Systèmes d'alertes précoces pour tous : c'est le moment ou jamais !

A cause du changement climatique, les phénomènes extrêmes s'intensifient et se multiplient partout dans le monde. La capacité à anticiper les menaces et à réagir rapidement est fondamental afin de protéger les personnes et les biens. Il est plus qu'urgent de mettre sur pied des systèmes d'alertes précoces pour tous, notamment dans les pays les plus vulnérables.

Mettre en œuvre des systèmes d'alertes précoces (SAP) pour s'adapter aux changements climatiques
Mettre en œuvre des systèmes d'alertes précoces (SAP) pour s'adapter aux changements climatiques et aux phénomènes extrêmes.

Partout dans le monde, les changements climatiques se perçoivent très nettement dans l'intensification et la multiplication d'évènements extrêmes : vagues de chaleurs, sécheresses, méga-feux, ouragans, crues, inondations meurtrières.

Une catastrophe liée à la météo et au climat/jour !

En cinquante ans (1970-2019), d'après les statistiques, une catastrophe liée à la météo et au climat se produit presque chaque jour, engendrant des impacts humains, socio-économiques et environnementaux considérables.

Selon le rapport de l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM), en moyenne, 115 personnes en sont morts, et les pertes sont évaluées à 202 millions de dollars US quotidiennement. En seulement cinquante ans, le nombre de catastrophes a quintuplé.

Injustice climatique

Les rapports du GIEC sont clairs : les conséquences du changement climatique dues à l'activité humaine vont s'aggraver. Malheureusement, un tiers de la population mondiale, notamment dans les pays les moins avancés et les petites Etats insulaires sont les plus exposés et vulnérables
alors qu'ils ont le moins contribué à la crise climatique.

Les habitants d'Afrique, d'Asie du Sud, d'Amérique du Sud et d'Amérique, des petits Etats insulaires sont 15 fois plus susceptibles de mourir de catastrophes climatiques.

Ces pays paient le prix fort étant donné qu'ils sont dépourvus de moyen d'alerte préalable pour faire face à ces catastrophes climatique en cascade. Il est par conséquent indispensable d'investir à parts égales dans l'adaptation et dans la résilience.

Systèmes d'alertes précoces, pourquoi ?

Les SAP sont une composante essentielle de la sécurité publique et de la gestion des risques. Ces systèmes sont conçus pour surveiller en temps réel les menaces potentielles et les situations d'urgence.

Ils sont notamment basés sur la technologie et la surveillance constante, et ont pour objectif de détecter, d'informer et de prévenir rapidement les individus et les communautés que des évènements météorologiques ou climatiques ou autres (géologiques, …) dangereux sont à venir. Ils donnent des indications sur comment les gouvernements, les communautés, chaque individu peuvent agir afin de minimiser les impacts.

Les SAP permettent d'informer à temps les gouvernements, le public pour limiter les dommages et les pertes.
Les SAP permettent d'informer à temps les gouvernements, le public pour limiter les dommages et les pertes.

Les SAP jouent un rôle crucial dans la gestion des risques et des catastrophes. En effet, grâce aux SAP, l'évacuation à temps des personnes en danger devient possible ; ils permettent donc de sauver des vies et de réduire considérablement le nombre de victimes. Les informations précoces issues des SAP permettent aux gouvernements, aux entreprises de minimiser les dommages.

Aussi, grâce aux SAP, la prévention des catastrophes contribuent à la préservation de l'économie et à la stabilité des communautés locales et nationales. Les alertes précoces aident dans la gestion des paniques car les gens sont dotés d'informations claires et fiables sur la situation.

Comment ça marche ?

Les SAP fonctionnent grâce à un réseau de capteurs, de stations de surveillance, de bases de données et de systèmes de communication.

D'abord, les capteurs surveillent en permanence les conditions environnementales, telles que la météo, la qualité de l'air, … puis, les données collectées sont analysées par des modèles ou des systèmes informatiques complexes, tout en considérant l'expertise des professionnels, afin de déterminer la présence d'une menace potentielle.

Si une menace est identifiée, le SAP va émettre des alertes via des canaux de communication. Enfin, les autorités locales, les organismes de secours, la population réagissent en fonction des recommandations fournies dans les alertes (évacuation, confinement, autres actions nécessaires).

Les challenges ?

Pour le moment, plusieurs SAP ne couvrent qu'un seul type de catastrophe comme les cyclones. Toutefois, l'ONU insiste sur l'urgence d'investir dans des systèmes multirisques centrés sur les personnes afin d'agir suffisamment à temps et de manière appropriée face à différents aléas.

L'investissement dans la mise en place d'infrastructures de surveillance et de communication, ainsi que la coordination entre les agences gouvernementales et la sensibilisation du public constituent des défis énormes qu'on doit faire face.

Aussi, prévoir le fait que les évènements extrêmes s'intensifient remarquablement en raison du changement climatique constitue un autre challenge dans la mise en place de SAP. Otis, cet ouragan qui a atterri à Acapulco, Mexico, et qui a gagné en puissance sur une période record (Otis a gagné 152 km/h en environ 12 heures) est un parfait exemple.

Plan d'action 2022-2027

L'OMM est l'organe des Nations-Unies faisant autorité aux questions relatives à l'eau, au temps et au climat. Elle est chargée par le chef de l'ONU de piloter le projet "alertes précoces pour tous" (EW4ALL) qui vise à atteindre un objectif ambitieux d'adaptation face aux changements climatiques et aux phénomènes extrêmes: en 2027, chaque terrien devra être protégé contre ces phénomènes.

Les alertes précoces sauvent des vies et procurent d'énormes avantages économiques. Il suffit de signaler l'arrivée d'un phénomène dangereux 24 heures à l'avance pour réduire de 30% les dommages qui s'ensuivent. SG de l'OMM, Petteri Taalas.

3,1 milliards de dollar US entre 2022 et 2027: c'est l'investissement requis pour l'exécution du plan d'action de l'initiative EW4ALL. Cette somme est totalement dérisoire au regard des avantages : elle représente environ 6% des 50 milliards demandés pour financer l'adaptation. Ce montant initial permettra de financer la connaissance de catastrophe, les observations et la prévision, la préparation et l'intervention, ainsi que la diffusion des alertes précoces.

La mise en œuvre de ce plan ne doit pas attendre vue la multiplication des catastrophes et des conditions météorologiques extrêmes ; et cette tendance va se poursuivre. Chaque fraction de degré de plus compte.

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