Tendance : que dit le vortex polaire sur les futures vagues de froid ?

Les modèles numériques à moyen et long terme indiquent une réserve d'air froid très robuste aux pôles, qui maintiendrait ce froid séquestré aux très hautes latitudes. Explications.

Anomalies de température à 500 hPa début février
Les couleurs oranges indiquent des masses d'air plutôt chaudes ou tempérées, tandis que l'air froid est toujours piégé au pôle Nord.

L'année a commencé avec des températures anormalement élevées dans notre pays en raison d'une masse d'air très chaud, qui a touché une grande partie du continent européen. L'une des principales causes qui favorise l'entrée de masses d'air chaud ou tiède est l'accumulation d'air froid dans les très hautes latitudes, qui a établi des records jusqu'à -50 °C au Canada juste avant la fin de 2021.

Cette réserve d'air froid semble être très forte et contenue dans le nord du Canada, le Groenland, le nord de l'Islande et la partie nord de la Russie, entourant le pôle nord, avec des températures comprises entre -30°C et -50°C. Ce n'est ni plus ni moins que le vortex polaire : un courant de vents forts autour des pôles, à haute altitude, qui retient et entoure l'air froid à l'intérieur.

Le vortex polaire reste fort, détournant d'éventuelles vagues d'air froid qui pourraient atteindre la France et les latitudes moyennes en général.

Lorsqu'il y a un réchauffement stratosphérique soudain, connu en anglais sous le nom de Sudden Stratospheric Warming (SSW), cette réserve d'air froid se relâche et commence à onduler, de telle sorte que des décharges d'air froid se produisent vers les latitudes inférieures. Cependant, lorsque cette circonstance ne se produit pas, le vortex polaire reste fort, renforcé et contenu, détournant toutes les possibles vagues d'air froid pouvant atteindre la France et les latitudes moyennes en général.

Récemment, nous avons rapporté la corrélation entre La Niña dans le Pacifique et les effets atmosphériques possibles dans notre pays. Il s'agit d'une relation faible, avec un signal plus évident et variable à la fin de l'hiver. L'hiver, le phénomène La Niña est associé à une oscillation nord-atlantique positive (NAO +) et à un fort vortex polaire, provoquant une intensification du courant-jet et un déplacement vers les hautes latitudes. C'est exactement ce qui se passe.

Hiver doux avec des surprises à la fin ?

La plupart des projections et prévisions climatiques à moyen et long terme suggèrent que le vortex polaire restera fort et renforcé pendant une grande partie de janvier et février au moins. Cela implique un confinement très évident de l'air froid aux hautes latitudes et une faible possibilité que cette réserve d'air froid soit mise au rebut et déchargée vers nos latitudes. Cela n'exclut pas, loin de là, le passage occasionnel de langues d'air froid, comme celle qui va nous concerner cette semaine en France avec des températures à nouveau nettement plus froides et hivernales.

De manière générale, il y aura un motif de blocage très fort du vortex polaire en raison de la présence de pressions anormales élevées dans différentes régions polaires. De plus, la plupart des scénarios projetés marquent une absence de réchauffement stratosphérique soudain au cours des deux prochains mois.

Selon les projections, les vagues de froid ne devraient pas toucher nos latitudes en janvier et février. Toutefois, il est vrai qu'en mars et avril, certains modèles marquent la possibilité de ce réchauffement stratosphérique soudain (SSW). L'existence de ce phénomène implique une décélération significative de ces vents forts qui entourent et retiennent l'air froid des pôles avec pour conséquence l'évacuation et l'abaissement de cet air froid vers les latitudes moyennes.

Si cela se produisait à la fin de l'hiver, ce "signal plus évident et variable" que nous a confirmé l'AEMET entre l'existence de La Niña dans le Pacifique et un courant-jet plus instable et onduleux pourrait nous réserver quelques surprises. Affaire à suivre...

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