VIH : pourquoi de plus en plus de jeunes en France sont-ils testés positifs au virus du sida ?
Les jeunes de 15 à 25 ans restent particulièrement touchés par l'épidémie du VIH et par plusieurs IST, selon une enquête de Santé publique France publiée ce 25 novembre menée entre 2014 et 2023. Les chiffres ont même augmentés sur ces 10 dernières années. Comment expliquer ce phénomène alarmant ?

« La séropositivité VIH chez les jeunes de 15 à 25 ans a augmenté de 41 % » entre 2014 et 2023, selon une récente étude de Santé publique France. Ce chiffre alarmant contraste avec celui qui concerne les adultes (26-49 ans) où les contaminations ont baissé de 15%. Trois IST bactériennes (chlamydiose, gonococcie et syphilis) sont aussi en augmentation chez les 15-25 ans.
D'après l'enquête, « cette augmentation concerne surtout les Département et région d’outre-mer et la métropole hors Île-de-France [...] en particulier chez des jeunes nés en Afrique subsaharienne récemment arrivés en France puisque leur proportion a augmenté parmi les jeunes ayant découvert leur séropositivité ». Les victimes de la précarité sont ici aussi en première ligne.
Mesures de prévention et de dépistage à renforcer
« Malgré les progrès du dépistage observés chez les jeunes ces dernières années, avec une tendance à l’augmentation du recours aux tests, cette population reste particulièrement exposée à ces IST » affirme l’autorité sanitaire. Ces résultats montrent « l’importance de stratégies de prévention et de dépistage ciblées, comme l’accessibilité aux préservatifs gratuits et la mise en place du dépistage sans ordonnance pour réduire la transmission des IST dans cette population. »
5.100 personnes ont découvert leur séropositivité au VIH en France en 2024https://t.co/Z6fsTF1o33 pic.twitter.com/oN2kdISqmB
— BFM (@BFMTV) November 25, 2025
Le VIH n’est pas le seul virus ou infection sexuellement transmissible dont les dépistages sont en augmentations parmi les jeunes en général. « Les taux de diagnostic de chlamydiose ont augmenté chez les hommes de 15-25 ans et celui des gonococcies chez les hommes et femmes de 15-25 ans », ajoutent les auteurs de l’étude. D'où l'urgence « d'une poursuite des efforts pour mieux prendre en compte les besoins des populations et des territoires les plus exposés. »
La réduction des aides internationales dénoncées par l'ONU
L’Onusida a déploré des « coupes budgétaires internationales brutales de nombreux donateurs » dont la France, qui auront des « conséquences dévastatrices » dans certains pays. Pour Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’institution, « la riposte mondiale au VIH a subi son revers le plus important depuis des décennies. »
Selon l'ONU, ce manquement pourrait provoquer, à l'échelle mondiale, l’enregistrement de « 3,3 millions de nouvelles infections » d’ici 2030. Une réalité que déplore Fabrice Pilorgé, directeur du plaidoyer de l'association Aides sur France Info. Pour lui, « c'est tout le système qui est en train de s'effondrer dans une perspective qui était pour tout le monde : la fin du VIH d'ici 2030. » Et d'ajouter : « la fin du VIH d'ici 2030, on peut lui dire adieu dans ce contexte. »
Références de l'article :
Santé publique France, Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), épistage et diagnostic du VIH et de trois infections sexuellement transmissibles bactériennes chez les jeunes en France, 2014-2023
L'Humanité, VIH : plus 41 % de jeunes testés positifs en 10 ans