plus lente et plus audacieuse. »
Pour Bruno Maltor, créateur de contenu dans le secteur du voyage, « de nouvelles contrées vont émerger, pas toujours là où on les attend ». « On entend déjà parler du Tadjikistan, du Bhoutan et de ses quotas vertueux, de l’intérieur du Laos encore loin des circuits, de certaines régions du Caucase qui sortent de l’ombre, remarque-t-il. Demain, ce sera peut-être le Sud de l’Angola, les plateaux du Bénin, les forêts du Gabon, ou les marais oubliés de la Pologne. »

Les deux dernières thématiques explorées sont le voyage sous-marin et le voyage immobile. Pour Jérémy Morizet, océanographe, même en 2075, « le tourisme sous-marin restera le privilège de quelques touristes fortunés ». A l'inverse, l'écrivain Laurent Genefort considère que le voyage immobile pourrait être une solution pour lutter contre les dégâts causés par le tourisme. « Désormais, on pourrait louer un guide local connecté pour effectuer une visite par procuration, avec un maximum de réalisme, sans hypothéquer l’avenir de la planète », écrit-il dans son récit fictif.