Sécheresse : une situation catastrophique en Méditerranée ?

Si la situation s’est améliorée sur le font de la sécheresse de l’Atlantique aux régions de l’est après un mois de mars pluvieux, elle demeure critique dans le sud-est. Plusieurs départements sont d’ores et déjà en alerte.

Le Lac du Broc, dans le Var, est resté quasiment à sec tout au long de l'automne et de l'hiver derniers.
Le Lac du Broc, dans le Var, est resté quasiment à sec tout au long de l'automne et de l'hiver derniers.

Chaque année à la sortie de l’hiver, le spectre d’un été chaud et sec ne met pas longtemps à apparaître. 2023 ne semble pas déroger à cette règle avec des signes d’inquiétude précoces en raison d’un hiver sec dans de nombreuses régions. Grâce à un mois de mars plus humide que la normale, certaines d’entre elles soufflent un peu avec une amélioration sensible pour l’humidité des sols en surface et dans une moindre mesure au niveau des nappes phréatiques. À l’inverse, la situation continue de se dégrader dans le sud-est où l’inquiétude est vive à l’approche de la saison chaude.

L’humidité des sols (déjà) équivalente à une mi-juillet !

Après un hiver largement plus sec que la normale, le déficit de pluie atteignant -70 % à l’échelle nationale en février, la situation s’est stabilisée et même améliorée en mars, grâce aux perturbations atlantiques et aux fréquentes giboulées. Ce constat est valable sur les 4/5ème du territoire, le sud-est ayant été tenu à l’écart des précipitations de mars. Ainsi, ce premier mois du printemps météorologique a été particulièrement sec sur l’est de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et sur le nord-ouest de la Corse. Aucune goutte de pluie n’est par exemple tombée à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var), seulement 0,2 mm à la station météo de L’Île-Rousse (Haute-Corse) ou encore à peine 1,4 mm à l’aéroport de Nice.

Ce mois de mars clôt par la même occasion la saison hydrologique de recharge, qui s’étend de septembre à mars. Au cours de cette période, le déficit est quasi-généralisé sur le pourtour méditerranéen. Il atteint notamment 60 % sur dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Cette saison de recharge déficitaire fait suite à deux années hydrologiques précédentes (2020-2021 et 2021-2022) également déficitaires. Conséquence directe, l’indice d’humidité des sols est largement inférieur à la normale dans 11 des 13 départements du sud-est, la Lozère et les Hautes-Alpes faisant exception.

Dans les Pyrénées-Orientales, l’humidité actuelle des sols est à un niveau record bas et correspond à la normale d’une mi-juillet. Même constat dans l’Aude avec un niveau d’humidité des sols équivalente à celle d’une mi-juin. Dans les Alpes-Maritimes également, les sols sont exceptionnellement secs, au niveau du record de 2012. Cet indice reste durablement inférieur à la normale depuis la fin du printemps 2021, soit bientôt deux ans, entre le Var et la Côte d’Azur.

Des prévisions de plus en plus inquiétantes

Après un hiver et un début de printemps plus secs que la normale, se dirige-t-on vers un été inévitablement à risques en Méditerranée ? La réponse est oui au regard des dernières tendances saisonnières avec des prochains mois marqués par la récurrence de zones de hautes pressions synonymes de temps souvent sec et ensoleillé. D’abord, la suite de ce mois d’avril s’annonce calme avec un anticyclone s’étirant des Açores à l’Europe centrale, avec à la clé peu ou pas de précipitations dans le sud-est. Le mois de mai pourrait être à l’inverse plus orageux, mais surtout entre le sud-ouest et le nord-est, épargnant encore une fois les départements proches de la Grande Bleue.

Hormis les quelques averses entre la Côte d'Azur et la Corse cette semaine, le temps s'annonce sec d'ici la mi-avril.
Hormis les quelques averses entre la Côte d'Azur et la Corse cette semaine, le temps s'annonce sec d'ici la mi-avril.

Enfin, même s’il est encore tôt pour l’affirmer, le début de l’été pourrait être plus instable avec de possibles gouttes froides en Méditerranée synonymes de précipitations orageuses. Tout devrait donc se jouer au cours du mois de juin. Il s’annonce déterminant pour la situation hydrologique de l’été dans le sud-est et plus largement pour une grande partie du pays, uniquement pour les sols en surface car pour les nappes phréatiques, il est maintenant trop tard pour rattraper le déficit de l’hiver.

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